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Plan d'austérité pour économiser 1,5 milliard de dollars

Le Soudan a annoncé mercredi les détails d'un plan d'austérité destiné à réduire les dépenses publiques de 1,5 milliard de dollars alors que le pays s'enfonce dans une crise économique majeure qui touche directement les plus pauvres.

Plan d'austérité pour économiser 1,5 milliard de dollars
L'envolée des prix des denrées alimentaires a provoqué des manifestations à Khartoum, où la police anti-émeute a fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques pour disperser les manifestants. (Photo : geneva.usmission.gov)

Le ministre des Finances, Ali Mahmoud Al-Rassoul, a annoncé devant le Parlement que les prix des carburants allaient augmenter de 12,5 à 60%, le gouvernement envisageant de supprimer certaines subventions.

Les impôts sur les bénéfices des banques vont également croître de 15 à 30% et la TVA de 15 à 17%, a-t-il ajouté, alors que les dépenses administratives du gouvernement seront réduites de 25%. Le gouvernement va aussi dévaluer la monnaie locale, de 2,7 livres soudanaises (SDG) pour un dollar à 4,4 SDG, la rapprochant ainsi du taux du marché noir qui avoisine les 5,5 SDG pour un dollar. Dans son dernier rapport publié fin mai, le Fonds monétaire international (FMI) avait indiqué que le Soudan faisait face à des défis économiques «redoutables».

Les rébellions dans les régions frontalières du sud, et surtout les combats d'avril à Heglig, principal champ pétrolier du pays, ont encore aggravé ces difficultés. L'inflation a atteint officiellement 28% en avril et 30% en mai, mais certains économistes pensent que le chiffre réel est en fait supérieur à 40%. Des économistes et certains membres du Parti du congrès populaire au pouvoir ont mis en garde contre le coût social et politique d'une suppression des subventions sur les carburants.

Le ministre, qui avait reconnu la semaine dernière que la suppression des subventions était la décision d'un «Etat en banqueroute», a admis mercredi que le nouveau budget affecterait «surtout les pauvres» et les secteurs de production, dans le court terme. Mais selon lui, ces mesures permettent d'économiser l'équivalent de 1,5 md de dollars et réduire le déficit budgétaire à 600 M de dollars. 

L'envolée des prix des denrées alimentaires a provoqué des manifestations ces derniers jours à Khartoum, où la police anti-émeute a fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques pour disperser des étudiants mercredi. Face aux difficultés économiques, le président Omar El-Béchir a annoncé lundi avoir «décidé d'augmenter les impôts et supprimer 100 postes au gouvernement fédéral et 200 dans les gouvernements locaux».

Les Soudanais disent «NON»

Les manifestations anti-gouvernementales et les affrontements avec la police se sont multipliés vendredi, au septième jour d'une mobilisation croissante contre la hausse des prix alimentaires, ont rapporté des témoins. Les manifestations, lancées le 16 juin à l'initiative des étudiants, ont même atteint le quartier huppé de Khartoum Two, où vivent de riches soudanais et où sont installées des ambassades étrangères. Une odeur de pneu brûlé et de gaz lacrymogène y était perceptible, selon un journaliste de l'AFP.

A Omdurman, la ville jumelle de Khartoum sur l'autre rive du Nil, 200 manifestants ont frappé des mains en criant «Liberté». Certains ont ensuite brûlé des pneus et lancé des pierres aux policiers, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, ainsi que des coups de fouet et de matraque, selon le journaliste de l'AFP.

Dans le quartier de Burri, où flottait aussi l'odeur des gaz lacrymogènes vendredi soir, la police a dispersé par la force une manifestation contre la hausse des prix, et des habitants ont bloqué des rues avec des pierres. Dans le quartier Nord de Khartoum, une centaine de jeunes ont brûlé des pneus en criant «Non, non à la hausse des prix de l'alimentation» puis se sont dispersés avant l'arrivée de la police. Dans la ville de Sennar (sud), la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques pour disperser quelque 300 manifestants contre la cherté de la vie, selon des témoins.

Ces manifestations se multiplient depuis près d'une semaine au Soudan, pour protester contre l'inflation, qui a atteint 28% en avril et 30% en mai selon des chiffres officiels, et risque de grimper encore avec le plan d'austérité annoncé mercredi par le gouvernement, en particulier la suppression de subventions aux carburants.   

 

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