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Un grand satisfecit pour le Maroc

Par Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI (Institut marocain des relations internationales)

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Vendredi 25 janvier 2013 se sont réunis à Rabat les ministres de l’Intérieur de quatre pays : Maroc, France, Espagne, Portugal. Le but de cette réunion était de renforcer la coopération des quatre pays pour la lutte contre le terrorisme, la migration illégale, le crime organisé et le trafic des stupéfiants.

À l’issue de leur réunion, ils ont adopté une déclaration commune qui comprend les points suivants.
Pour ce qui est du terrorisme qui s’est accentué ces dernières années dans la région subsaharienne, avec les prises d’otages, l’occupation du nord du Mali par des islamistes radicaux, et la tentative d’envahir le sud du Mali, les quatre ministres de l’Intérieur ont décidé le renforcement des échanges d’informations opérationnelles. Ceci d’autant plus que de nouvelles menaces sont nées suite à l’intervention franco-africaine au Mali. Elles se sont déjà concrétisées par l’attaque du site gazier d’in Amenas dans le sud-est de l’Algérie, ce qui a entraîné la mort de dizaines d’otages innocents. Les ministres ont également décidé une réunion annuelle des services compétents pour examiner la situation et prendre les mesures nécessaires pour assurer la stabilité dans la région.

La migration illégale qui fait également beaucoup de dégâts humains tant dans les pays d’origine, de transit et d’accueil, a également fait l’objet de décisions. Il s’agit notamment d’assurer une meilleure gestion des flux d’immigrés clandestins, par un contrôle rigoureux des frontières et la formation des agents affectés à cette tâche. De même, a été soulignée la nécessité d’intensifier les échanges d’information sur les documents de voyage, et la création au Maroc d’un Bureau de lutte contre la fraude documentaire. Les ministres ont également décidé de réactiver la conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur la migration et le développement qui ne s’est pas réunie depuis novembre 2011.

Pour ce qui est du trafic des stupéfiants et du crime organisé qui ont atteint des proportions très dangereuses ces dernières années, les mesures décidées concernent une meilleure coordination des stratégies de surveillance des frontières, ainsi qu’un renforcement et une plus grande rapidité des échanges d’information. Il a été décidé également de prendre les mesures nécessaires pour identifier les patrimoines des criminels, en vue de leur saisie et confiscation, ainsi que le suivi des opérations financières liées au trafic des stupéfiants et du crime organisé.

Un dernier point abordé par les quatre ministres de l’Intérieur a été le renforcement de la coopération policière entre les quatre pays. Dans ce sens, la France et le Portugal ont décidé de rejoindre le Maroc et l’Espagne dans le Centre de coopération policière situé à Algerisas en Espagne.

On ne peut que se féliciter des résultats de cette réunion tant les dangers du terrorisme, de la migration illégale et du trafic des stupéfiants et du crime organisé, sont devenus extrêmement dangereux pour la stabilité de la région euro-méditerranéenne. Pour le Maroc, c’est un grand satisfecit du fait d’avoir été l’hôte de cette réunion, et de la reconnaissance qui lui a été témoignée par les trois autres ministres européens. Certes, il aurait été préférable que cette réunion se fasse dans le cadre du Groupe 5+5 qui comprend outre les participants de Rabat, l’Italie, Malte, la Mauritanie, l’Algérie, la Tunisie, et la Libye. Mais vu l’instabilité politique qui règne dans les autres pays maghrébins, et vu l’urgence de la situation, cette réunion était incontournable même dans son format incomplet.

On peut également faire remarquer que certes les mesures sécuritaires prises sont nécessaires, mais non suffisantes. Il faut accompagner ces mesures par des programmes d’éducation et de développement économique et social. Car les terroristes sont recrutés principalement dans les milieux marqués par l’ignorance et la pauvreté. Un véritable plan Marshall doit être mis en œuvre par la communauté internationale et plus particulièrement par l’Europe et les États-Unis pour assurer le développement de l’Afrique subsaharienne, et en particulier l’Afrique de l’Ouest. Il faut aussi résoudre le problème israélo-palestinien qui dure depuis plus d’un demi-siècle et qui donne des arguments aux recruteurs de terroristes. C’est une grande injustice qu’il faut réparer le plus rapidement possible. 

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