Menu
Search
Vendredi 03 Mai 2024
S'abonner
close
Vendredi 03 Mai 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône 2004

Le Portugal continue sa cure d'austérité

Un an après l'arrivée de la droite au pouvoir, le Portugal, qui s'efforce de reconquérir la confiance des marchés, continue d'appliquer scrupuleusement l'exigeant programme d'assainissement budgétaire recommandé par ses créanciers internationaux, au prix d'aggraver davantage la récession et le chômage.

Le Portugal continue sa cure d'austérité
«Un an de politiques d'austérité ont fait de la vie de ceux qui travaillent au Portugal un enfer». (Photo : AFP)

En juin 2011, le Parti social démocrate (PSD, centre droit), dirigé par Pedro Passos Coelho a infligé une sévère défaite aux socialistes lors des élections législatives anticipées convoquées à la suite de la démission fin mars de l'ancien premier ministre socialiste José Socrates au lendemain du rejet par le Parlement de son quatrième plan d'austérité en un an. 

Deux semaines plus tard et après plusieurs mois de résistance, Socrates avait été contraint d'en appeler à l'aide internationale, face à la menace grandissante d'une rupture de financement en raison des taux d'intérêt prohibitifs exigés sur les marchés.

Le Parti social-démocrate qui avait alors formé une coalition gouvernementale avec la formation de droite CDS-PP, de Paulo Portas, s'est engagé à respecter les termes de l'accord conclu avec l'UE et le FMI en échange d'un prêt de 78 milliards d'euros sur trois ans et promis d'aller au-delà des exigences de la Troïka (UE-BCE-FMI) notamment en matière de privatisations, de réforme du marché du travail, des services publics et des politiques sociales.

Le prêt consenti par la troïka a été conditionné par la mise en œuvre d'un vaste programme de rigueur prévoyant diverses hausses d'impôts, le maintien du gel des salaires, un abaissement des prestations sociales, une forte augmentation des tarifs des transports publics urbains ou encore une révision du code du travail introduisant un assouplissement des horaires et des licenciements et la suppression de quatre jours fériés et de trois jours de congé par an.

Depuis, Lisbonne applique à la lettre l'exigeant programme d'assainissement budgétaire qui a cependant contribué à plonger le pays dans la récession. En raison de cette cure d'austérité sans précédent, l'économie portugaise devrait connaître cette année une récession de plus de 3% du PIB, tandis que le taux de chômage a déjà atteint un niveau record avoisinant les 15%.

Un an après, les Portugais qui ont du se serrer la ceinture de plusieurs crans ressentent désormais plus durement les effets des mesures imposées pour redresser l'économie, lesquelles ont pesé lourdement sur la consommation et entrainé une hausse du chômage, de la pauvreté et de la précarité. La détérioration des conditions de vie de milliers de familles à cause de cette potion amère est en train d'augmenter de manière exponentielle dans le pays ce qui a contraint des milliers de personnes en particulier les jeunes à émigrer à la recherche d'une vie meilleure. 

En dépit de ce panorama morose et ce cadre macro-économique qui n'incite pas à l'optimisme, le gouvernement reste déterminé à maintenir le cap de la rigueur afin de respecter les objectifs du programme d'aide. Il s'est vu cette semaine conforté dans sa politique de rigueur par un soutien appuyé de ses créanciers qui se sont déclarés satisfaits de la mise en oeuvre du programme de réformes. A l'issue de sa quatrième évaluation trimestrielle du plan d'aide, la mission UE-FMI-BCE qui a estimé que le bilan a été concluant, a alors recommandé le versement d'une nouvelle tranche de 4,1 milliards d'euros à Lisbonne, soit 75% du montant de l'aide totale allouée au pays. 

La troïka dont le dernier examen s'est déroulé dans un climat assombri par une forte progression du chômage qui selon de nouvelles prévisions du gouvernement devrait atteindre 15, 5% cette année et culminerait à 16% en 2012, a affirmé que la hausse du chômage constitue une inquiétude pressante et préconisé davantage de réformes pour assouplir le marché du travail. Alors que la dette publique du Portugal devrait plafonner à 118, 6% du PIB l'an prochain, nombre d'analystes jugent toujours que le Portugal aura besoin d'une nouvelle aide internationale car les taux d'intérêt qu'exigent de lui les investisseurs restent prohibitifs malgré une tendance à la baisse.

Dans une allusion aux inquiétudes qui subsistent quant à la capacité du Portugal de se refinancer normalement à partir de septembre 2013 comme prévu, les bailleurs de fonds se sont de nouveau dits prêts à le soutenir jusqu'à ce qu'il puisse revenir sur les marchés privés de la dette à condition que Lisbonne continue à appliquer avec rigueur son programme de réformes. Bon élève aux yeux de ses créanciers, le Portugal n'en reste pas moins sous la menace d'une contagion alors que la crise de la dette continue de sévir en Grèce et en Espagne, a estimé récemment la Banque du Portugal.

Les deux économies de la péninsule ibérique sont en effet extrêmement liées, en particulier au niveau du secteur bancaire et du commerce. La dégradation de l'économie espagnole ou des défaillances de banques espagnoles auraient des répercussions potentiellement considérables chez son principal partenaire commercial. Pour renforcer la solidité du secteur, le gouvernement portugais a annoncé qu'il allait injecter jusqu'à 6, 65 milliards d'euros dans trois de ses plus grandes banques afin de préserver la confiance des marchés et respecter les exigences de capital de l'Autorité bancaire européenne. 

Alors que le pays a toutes les peines de s'extirper de la crise et que le gouvernement cherche à faire des économies de tous côtés, il reste que les mesures d'austérité ont fait descendre ces derniers mois des centaines de milliers de portugais dans les rues pour crier leur malaise même si jusqu'ici, les grèves générales, les manifestations et le mouvement des Indignés n'ont pas pris au Portugal l'ampleur observée dans d'autres pays européens.

La CGTP, principale confédération syndicale du pays qui est restée inflexible sur la réforme du code du travail, adoptée en mai dernier, a appelé à une grande manifestation le 16 juin prochain à Lisbonne pour protester contre l'appauvrissement et l'exploitation.  

Lisez nos e-Papers