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Londres suspend son aide à la réforme de la police

La Grande-Bretagne a suspendu son programme d'aide à la réforme de la police congolaise, après la publication d'un rapport accusant des policiers d'avoir assassiné ou fait disparaître plusieurs dizaines de personnes lors d'une opération antibanditisme, a-t-on appris mercredi auprès des deux partenaires.

Londres suspend son aide à la réforme de la police
Un rapport de l’Onu accuse la police congolaise d’exactions et de meurtre dans sa lutte contre la délinquance à Kinshasa. L'ONU comptabilise 9 exécutions sommaires et 32 disparitions forcées. Ph : afrikarabia.com

«Le Royaume-Uni a suspendu son programme Responsabilisation du secteur de la sécurité et réforme de la police en République démocratique du Congo peu après la publication», en octobre 2014, d'un rapport onusien «prétendant que des éléments de la Police nationale congolaise ïPNCû se sont rendus coupables de violations des droits de l'Homme» lors de cette opération, a indiqué à l'AFP une porte-parole du DFID, le service de la coopération britannique.

La police congolaise a indiqué n'avoir pas été notifiée «par écrit» de la décision du DFID (Department for International Development). La décision a été communiquée à la partie congolaise suite «à une réunion ïque les Britanniquesû ont eu avec le ministre l'Intérieur» Richard Muyej, a indiqué à l'AFP le colonel Pierrot Mwana-Mputu, directeur de l'information de la PNC.

Selon l'officier, cette réunion s'est déroulée «juste après» la publication, le 18 novembre, d'un rapport de l'ONG américaine Human Rights Watch (HRW) affirmant que des policiers avaient tué au moins 51 jeunes hommes et adolescents et en avait fait disparaître 33 autres lors d'une grande opération contre le banditisme menée dans la capitale congolaise de novembre 2013 à février 2014.

La coopération britannique voulait «avoir des précisions par rapport au rapport de Human Rights Watch» sur ce coup de filet baptisé opération Likofi («Coup de poing» en lingala) et «ils ont dit que, jusque-là, ils ne sont pas convaincus de (...) la version du gouvernement», a souligné le colonel Mwana-Mputu.

Le rapport de l'Onu auquel fait référence le DFID est une autre enquête sur Likofi, réalisée par le Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'homme en RDC (BCNUDH), et qui établissait à 41 au minimum le nombre des victimes des violences policières pendant cette opération (neuf exécutions sommaires et 32 disparitions).

Jugeant l'étude onusienne «aussi malveillante que mensongère», le gouvernement a expulsé en octobre le chef du BCNUDH, Scott Campbell, avant de crier au «lynchage médiatique» après la publication du rapport de HRW.

Pour les Britanniques, l'avenir du programme de coopération policière en RDC sera fonction de la réponse du gouvernement de Kinshasa aux éléments graves contenus dans le rapport du BCNUDH.

Kinshasa avait d'abord jugé suffisante la condamnation de cinq policiers ayant participé à Likofi à des peines de prison pour meurtre. Après la publication du rapport de HRW, le gouvernement a néanmoins indiqué que la justice congolaise allait continuer d'enquêter pour s'assurer qu'aucune bavure policière commise pendant l'opération n'est restée impunie.

Le DFID est l'un des principaux bailleurs pour la réforme de la police congolaise. Dans le cadre de son programme quinquennal en RDC, commencé en 2009, il était prévu qu'il investisse 60 millions de livres sterling (environ 76 millions d'euros) pour divers projets visant à améliorer la police.  

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