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Diverses problématiques entravent le développement du don et greffe d'organes et tissus humains au Maroc, a reconnu, vendredi à Marrakech, Mohamed Harif, directeur du CHU Mohammed VI de Marrakech.
Dans une conférence de presse sur le thème «Le don et la greffe d'organes et tissus humains : un programme en évolution», Mohamed Harif a surtout attribué le retard de cette branche de la médecine à l'insuffisance des ressources humaines et matérielles mises à la disposition des équipes médicales spécialisées, en plus des problématiques d'ordre légales qui avaient longtemps empêché le développement de la greffe d'organes humains.
Parmi les autres entraves au développement de cette médecine, l'intervenant a également évoqué l'absence de la culture du don d'organes auprès de la population et la difficulté éprouvée par les équipes médicales à convaincre les familles des personnes décédées à consentir un don d'organe pour sauver d'autres personnes.
Compte tenu de cette situation, la pratique médicale des dons et greffe d'organes, une opération désormais encadrée par une loi conforme aux valeurs humaines et aux dispositions de la Charia, est juste à ses débuts au Maroc avec peu de bénéficiaires, a relevé Mohamed Harif, appelant à sensibiliser les citoyens sur l'importance du don d'organes et particulièrement auprès des familles des patients en état de mort cérébrale.
Il a affirmé qu'une telle rencontre s'inscrit dans ce cadre de sensibilisation au programme de greffe des organes aussi bien au niveau du CHU Marrakech qu'au niveau national, affirmant qu'il s'agit aussi de rendre hommage à la compétence des équipes médicales marocaines de greffe d'organes qui sont désormais en mesure d'effectuer les opérations les plus complexes dans ce domaine.
Pour sa part, le président du comité de greffe d'organes au CHU Mohammed VI de Marrakech, Pr. Mohamed Nacer Samkaoui a annoncé, lors de cette conférence, que son équipe a réalisé plusieurs opérations complexes et premières du genre au Maroc. Il a évoqué, à ce sujet, la première greffe de cornée en 2009, la greffe rénale en 2010 et la création de la première banque des yeux en 2011.
Il a précisé que son équipe a commencé à effectuer des opérations de greffe d'organes et de tissus humains à partir d'organes obtenus auprès de donateurs en mort cérébrale, notamment avec des opérations de transplantation de moelle épinière. Et d'évoquer, à ce sujet, deux opérations de greffe du foie réalisées récemment, l'une à partir d'un donateur vivant et la deuxième à partir d'un don d'organe d'une personne en mort cérébrale, ce qui constitue une première au Maroc.
Depuis 2009, l'équipe de Marrakech a effectué 133 greffes de cornées importées, 36 autres opérations similaires avec cornées obtenus auprès de donateurs marocains, neuf transplantations rénales, deux greffes du foie à partir d'un donateur vivant et d'une personne en mort cérébrale, en plus du prélèvement pour don de 4 reins, a-t-il énuméré.
Lors de cette rencontre, l'équipe de spécialistes ont révélé les détails d'une opération à succès de «don multi-organes» d'un même donateur en mort cérébrale qui constitue une première au niveau national. L'opération qui a eu lieu à l'hôpital CHU de Marrakech en juin dernier a permis de sauver cinq jeunes filles à travers des opérations de greffe (foie, rein et cornées) effectuées à Marrakech, Rabat et Fès.
Plusieurs intervenants à cette rencontre ont mis en relief les efforts du ministère de la santé pour développer ce domaine de la médecine. Ils ont convenu de la nécessité de sensibiliser sur le don d'organes en vue d'une meilleure adhésion des donateurs et du développement de cette médecine à la pointe du savoir-faire et de la technologie.
La conférence de presse a connu la participation d'éminents spécialistes marocains et étrangers, des chercheurs dans le domaine de la greffe d'organes, des cadres du ministère de la santé et des acteurs impliqués dans le programme du don et greffe d'organes et tissus humains.
