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Des ONG dénoncent «l'opacité» des transactions en Suisse

Des ONG internationales ont dénoncé, dans un rapport, la position «hégémonique» et «l'opacité» des transactions des sociétés de négoce sur les ventes du pétrole africain en Suisse, un marché de dizaines de milliards de dollars.

Des ONG dénoncent «l'opacité» des transactions en Suisse
Une plateforme pétrolière au large des côtes angolaises. «Il n’y a aucune transparence sur où va l’argent lié à ces ventes de pétrole alors que les montants sont faramineux», a affirmé Marc Guéniat de la Déclaration de Berne. Ph : AFP

Entre 2011 et 2013, ces sociétés se sont accaparées une part de marché de 25% «sur le segment très opaque du pétrole mis en vente» par les Etats sub-sahariens et les compagnies publiques, écrivent les ONG dans ce rapport publié à Lausanne (Suisse).

«L'intégralité du produit de ces ventes n'atterrit pas dans les caisses des Etats», a indiqué Marc Guéniat, représentant de l'ONG «Déclaration de Berne».

Cette organisation est l'un des auteurs du rapport aux côtés de Swissaid et du Naturel Resource Governance Institute.

Selon le document, les sociétés suisses de négoce dominent nettement les exportations au Cameroun, au Gabon, en Guinée équatoriale, au Nigeria ainsi qu'au Tchad. 

Au Tchad, le groupe Glencore, a acquis en 2013 la totalité de la part étatique du pétrole pour une valeur correspondant à 16% du budget national du pays, l'un des plus pauvres de la planète. 

«Les ventes de pétrole brut par les gouvernements et leurs compagnies nationales sont l'un des secteurs les moins étudiés de la gouvernance du secteur pétrolier, il s'agit de la première étude détaillée sur ce sujet», d'après les auteurs du rapport.

Ils se sont concentrés sur 10 pays d'Afrique sub-saharienne exportateurs de pétrole: Angola, Cameroun, Congo (Brazzaville), Côte d'Ivoire, Gabon, Ghana, Guinée équatoriale, Nigeria, Soudan du Sud et Tchad.

Pour la période 2011- 2013, précise-t-on, les ventes se sont établies à plus de 2,3 milliards de barils de pétrole, représentant plus de 250 milliards de dollars, soit environ 56% de leurs recettes publiques.

Les auteurs du rapport se livrent à une décortication des transactions qui passent par la Suisse et ses sociétés de négoce installées en toute discrétion à Genève, Zoug ou Lugano.

Ces compagnies ont acheté entre 2011 et 2013 plus de 500 millions de barils de pétrole, représentant 55 milliards de dollars, «mais dans la plupart des transactions la transparence a fait défaut».

Face à ce constat, les trois ONG demandent aux pays producteurs d'adopter des règles assurant «l'intégrité dans la sélection des acheteurs, et la fixation du prix de vente» et de publier les noms des sociétés qui achètent le pétrole étatique.

En tant que «pays hôte de la première place de négoce des matières premières au niveau mondial, la Suisse peut et doit prendre ses responsabilités», recommandent les auteurs du rapport.

Quelque 570 sociétés de négoce de matières premières sont installées dans la Confédération helvétique et emploie 10.500 personnes, selon les chiffres officiels. 

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