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Faire du handicap un facteur de progrès

Trente ans après sa première mission auprès des amputés cambodgiens, l'ONG Handicap International (HI) garde sa vocation d'urgentiste mais milite surtout pour faire du handicap, qui touche 15% de la population, un facteur de développement.

Faire du handicap un facteur de progrès
Trente ans après sa première mission auprès des amputés cambodgiens, HI garde sa vocation d'urgentiste mais milite surtout pour faire du handicap, qui touche 15% de la population, un facteur de développement. (Ph : www.france24.com handicap)

Les prothèses de bambou et de cuir, toujours symboliques de l'action de l'ONG, ont laissé la place à des formations professionnelles, des campagnes de prévention sur les maladies et des micro-crédits.

Handicap International a décidé d'accompagner ses bénéficiaires au-delà de l'aide médicale, dans leur «retour à la vie». Constatant que plus d'un milliard de personnes présentent une forme de handicap (selon un rapport de l'OMS de 2010), et que ces handicapés sont plus pauvres que la moyenne, l'ONG veut croire en leur potentiel de développement.

«Les handicapés sont toujours oubliés, ou mis à l'écart. Dans beaucoup de sociétés être handicapé c'est être maudit», décrit Jean-Marc Boivin, directeur général de l'ONG. «Nous ne demandons pas qu'ils bénéficient d'une attention prioritaire, mais qu'ils aient une attention particulière», résume-t-il.

Le credo de HI : «réparer les vies» pour faire du handicap un facteur de progrès. Sur la photo de sa dernière campagne, une prothèse de jambe retient deux murs prêts à s'écrouler.

«Nous disons à nos bénéficiaires : nous allons cheminer avec vous», explique Jean-Marc Boivin, «pas seulement poser une prothèse de jambe par exemple, mais leur apprendre à vivre avec, puis si la victime est un paysan, lui apprendre un autre métier qu'il puisse exercer malgré son handicap».

En aidant les personnes handicapées à s'insérer professionnellement, Handicap espère aussi changer l'image du handicap dans leur famille, et, par effet d'essaimage, dans la société tout entière.

Scolarisation d'enfants trisomiques

L'ONG milite pour une acceptation très large du handicap. «Si vous êtes myope et que vous ne pouvez pas vous payer de lunettes, vous êtes handicapé», explique Nathalie Blin, chargée des relations presse, en guise d'exemple.

Le handicap mental fait partie depuis les années 1990 des cibles de l'association. A Madagascar, où l'association a mis en place avec le gouvernement une campagne de scolarisation d'enfants trisomiques dans des écoles classiques, avec succès.

«Les enfants trisomiques ont fait des progrès énormes, les instituteurs se sentent valorisés par le travail qu'ils ont fait avec eux, les parents ont une charge en moins la journée et peuvent même envisager de faire participer leur enfant aux travaux des champs...», se félicite Jean-Marc Boivin.

Autre champ d'action de plus en plus investi par HI : la prévention des maladies, et notamment le VIH. «En Afrique, nous nous sommes rendu compte que lors des réunions de prévention sur le VIH, les handicapés n'étaient jamais conviés, or ils ont une prévalence du virus plus élevée que les autres...», raconte Jean-Marc Boivin.

Devenu expert dans la durée, Handicap «n'avait plus les capacités de réagir instantanément aux situations de drame humanitaire», avoue Jean-Marc Boivin.

En 2003-2004, l'ONG a souhaité «réinvestir l'urgence», si bien qu'aujourd'hui, elle est opérationnelle 72 heures après une catastrophe naturelle ou un bombardement.

Une efficacité rendue possible par la capacité de HI à dégager sur ses fonds propres une enveloppe dédiée à ces urgences. Fonctionnant toujours avec davantage de fonds privés qu'institutionnels, et pouvant compter sur une grande part de dons mensuels, et donc durable, HI peut mobiliser un budget d'intervention rapidement.

Pionnière de la lutte contre les mines et les armes à sous-munition, Handicap continue aussi son plaidoyer sur ces thèmes, et ses actions de «nettoyage» sur le terrain. Depuis mars 2011, HI a détruit plus de 5.000 restes explosifs de guerre en Libye et sensibilisé 65.000 personnes sur leur danger.

Handicap International, cofondée à Lyon en 1982 par le médecin Jean-Baptiste Richardier, intervient aujourd'hui dans 60 pays. 

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