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«Le Maroc dispose d'une législation plus avancée»

Le Maroc dispose de «l'une des législations les plus avancées pour lutter contre la violence à l'égard des femmes», Elda Moreno

«Le Maroc dispose d'une législation plus avancée»
Le Maroc œuvre avec détermination pour la promulgation d'une loi garantissant la protection des femmes contre la violence, rappelant la mise en œuvre du plan pour l'égalité des sexes et la parité (2012- 2016) baptisé «Ikram». (Ph : liberation.fr)

Le Conseil de l'Europe considère la législation marocaine en matière de lutte contre la violence à l'égard des femmes comme «l'une des plus avancées» de la région méditerranéenne, a assuré Elda Moreno, responsable du conseil en charge des questions liées aux droits de la femme et à la dignité humaine.

De ce point de vue, le choix du Royaume pour abriter sa conférence régionale sur la prévention et la lutte contre ce fléau qui s'ouvre ce lundi à Rabat s'avère une évidence, a-t-elle confié dans un entretien à la MAP à Strasbourg (Est de la France), lieu du siège du Conseil de l'Europe, instance distincte de l'Union européenne destinée à soutenir la démocratie. Il faut dire que le Maroc connaît aujourd'hui une phase de rapprochement «croissant» avec le Conseil de l'Europe à «tous les niveaux et avec tous les acteurs, en raison des valeurs partagées, qui sont la démocratie, la promotion des droits de l'Homme et la bonne gouvernance».

Ce rapprochement, couronné l'année dernière par l'obtention du Maroc auprès de l'Assemblée parlementaire de cette instance du statut de «Partenaire pour la démocratie», est concrétisé par la mise en œuvre du Plan d'action pour la coopération entre le Maroc et le Conseil de l'Europe, 2012-2014, dont la lutte contre la violence à l'égard des femmes, a été, «à la demande du Maroc», l'une des priorités, a précisé Elda Moreno. «Nous étions très contents quand nous avions reçu l'invitation de la part le Maroc pour organiser à Rabat une conférence régionale à ce sujet», a souligné la responsable européenne qui se réjouit de «la volonté» du gouvernement marocain d'«avancer et de faire des progrès» en la matière.

La conférence, organisée dans le cadre d'un partenariat avec le gouvernement marocain et avec le soutien de la Norvège, se veut, dit-elle, «un forum pour échanger entre les deux rives de la Méditerranée connaissances, données et statistiques mais aussi les expériences acquises et les différentes approches développées en matière de lutte contre le phénomène de la violence à l'égard des femmes».

Plus de 400 participants, dont des ministres et d'autres hauts représentants des autorités nationales de la région et des organisations internationales, des ONG, des chercheurs et experts dans la lutte contre la violence, prennent part à ce rendez-vous pour «identifier les mesures d'urgence à mettre en place en priorité» dans leurs pays respectifs et coordonner leur action notamment travers la création de réseaux dans la perspective de «développer une approche commune pour lutter contre ce fléau».

Outre le Maroc, différents pays de la région méditerranéenne concernés par la problématique de la violence contre la femme, sont représentés à cette rencontre, dont la France, l'Espagne, l'Italie, la Croatie, la Turquie, l'Azerbaïdjan, la Jordanie, la Tunisie et l'Algérie. «L'idée c'était vraiment de mettre en relation les deux côtés de la Méditerranée où on a des expériences assez avancées en matière de réformes législatives nécessaires mais aussi de politiques de prise en charge et des services mis en place pour protéger les victimes, ou encore tout ce qui a trait aux campagnes de sensibilisation», a indiqué Elda Moreno.

L'experte européenne considère à cet égard que les campagnes de sensibilisation menées au Maroc sont «très intéressantes» et qu'il est important de les mettre en avant dans le cadre de sa coopération avec le Conseil de l'Europe et de son action en faveur de la promotion de la démocratie. «C'est vraiment un enrichissement mutuel», a soutenu l'experte, convaincue que «la prévention est un pilier pour avancer sur le dossier de l'égalité homme-femme et partant pour avancer sur le chemin de la démocratie». Elle rappelle la position du Conseil de l'Europe sur cette question, exhortant les pays partenaires à «condamner clairement toutes formes de discrimination vis-à-vis de la femme et assurer une égalité, pas seulement dans la loi mais aussi dans les faits». «Il est important que la société toute entière adhère à la philosophie de l'égalité, celle de la tolérance zéro à l'égard de tout rapport de force ou d'autorité de l'homme vis-à-vis de la femme parce qu'aussi longtemps que ce genre de rapports est entretenu, on n'arrivera ni à éradiquer la violence ni à réussir une égalité», insiste-elle.

Par égalité, Elda Moreno entend aussi «l'accès des femmes à la justice et à toutes les opportunités, y compris l'éducation et la vie publique avec plus de visibilité dans la vie politique». Face au problème de mentalité sur lequel butent souvent les actions entreprises dans ce sens, au Maroc comme dans d'autres pays de la région méditerranéenne, la spécialiste met l'accent sur le rôle de l'éducation, de la formation et des médias qui «deviennent là des éléments clés dans le changement des attitudes».

En 2011, près de 63% des femmes auraient été victimes de violence au Maroc, contre une femme sur trois en Europe. Des chiffres à prendre avec précaution, selon l'experte, puisqu'une grande majorité des femmes n'osent pas porter plainte. «C'est le silence, la peur, la honte, la culpabilité, la manipulation», explique-t-elle, notant que «dans le Maroc, comme dans d'autres pays de la région, il y a le poids de la tradition, de la protection de la réputation de la famille qui peut être moins écrasant dans un autre pays du nord de l'Europe». 

La Conférence de Rabat servira notamment à présenter les mesures contenues dans la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique qui «constituent aujourd'hui la réponse la plus complète et efficace à la violence à l'égard des femmes en Europe et au-delà».

Le Conseil de l'Europe, où le Maroc siège à différents niveaux de ses instances, coopère avec les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient à travers divers projets visant à soutenir les réformes démocratiques. Il met notamment en œuvre le programme «Renforcer la réforme démocratique dans les pays du voisinage méridional» (Programme Sud) financé par l'Union européenne à hauteur de 4,8 millions d'euros.

Le Conseil de l'Europe, qui regroupe aujourd'hui, avec ses 47 pays membres, la quasi-totalité du continent européen, a été créé le 5 mai 1949 dans l'objectif de favoriser en Europe «un espace démocratique et juridique commun, organisé autour de la Convention européenne des droits de l'Homme et d'autres textes de référence sur la protection de l'individu».

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