Vers l’âge de 3 ans, et parfois bien avant, les enfants commencent à faire beaucoup de caprices et ont tendance à devenir de plus en plus autoritaires ce qui peut être fort agaçant pour des parents déjà surmenés.
Ils ont, en effet, soif d’autonomie et prennent goût à la revendication. Ils passent rapidement de gentils bébés calmes qu’on habille comme on veut et à qui on fait manger ce qu’on veut à de petits enfants capricieux qui ne veulent plus se laisser faire au plus grand désarroi des parents qui ne comprennent pas le changement brusque de leur bambin.
À cet âge, les enfants utilisent avec volupté «je» et «vouloir» pour affirmer qu’ils ont bien organisé leur représentation du monde autour de leur personne. Ils entrent dans une phase d’opposition où leurs colères sont nombreuses. Ils ne supportent pas, notamment, qu’on les oblige à quitter leurs occupations pour leur demander de partir ou d’aller se coucher : «C’est l’heure» n’a pour eux aucun intérêt et encore moins de signification. Toutefois, le degré de l’autorité de chaque enfant dépend de l’éducation que ses parents lui ont donnée, mais aussi de son caractère. Certains enfants, quel que soit leur âge, seront plus souples que d’autres. Ce sont les mystères de la génétique auxquels s’ajoutent les modèles parentaux. Il faut savoir que les enfants traversent souvent des périodes d’opposition pour tester la résistance de leurs parents, c'est assez fréquent. Pour eux, s’opposer c’est montrer qu’on existe, que l’on a des désirs différents de ceux de ses parents. Même s’il est bon et normal qu’il s’oppose pour se construire, cette déclaration d’indépendance doit absolument être cadrée afin qu’il ne se transforme pas en «petit tyran».
Alors, comment réagir face à ces crises ? D’abord, il faut garder votre calme et ignorer son «cinéma». Il faut aussi laisser la colère passer d’elle-même, parce que sur le moment, inutile d’essayer de communiquer ou de crier encore plus fort. Mais, il ne faut pas céder. Tous les spécialistes sont d’accord : si le parent cède aux caprices de son enfant, il ne fera que l’installer un peu plus, chaque fois, dans son erreur et son angoisse.
Le résultat final sera un cercle vicieux engendrant, sans cesse, de nouveaux caprices. La seule façon d'éviter qu'un enfant ne devienne autoritaire est donc de ne jamais commencer à céder à un caprice, mais ce comportement doit être suivi par les deux parents en même temps ; si l'un des parents cède, le résultat est nul. En effet, il est très important que lorsque le bébé pique une colère, les parents soient toujours à l’unisson pour ne pas lui laisser l’occasion de manipuler l’un contre l’autre. La bonne réponse à la crise de colère et de caprices d’un enfant est d'avoir de la suite dans les idées.
D’abord, il faut essayer de comprendre la réaction de son enfant et être prêt à affronter n’importe quelle situation. Ne pas laisser son enfant lui donner des ordres est le meilleur moyen de démontrer son autorité. Ensuite, les spécialistes conseillent aux parents d’expliquer les raisons qui les poussent à refuser tel ou tel «ordre», en rappelant à l'enfant qu’il est assez grand pour comprendre et qu’il n’est plus un bébé. L’enfant a besoin de réponses claires et précises. Enfin, il est conseillé également, pour calmer l’enfant, de parler d’un sujet différent et de faire diversion. L’idée est que les parents soient fermes dans la prise de leur position, tout en restant calmes. Les cris et la violence n’aident pas vraiment l’enfant à se remettre en question. Une fois la crise passée, il faut lui laisser la possibilité de réparer sa bêtise. Enfin, après quelques mots d’explication, le bébé a absolument besoin d’entendre que sa colère n’a en rien endommagé l’amour que ses parents lui portent.
Explications : Par Bouchaïb Karoumi, pédopsychiatre
«La fixation des limites commence très tôt»
Pourquoi certains enfants ont-ils tendance à être autoritaires et font beaucoup de caprices ?
Ça peut être une question de tempérament ou un trait de caractère, c'est-à-dire que l’enfant dès sa naissance a une personnalité difficile, qui est très sensible et susceptible. Du coup, il a tendance à avoir des réactions exacerbées et amplifiées par rapport aux autres enfants. La manière d’élever son enfant peut également jouer un rôle dans le développement de son autorité. En effet, certaines familles et certains parents veulent à tout prix satisfaire les besoins de leur enfant. Et à force de toujours vouloir combler tous ses besoins, on oublie que l’enfant doit commencer à apprendre les règles de vie sociale et familiale très tôt. Malheureusement, on remarque que certaines familles élèvent l’enfant selon le principe qu’il est le plus puissant, qu’il est petit et ne comprend rien et que ça s’arrangera quand il sera grand… L’enfant, pour sa part, prend ça comme une autorisation pour faire tout ce qu’il veut.
Laisser son enfant décider de tout par amour pour lui, est-ce une bonne chose ?
Il est certain que l’amour et l’éducation sont deux choses qui sont liées, mais avoir de l’amour pour son enfant ne veut pas dire qu’on doit mettre de côté les règles de son éducation. Ce sont ces règles qui vont permettre à l’enfant d’être responsable, raisonnable et de savoir les contraintes de la vie familiale et sociale. Ce principe de socialisation est un élément important qui doit se baser sur plusieurs règles comme le fait de comprendre qu’on ne peut pas satisfaire tous ses besoins et que ce sont les parents qui doivent décider de ce qu’il peut faire ou qu’il ne peut pas faire.
Comment faut-il agir lorsqu'un enfant nous pique une crise de larmes en public ?
Un enfant qui fait une réaction capricieuse en public le fait exprès. C’est ce qu’il recherche. Il veut, par cette réaction, forcer ses parents à faire ce qu’il demande.
Dans ce cas, les parents doivent savoir que c’est une manière qu’utilise l’enfant pour vérifier la fermeté des parents. C’est pourquoi il ne faut pas se laisser faire et céder à ses désirs. Il faut lui expliquer que ça ne se fait pas et que ce n’est pas en faisant des caprices qu’il va obliger les parents à faire ce qu’il veut. Il doit absolument apprendre à accepter qu’on lui refuse des choses.
Comment peut-on fixer des limites à son enfant ?
On doit commencer à fixer des limites à son enfant dès le début, dès la naissance, parce que chaque âge a sa particularité. Dès les premiers mois, le bébé peut réclamer son biberon en criant, et même à cet âge-là il faut lui faire comprendre qu’il faut le demander calmement et que quand ce sera prêt il l’aura. La fixation des limites commence donc très tôt. Par ailleurs, il faut éviter les divergences entre les parents. Quand l'enfant réalise qu’il y a un parent qui impose des limites et que l’autre les annule, il va certainement en profiter et c’est une très mauvaise chose. Les parents doivent tout le temps être d’accord devant leur enfant et avoir les mêmes règles. Quand ils ne sont pas d’accord, ils peuvent en discuter quand ils sont seuls, mais jamais devant l’enfant.
Quand est-ce qu'une punition s'impose ?
L’enfant par sa nature a tendance à transgresser les règles parce qu’il a envie d’apprendre, il a aussi envie de savoir la réaction des parents. Il est normal donc d’avoir un enfant qui ne respecte pas les règles. Et c’est là où la punition joue son rôle. Bien sûr, il ne faut pas avoir recours à la punition directement. Avant d’arriver à celle-ci, la première étape est de dialoguer, de communiquer avec l’enfant et essayer de le responsabiliser. Plus les parents donnent des explications logiques à leur enfant, moins il aura tendance à transgresser les règles.
Quant à la façon de punir son enfant, cela varie selon les bêtises et selon le comportement de l’enfant lui-même. Il faut donc établir une gradation dans les punitions, des plus légères jusqu’aux plus sévères.
On peut par exemple commencer par la privation des choses favorites de l’enfant ou bien renvoyer l’enfant dans sa chambre pendant quelques minutes. L’essentiel est d’agir de façon symbolique pour que l’enfant comprenne la gravité de son comportement.
témoignage : Par Karima 30 ans Maman d'Adam, 4 ans
«Il est souvent autoritaire, capricieux et irritable»
Le comportement de mon fils, qui va avoir 4 ans bientôt, commence à m'inquiéter. Il est souvent autoritaire, capricieux et irritable. Même si je lui explique maintes fois, qu'on n’exige pas quelque chose et qu'on doit demander gentiment en disant «s'il te plait», il n'en fait qu’à sa tête et je commence à perdre patience. De plus, il lui arrive aussi de me faire des mégas caprices à l'extérieur avec des «je t'ai dit que je voulais...» et des «je ne veux plus de toi...», en s’enroulant par terre, la honte ! Ma mère m’a dit que c’est normal à son âge, que c’est passager et qu’il fallait que je reste ferme face à ses caprices, mais ce n’est pas facile à gérer. Et j’avoue que je cède des fois, lorsque je suis fatiguée et je n’ai pas l’énergie nécessaire pour lui tenir tête. Je me demande quel est le comportement adéquat pour qu'il comprenne que ce n'est pas lui qui fait la loi.
