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Le difficile travail d'identification des corps

Après le crash de l'A320 de Germanwings, les opérations continuent dans les Alpes-de-Haute-Provence. Elles servent à la fois les besoins de l'enquête et la nécessaire identification des corps des victimes

Depuis le crash de l'A320 de Germanwings mardi, les enquêteurs s'efforcent de collecter un maximum d'éléments permettant de procéder à l'identification des corps mais, compte-tenu de l'état des prélèvements, la tâche est ardue, a expliqué un responsable de la gendarmerie.

«La catastrophe aérienne a fait des profondes dégradations et nous n'avons pas retrouvé un seul corps intact... Nous avons retrouvé des éléments de corps et des éléments biologiques». Le constat du colonel Patrick Touron, directeur-adjoint de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale est clair : l'identification des corps des 150 morts de l'avion sera compliqué.

Première difficulté: le terrain. «Nous avons des pentes à 40 à 60 degrés, des éboulements rocheux (...) un certain nombre de choses se font en rappel, avec un terrain particulièrement marneux (en roche sédimentaire, NDLR), qui a tendance à s'écouler et à présenter un risque» pour les gendarmes envoyés sur le site du crash. Raison pour laquelle les enquêteurs sont systématiquement accompagnés par des gendarmes de haute-montagne qui les assurent, avec une cordée.

«La sécurité étant le point clé, les procédures de relevage parfois un peu longues, à notre plus grand regret», concède le colonel Touron. Il s'agit effectivement d'évacuer par hélitreuillage les restes humains retrouvés, restes qui sont ensuite transférés dans un laboratoire installé dans la commune de Seynes, à une dizaine de kilomètres de là, et où la police tente d'extraire un maximum d'informations de ces prélèvements.

Dans ce laboratoire, dans un lieu jusqu'ici tenu secret, «une cinquantaine de médecins légistes, de dentistes légistes, la police nationale qui travaille dans l'identification, des techniciens d'investigation criminelle locaux» se mobilisent «de manière à permettre de rendre le corps des victimes à leurs proches le plus tôt possible», a indiqué le colonel Touron.

En de pareilles circonstances et «étant donné la dégradation des corps», tout élément peut s'avérer utile : empreintes digitales, bijoux et éléments d'identité retrouvés sur les lieux, empreintes dentaires - «Il faut savoir que dans les catastrophes, traditionnellement, 90% des identifications se font par le dentaire» -, mais surtout dans le cas précis du vol 9525, l'ADN.

«C'est un élément prégnant pour procéder à l'identification, compte-tenu de la nature des dégradations observée sur les corps», insiste le colonel Touron, précisant que «près de 400 ou 600 éléments étaient en cours de traitement» depuis le début des recherches.

Une fois les ADN relevés, ils sont envoyés à Rosny-sous-Bois, en région parisienne, «afin d'obtenir un profil ADN qui serait comparé avec les profils des familles», collectés notamment à Seyne (sud-est), lors de la venue des familles. Et ce, grâce à une technique tout ce qu'il y a de plus classique, à savoir la salive, au moyen de cotons tiges avec lesquels on racle l'intérieur de la bouche.

Pour le colonel Touron, cette organisation est assez classique. En revanche, «ce qui est inédit, c'est d'avoir besoin d'un hélico pour se rendre sur le site, d'avoir besoin systématiquement d'un spécialiste montagne qui est accroché à l'enquêteur, de nécessiter un transfert des éléments que nous récoltons sur une nacelle, qui est ensuite hélitreuillée, puis ramenée ici». 

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