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Pour l'AKP, les pronostics sont ouverts

Les enjeux des législatives du 7 juin sont importants pour le parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir depuis 2002) qui, tout en étant favori, lorgne sur la majorité qualifiée (2/3) pour changer la Constitution et présidentialiser le régime.

Pour l'AKP, les pronostics sont ouverts
Les partisans de l'AKP, à Istanbul. L'AKP aux commandes ne dispose pas de la majorité suffisante pour adopter une nouvelle loi suprême (367 sièges) ni d'ailleurs des 330 sièges nécessaires pour soumettre, seul, un texte à référendum. Ph : rfi.fr

Le scrutin figurera, à coup sûr, dans les annales. L'AKP se présente, pour la première fois depuis sa création, sans le président Tayyip Erdogan, un de ses fondateurs mais qui reste, selon les observateurs, le chef d'orchestre alors que plusieurs des poids lourds sont exclus par la règle interne du parti limitant à trois les mandats législatifs.

L'AKP réussira-t-il le virage du changement de direction après la passation entre son fondateur et Ahmet Davutoglu ou va-t-il être plombé par l'usure de douze ans de gouvernance, s'interroge le chroniqueur Aydin Cevikcan même si, à la foi des sondages, le parti est assuré d'une nouvelle victoire mais où seul le score reste l'inconnu.

La première force politique du pays n'a pas reconduit le tiers de ses députés (105) dont 70 contraints par la règle de trois mandats. Mais il a accordé plus de places à la gente féminine avec 99 candidates sur 550, soit une vingtaine de plus qu'en 2011 et surtout avec l'éventuelle entrée dans l'hémicycle de deux femmes symboles dans une sorte de revanche contre l'ancien système kémaliste.

Ravza Kavakçi, qui n'est autre que la sœur de Merve Kavakçi la députée voilée ayant défié l'Etat et chassée du parlement en 1999 avant même d'avoir prêté serment, et Leyla Sahin, une étudiante en médecine également exclue de l'Université d'Istanbul pour port du voile, sont en bonne place.

L'objectif de l'AKP est non seulement de se maintenir aux affaires mais d'élaborer une nouvelle Constitution afin de remplacer le texte actuel, hérité du coup d'Etat militaire de 1980, révisé plus d'une quinzaine de fois et qui instaure un régime parlementaire.

A ce jour, le parti aux commandes ne dispose pas de la majorité suffisante pour adopter une nouvelle loi suprême (367 sièges) ni d'ailleurs des 330 sièges nécessaires pour soumettre, seul, un texte à référendum.

Les législatives de dimanche constituent, par conséquent, un véritable tournant selon le nombre de députés AKP qui franchiront l'entrée de l'Assemblée nationale et dont la priorité ne sera qu'une nouvelle constitution pour la nouvelle Turquie. Mais pour cela, il faudra faire mieux que les 49% des législatives de juin 2011.

Nous estimons indispensable que la structure administrative soit remaniée. Les conflits de pouvoir ont provoqué des crises en Turquie et un système présidentiel permettra d'empêcher la discorde, a martelé le chef du parti et Premier ministre Ahmet Davutoglu en présentant le manifeste électoral.

Il a mis la barre haute en fixant, pour cible, de rallier 55% des suffrages. Toutefois, si les enquêtes d'opinion le donnent favori pour une énième victoire, l'AKP, en baisse dans les intentions de vote, aurait du mal à rééditer ses scores des précédents scrutins et sa majorité habituelle serait incertaine.

Si nous avons difficilement dirigé le pays lors des douze années précédentes, cela prouve que nous avons relevé des anomalies et nous avons souhaité les corriger, a expliqué le chef de l'Etat à l'appui de cette volonté d'amorcer le virage du changement mettant fin à environ un demi-siècle de régime parlementaire.

Ce scrutin prend déjà des allures de rendez-vous avec l'Histoire tant pour l'AKP, auteur du Grand Chelem en remportant tous les scrutins depuis 2002 (législatif, municipal, présidentiel et référendaire), que pour les partis d'opposition qui veulent l'empêcher de gagner son pari. Dès lors, les pronostics sont ouverts quant aux chances de l'AKP à rester aux affaires avec une majorité confortable alors que les formations concurrentes étant recalées loin derrière.

Cependant, si les derniers sondages annoncent un effritement de l'AKP, l'enjeu sera le score de la formation pro-kurde, le Parti de la démocratie des peuples (HDP), qui, s'il franchit le seuil des 10% au niveau national (indispensable pour toute représentation au Parlement), créera un véritable séisme en privant l'AKP de la majorité absolue, comme le souligne le chroniqueur du quotidien 'Radikal' Cengiz Candar.

L'autre inconnue de l'équation de ces législatives ne sera autre que le vote des centaines de milliers de sympathisants du ‘Hizmet’ (Service) du Hocaefendi (savant respecté) Fethullah Gülen, ex allié d'Erdogan mais devenu pire ennemi, accusé par le pouvoir d'avoir créé une structure parallèle au sein de l'appareil de l'Etat pour renverser le gouvernement.

Depuis la chasse aux sorcières lancée par les autorités après les enquêtes anti-corruption (décembre 2013) et l'épuration qui s'en suivit au sein la police et de la justice risquent de grossir les rangs des mécontents parmi les sympathisants de Gulen qui, sans nul doute, se détourneront de l'AKP. 

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