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Quelles sont les chances d'avoir enfin un accord ?

L'Iran et les grandes puissances ont peut-être laissé passer leur meilleure chance de résoudre le dossier nucléaire iranien, mais n'ont pas d'autre choix que de continuer à négocier, estiment les analystes au lendemain de l'échec de nouvelles discussions à Vienne.

Quelles sont les chances d'avoir enfin un accord ?
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif et Catherine Ashton, haut représentante de l'Union européenne fournissent une déclaration de Vienne sur l'état des négociations sur le programme nucléaire de l'Iran. Ph : AFP

Des mois de discussions, conclus par sept jours de tractations ininterrompues en Autriche, n'ont accouché lundi, à la place de l'accord historique espéré, que d'une prolongation de sept mois du règlement conclu en novembre 2013 à Genève pour lancer la négociation.

Cet accord «intérimaire» a le mérite d'avoir stoppé l'escalade entre un Iran s'approchant toujours plus de la capacité à produire une bombe nucléaire, et des grandes puissances lui infligeant toujours plus de sanctions, sans compter le risque d'une action militaire israélienne ou américaine qui pourrait embraser tout le Proche-Orient.

Mais la solution négociée il y a un an à Genève -un gel partiel des activités nucléaires iraniennes en échange d'un allègement limité des sanctions- n'est pas durable. Et rien n'assure que discuter jusqu'au 1er juillet 2015 permettra de faire mieux.

«Ces négociations ne vont pas devenir plus facile simplement du fait que nous les avons prolongées», a admis lundi soir le secrétaire d'Etat américain John Kerry : «C'est dur. Cela l'était déjà, et cela va le rester. Mais ce n'est sûrement pas le moment de se lever et de partir.»

Une nouvelle escalade

«Un départ de l'une des parties conduirait sans doute à un retour de l'escalade qui existait avant l'accord intérimaire. Cela serait catastrophique», approuve l'analyste Kelsey Davenport, de l'Arms Control Association. 

La République islamique, qui a toujours nié vouloir la bombe, défend bec et ongles sont droit à enrichir plus d'uranium en vue d'équiper ses futures centrales nucléaires. Cette position est jugée inacceptable par le «5+1» (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) qui négocie avec elle.

Mark Fitzpatrick, un ancien diplomate américain devenu expert pour l'Institut international d'études stratégiques (IISS) à Londres, pointe ce «désaccord de fond» entre les parties, et en fait porter la responsabilité à Téhéran. «Mais tant que le programme nucléaire iranien et les sanctions seront plafonnés, les deux parties se porteront mieux», ajoute-t-il : «Plus longtemps on négociera, mieux cela sera».

La prolongation décidée à Vienne, qui est déjà la deuxième pour l'accord de Genève, risque toutefois de faire perdre patience aux sceptiques, en particulier à Téhéran et à Washington.

Obama en difficulté

L'ouverture vers l'Occident voulue par Hassan Rohani, le président iranien modéré, ne donne pas, pour l'heure, de résultat tangible pour l'économie de son pays et la vie quotidienne des Iraniens.

La situation est encore plus délicate pour le Président américain Barack Obama, qui a fait un choix stratégique en tendant la main à l'Iran, et dont les opposants sont en passe de prendre le contrôle entier du Congrès.

«Il est temps de mettre fin à ce processus qui n'a aucun sens, et de remettre en place les sanctions dures qui ont amené le régime radical iranien à la table des négociations», a déjà réclamé le représentant républicain Peter Roskam.

Le Président Obama pourrait opposer son veto à de telles mesures, à moins que le Congrès ne vote aux deux tiers en leur faveur, ce qui est possible si une partie des parlementaires démocrates est convaincue par les arguments des «durs».

D'après certains analystes, de nouvelles sanctions américaines feraient presque à coup sûr sombrer la négociation.

«Cela amènerait presque certainement les Iraniens à une nouvelle escalade, qui conduirait à une crise profonde au Proche-Orient», estime Kelsey Davenport.

Plus optimiste, Ali Vaez, un expert officiant pour l'International Crisis Group, estime cependant que la négociation entre l'Iran et les grandes puissances est devenue «trop importante pour échouer». Ce qu'il retient des dix mois qui ont mené au revers de Vienne ? «La volonté politique forte des deux côtés de voir ce dossier aboutir».   

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