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«Algérie, triste modèle des violations»

«L'Algérie aurait mieux fait de se préoccuper du non-respect dans son pays des dispositions pertinentes de la DPAV, car elle détient le record des violations de ces deux documents», Omar Hilale

«Algérie, triste modèle des violations»
Le militant des droits de l’Domme, président de la section de Laghouat de la LADDH et membre du SNAPAP, a été arrêté et violemment agressé par les policiers à Ouargla. Ph : operationleakspin.wordpress.com

L'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Onu, Omar Hilale, a affirmé lundi à Genève que l'Algérie représente un triste modèle des violations des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, soulignant que son sombre registre est parmi les plus décriés à l'échelle internationale.

Lors d'un débat du Conseil sur le suivi de la déclaration et du programme d'action de Vienne (DPAV), Hilale a regretté de ne pas lire sa déclaration doctrinaire sur la DPAV «parce que forcé de répondre à la délégation algérienne qui a évoqué ces deux documents pour étayer ses allégations sur les droits de l'Homme au Maroc».

L'ambassadeur a déclaré que «l'Algérie aurait mieux fait de se préoccuper du non-respect dans son pays des dispositions pertinentes de la DPAV Déclaration et du Plan d'action de Vienne, car elle détient le record des violations de ces deux documents».

Enumérant les différents articles de cette déclaration, le diplomate a ainsi dévoilé ces violations.
Il a rappelé que l'article premier de la Déclaration de Vienne réaffirme l'obligation de la protection de l'ensemble des droits de l'Homme et des libertés fondamentales pour tous.

«Or en Algérie, les libertés d'opinion, d'expression, de manifestation et de rassemblement pacifiques sont réprimées en permanence, comme l'atteste le rapport de HRW de janvier 2013. Ce rapport, a-t-il précisé, souligne que «les autorités algériennes invoquent des lois et réglementations répressives pour étouffer les voix dissidentes et juguler les activités relatives aux droits de l'Homme».

Il s'est également référé à l'article 19 de la Déclaration de Vienne selon lequel «les personnes appartenant à des minorités ont le droit de jouir de leur propre culture, de professer et de pratiquer leur propre religion et d'utiliser leur propre langue». «Or en Algérie, a-t-il relevé, les manifestations des minorités kabyles et mozabites sont violemment réprimée et toute manifestation est expressément interdite comme l'atteste le rapport du réseau euro-méditerranéen des droits de l'Homme.

Il a, en outre, rappelé que l'article 23 de la Déclaration de Vienne réaffirme que chaque réfugié a le droit de retourner dans son pays d'origine. A cet égard, il a fait observer que les camps de Tindouf en Algérie, où sont retenues les populations sahraouis, sont décrits par le parlement européen comme «une zone militaire à l'accès restreint».

HRW a, pour sa part, appelé l'Algérie dans son rapport à «garantir les droits des populations des camps à la liberté d'association, de rassemblement, d'expression et de circulation, y compris pour retourner au Maroc s'ils le désirent».

L'ambassadeur a, aussi, évoqué l'article 30 de la Déclaration de Vienne consacré aux «violations flagrantes et systématiques», y compris la torture, les exécutions sommaires et arbitraires, les disparitions et les détentions arbitraires. «Or en Algérie, ces pratiques sont monnaie courante comme en témoigne les ONG Algeria Watch et Amnesty International qui affirment dans leurs rapports que la torture est une pratique institutionnalisée en Algérie», a relevé le diplomate.

Il a, également, fait référence au rapport de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) qui dénonce «les exécutions extrajudiciaires et les centres de détentions ou de torture clandestins».

S'agissant des disparitions forcées, a poursuivi l'ambassadeur, Amnesty International a déploré dans son rapport que «l'Algérie n'ait pas mené des enquêtes sur le sort des milliers de personnes victimes de disparitions forcées». En effet, les chiffres du rapport du groupe de travail sur les disparitions forcées involontaires montrent qu'à peine 0,45% des cas dont il est saisi ont été élucidés.

Il a, également, indiqué que la Déclaration de Vienne (Art. 38) souligne que les ONG et leurs membres devraient «jouir des droits et des libertés reconnus dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la protection de la loi nationale». «Or les rapports de HRW, Amnesty International, FIDH, l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'Homme déplorent le refus systématique de l'Algérie pendant de longues années de délivrer des visas d'entrée à des ONG des droits de l'Homme», a fait remarquer Hilale.

Ces organisations, a-t-il précisé, révèlent que «l'Algérie est le seul pays de la sous-région à restreindre de manière générale l'accès à son territoire aux organisations de défense des droits de l'Homme», concluant que ce pays «qui siège désormais au CDH doit mettre fin à cette mascarade».

Il a, aussi, fait savoir que la FIDH et l'OMCT ont dénoncé, dans une déclaration conjointe devant la Commission africaine des droits de l'Homme, «le harcèlement judiciaire sur la base d'accusations fallacieuses, accompagnées d'arrestations et de détention arbitraires, qui reste la technique d'harcèlement la plus courante en Algérie», en qualifiant le harcèlement en Algérie de «systématique».

L'article 95 du Plan d'Action de Vienne souligne l'importance de permettre aux Procédures spéciales de «remplir leurs mandats dans tous les pays du monde» et appelle à «l'entière coopération de tous les Etats à cet égard», a noté l'ambassadeur. 

«Or, comme l'atteste le Comité de l'Onu contre la torture, l'Algérie continue de refuser depuis 1997 les visites des Rapporteurs spéciaux sur la torture et sur les exécutions sommaires et extrajudiciaires, ainsi que les Groupes de travail sur les disparitions forcées ou involontaires et la détention arbitraires», a rappelé Hilale.

Irrité et perdant son contrôle, l'ambassadeur algérien a interrompu son homologue marocain à coup d'invectives comme à l'accoutumée, poussant le président du Conseil à rappeler au diplomate algérien la nécessité de vouer un minimum de respect à l'institution du Conseil et à la fonction d'ambassadeur, affirmant qu'«il s'agit d'un débat entre ambassadeurs et non entre militaires».

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