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Les enjeux économiques d'un scrutin crucial

«En allant vers l'électeur, on le dispense de tout effort mais il vous prend plus au sérieux», soutient Alassane Touré, un partisan de Soumaïla Cissé, l'un des favoris.

Les enjeux économiques d'un scrutin crucial
Soumaïla Cissé, promet, de «mener cette grande bataille pour l'émergence du Mali par la modernisation de l'école, de l'économie, de l'agriculture et des institutions pour donner une chance égale à toutes et à tous». (Photo : AFP)

Près de sept millions de Maliens devront se rendre dimanche prochain aux urnes pour départager les vingt-sept candidats en lice pour fauteuil présidentiel lors d'un scrutin dont les enjeux économiques et sociales sont considérables aux yeux de la population locale, des investisseurs et des bailleurs de fonds, qui conditionnent la reprise de leurs appuis budgétaires au Mali, suspendus suite au coup d'Etat du 22 mars 2012, à la tenue de ces élections.

Près d'un an et demi après le putsch qui a conduit à l'annulation de l'élection présidentielle prévue quelques semaines plus tard, les Maliens renouent ainsi avec le processus démocratique en élisant un nouveau président dont la tâche première est de gérer la manne de 3,25 milliards d'euros promis par certains pays et bailleurs de fonds lors de la conférence des donateurs organisée par l'Union européenne en mai dernier à Bruxelles, en vue d'aider financièrement le pays à relancer son économie et à réaliser des projets de développement dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de la sécurité alimentaire.

Des représentants de l'UE à cette conférence avaient insisté notamment sur la traçabilité de l'aide et le suivi des projets assortis de conditions de versement de fonds relatifs à la transparence, la gouvernance, la démocratie et la lutte contre la corruption dans ce pays de 16 millions d'habitants, où des financements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme avaient été suspendus en 2010 en raison d'allégations de fraude et de mauvaise gestion.

Avec l'annonce d'une aide financière internationale considérable pour le Mali lors de la récente conférence des bailleurs de fond à Bruxelles, il s'agira de bien déployer ces ressources supplémentaires conformément aux priorités à court et à moyen terme du pays en matière de consolidation de la paix et de développement avait déclaré récemment Min Zhu, directeur général adjoint directeur général adjoint et président par intérim du Conseil d'administration du FMI, soulignant toutefois que la situation économique au Mali reste «fragile et exposée à des risques».

En 2012, le Mali a connu une récession de 1,2 pc et l'inflation a atteint 5,3 pc, outre une baisse de 28 pc du budget de l'Etat en raison de la suspension de l'aide internationale, une pluviométrie défavorable et l'instabilité politique et sécuritaire qui ont affecté tous les secteurs de production. Pour faire face à cette crise, les autorités ont renoncé à la plupart des dépenses d'équipement.

Les pertes d'emplois et licenciements massifs subséquents aux fermetures d'entreprises, l'assèchement des revenus fiscaux, la détérioration des échanges extérieurs et la réduction de la production agricole qui entrainent un renchérissement du prix des denrées de base, ainsi que les difficultés d'approvisionnement dans les différents secteurs d'activités n'ont fait que rendre plus difficile le quotidien des Maliens, dont les conditions de vie se sont particulièrement détériorés depuis le déclenchement de la crise du nord.

Selon les estimations faites par les autorités, l'économie malienne qui devait connaitre une croissance de 5.4% en 2012 a eu une croissance négative (-1.2%), alors que les efforts des derniers années visant à accroitre la production de coton jusqu'à 260 000 tonnes, à relancer et redynamiser les industries minières et à offrir un cadre d'affaires serein pour les investissements sont à présent réduits à néant.

En sus, les sanctions adoptées par la communauté internationale ajoutées aux fonds gelés par différents bailleurs de fonds africains et internationaux et la suspension de financement de certains projets de développement dans un pays où l'aide internationale représente près d'un tiers du budget national, ont constitué un goulot d'étranglement majeur aux efforts de redressement de la situation, aggravée davantage par une morosité ambiante qui caractérise toutes les activités du secteur tertiaire, qui emploie plus de trois millions de maliens.

Troisième source de devises pour le pays, le secteur touristique qui employait directement ou indirectement plus de 8.000 personnes, a enregistré des pertes de plus de 50 milliards de francs CFA (environ 76 millions d'euros), au moment où les hôtels, restaurants et centres de loisirs - pour ceux qui ouvrent encore - fonctionnent aujourd'hui en moyenne à moins de 30pc de leurs capacités.

Désormais, l'essentiel de l'activité économique au Mali repose sur ses deux autres piliers que sont l'or et le coton qui génèrent à eux seuls 30pc du PIB malien.

La relance de l'économie malienne et la promotion sociale s'imposent comme des sujets majeurs et récurrents de la campagne pour le premier tour de la présidentielle du 28 juillet. Le président du Rassemblement pour le Mali (RPM) et l'un des candidats favoris de l'élection présidentielle du 28 juillet prochain, Ibrahim Boubacar Kéïta, dit IBK, affirme qu'il veut relever le défi d'un Mali créateur d'emplois, grâce à une politique économique efficace et réaliste. «Nous allons créer, en cinq ans, quelques centaines de milliers d'emplois dans l'agriculture, les mines, l'industrie et le tourisme», a-t-il promis. Soumaïla Cissé, l'autre candidat de poids à l'élection présidentielle, promet, lui, de «mener cette grande bataille pour l'émergence du Mali par la modernisation de l'école, de l'économie, de l'agriculture et des institutions pour donner une chance égale à toutes et à tous».

Pour l'ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle, Modibo Sidibé, «la priorité est de construire un Mali plus fort, digne, respecté, avec une économie rétablie, une souveraineté reconquise de l'espace national et une armée reconstruite».

Dramane Dembélé, candidat de l'Adéma (Alliance pour la démocratie au Mali), le grand parti dans le pays, insiste sur la justice sociale, la lutte contre la pauvreté, l'éducation, la promotion des femmes, la formation des jeunes, le logement et la sécurité sociale.  

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