Connexion
La mise en œuvre des plans d'aménagement forestiers dans les pays du Maghreb bute sur un déphasage entre les dimensions technique et socio-économique de la gestion des écosystèmes forestiers, ont souligné les participants à un atelier sous-régional sur «La gestion et l'aménagement des forêts dans les pays du Maghreb», qui s'est ouvert mercredi à Rabat.
Promouvoir une participation effective des populations et des acteurs concernés dans la programmation et la mise en œuvre de l'aménagement forestier est un prélude à une gestion agissante et optimisée des massifs forestiers dans les pays maghrébins, ont-ils expliqué à l'ouverture de cette rencontre de deux jours.
Une telle démarche permettra d'inscrire l'aménagement forestier dans le cadre global d'aménagement du milieu rural à travers la coordination des programmes de développement des zones forestières et péri-forestières, ont estimé les participants à cet atelier initié par le Haut-commissariat aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la Désertification (HCEFLCD), en collaboration avec l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).
Afin d'évoluer vers une gestion durable des écosystèmes forestiers, souvent fragilisés, il est désormais nécessaire, selon ces experts, d'intégrer, dans les plans d'aménagement forestier, d'autres préoccupations devenues d'actualité aux niveaux mondial et national, en l'occurrence la biodiversité, les impacts des changements climatiques et la lutte contre la désertification, entre autres.
La gestion des forêts dans les pays maghrébins repose sur la mise en œuvre des prescriptions des plans d'aménagement forestier qui ont subi, ces dernières décennies, des améliorations traduisant l'évolution des politiques forestières adoptées par ces pays en matière de gestion durable des ressources naturelles, ont-ils fait valoir.
En plus concret, ont-ils soutenu, les plans d'aménagement forestier sont passés de plans ciblant en priorité la production ligneuse à des plans d'aménagement intégrés tenant compte de la valorisation des produits forestiers, y compris les produits non ligneux, et de la promotion des filières associées à ces produits.
Dans une allocution lue en son nom, le Haut-commissaire aux Eaux, Forêts et à la lutte contre la Désertification, Abdeladim El Hafi a souligné que les écosystèmes forestiers au Maghreb, qui évoluent dans des bioclimats semi-arides, arides et même sahariens, représentent un enjeu stratégique tant sur le plan écologique que socio-économique.
Ces écosystèmes constituent un espace multifonctionnel de fourrage, de production de bois, de chasse et d'écotourisme, de même qu'ils représentent un patrimoine protecteur des sols, des eaux et de la diversité écologique, a-t-il fait observer, relevant que ces spécificités font des massifs forestiers, un levier de développement au niveau de la sous-région.
Pour lui, l'aménagement forestier doit incorporer le développement des connaissances, des techniques et des demandes de la société pour devenir un véritable instrument de gestion durable des écosystèmes forestiers et un outil de base pour la certification de la gestion responsable des forêts.
De son côté, le représentant de la FAO au Maroc, Michael George Hage a indiqué qu'une approche multidisciplinaire et intégrée pour l'aménagement des forêts est, aujourd'hui, une condition incontournable dans le processus de développement durable de la région.
En tant qu'espace écologique, richesse économique et bien social, la forêt maghrébine a connu et connaît encore des formes d'exploitation qui entraînent des conflits d'intérêts concernant des enjeux d'ordre écologique, social, économique et foncier, a-t-il fait remarquer, ajoutant, à ce propos, que l'aménagement des forêts est l'outil dont dispose le forestier pour concilier la demande de la société et la pérennité de la forêt.
Selon une note de présentation, cet atelier sous-régional, qui réunit un parterre de responsable et d'experts maghrébins, s'assigne pour objectif principal de sensibiliser les décideurs au rôle crucial de l'aménagement forestier dans la restauration des écosystèmes forestiers et leur intégration dans le territoire rural en vue de mettre à profit la complémentarité des zones forestières et péri-forestières.
