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Le monde entier condamne Pyongyang

La Communauté internationale, à l'exception de la Chine, a condamné le tir vendredi d'une fusée nord-coréenne, qualifié de «provocation» par Washington et Tokyo, en infraction des résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu qui devait se réunir en urgence.

Le monde entier condamne Pyongyang
«La Maison-Blanche a condamné une provocation qui menace la sécurité régionale, viole la loi internationale et contredit les engagements récents du pays». (Photo : AFP)

La Corée du Nord a lancé une fusée qui s'est désintégrée en vol et abîmée en mer peu après son décollage. Les Etats-Unis estiment qu'il s'agit en réalité d'un missile balistique intercontinental d'une portée de 6.000 à 9.000 kilomètres.

Pyongyang a confirmé l'échec de sa mission

Les réactions ont été unanimes à condamner ce tir qui enfreint les résolutions de l'Onu de 2006 et 2009 interdisant à la Corée du Nord «tout essai nucléaire ou tir recourant à la technologie des missiles balistiques», ont rappelé Washington, l'Union européenne (UE) et l'ancien allié russe du régime stalinien.

Réunis en urgence, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'Onu ont «déploré» le lancement d'une fusée par la Corée du Nord, a déclaré l'ambassadrice américaine à l'Onu, Susan Rice.

Dans une déclaration lue par Susan Rice, le Conseil souligne que ce lancement manqué intervient «en violation de résolutions du Conseil de sécurité» qui interdisent à Pyongyang toute activité balistique.
Le Conseil va «poursuivre ses consultations» en vue d'une «réponse appropriée», a ajouté la diplomate.

Les Etats-Unis ont confirmé qu'ils ne reprendraient pas leurs livraisons d'aide alimentaire à la Corée du Nord. «La tentative de lancement d'un missile a, clairement, démontré qu'on ne pouvait pas leur faire confiance pour tenir leurs engagements», a estimé Ben Rhodes, conseiller adjoint pour la sécurité nationale de Obama. Pour l'Otan, le tir de la fusée «mine les efforts» en vue de réduire la tension autour de la péninsule coréenne.

La Maison-Blanche a condamné «une provocation qui menace la sécurité régionale, viole la loi internationale et contredit (les) engagements récents» du pays. «La Corée du Nord ne fait que s'isoler davantage en se lançant dans des actes de provocation, et gaspille son argent en armes et en propagande pendant que les Nord-Coréens ont de plus en plus faim», a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney.

«Le Président Obama a dit clairement qu'il était prêt à des relations constructives avec la Corée du Nord. Toutefois, il a aussi insisté sur la nécessité pour la Corée du Nord de respecter ses engagements, de suivre ses obligations internationales et d'entretenir des relations pacifiques avec ses voisins», a poursuivi le porte-parole. Ce tir constitue une «violation» d'une résolution du Conseil de sécurité, a affirmé vendredi à Genève le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, dénonçant un acte «déplorable» qui menace la stabilité régionale.

«La Chine appelle au calme et à la retenue»

La Chine est restée muette vendredi pendant plus de six heures après le lancement de cette fusée par son allié, trahissant ainsi son embarras. Pékin a ensuite appelé au «calme» et à la «retenue», affirmant avoir «pris note des réactions des parties concernées», a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise Liu Weimin. «La Chine n'a pas été prévenue par la Corée du Nord du lancement de son satellite» vendredi, a-t-il assuré un peu plus tard.

Dans une réaction conjointe, la Chine, l'Inde et la Russie ont appelé à un «maximum de responsabilité et de retenue» tout en rejetant l'hypothèse de nouvelles sanctions, selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à l'issue d'une rencontre avec ses homologues chinois et indien. «Nous sommes convaincus qu'il faut réagir à ces défis (le programme nucléaire nord-coréen et le tir d'une fusée, ndlr) uniquement par des moyens politico-diplomatiques», a dit à Moscou devant la presse  Lavrov, en compagnie des ministres indien et chinois, S. M. Krishna et Yang Jiechi. «Mais la réaction du Conseil de sécurité doit être équilibrée, nous ne croyons pas en de nouvelles sanctions, elles ne donneraient rien du point de vue du règlement de la situation», a-t-il ajouté.

Dans un communiqué séparé, le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué «regretter» l'initiative nord-coréenne tandis que le ministre chinois des Affaires étrangères s'est dit «inquiet».

Avec fermeté, les ministres des Affaires étrangères du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) ont estimé que le lancement de la fusée nord-coréenne «sape la paix et la stabilité dans la région». «Nous sommes prêts à envisager, avec d'autres pays, des mesures qui répondent à tout agissement de la République populaire démocratique de Corée qui viole les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu et nous appelons le Conseil de sécurité des Nations unies à fournir une réponse appropriée», ont-ils dit.

Pour la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, le tir de la fusée «constitue une violation claire des obligations internationales de la Corée du Nord».

La France a appelé la Corée du Nord «à s'abstenir de tout nouveau geste risquant d'accroître davantage la tension dans la région», a souligné le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.

La Corée du Sud, toujours en conflit avec son voisin du Nord depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53), a dénoncé «une provocation qui menace la paix et la sécurité de la péninsule coréenne et de l'Asie du Nord-Est». Craignant un essai nucléaire imminent -Pyongyang avait procédé à un essai dans la foulée de son dernier tir de fusée en 2009-, le Sud a indiqué rester attentif à toute «nouvelle provocation».

Le Japon, qui avait menacé d'abattre la fusée si nécessaire, a, également, dénoncé une «grave provocation».

«Le Canada a condamné sans réserve le lancement manqué, dénonçant un comportement imprudent et provocateur».

Seul bémol explicite dans ce concert de condamnations : le parti communiste philippin, formation maoïste qui mène une lutte armée contre le pouvoir central depuis la fin des années 1960, a félicité la Corée du Nord pour avoir «défié avec succès la campagne menée par les Etats-Unis» pour empêcher le tir de la fusée.

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