Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton ont souligné l'importance d'un «processus politique ouvert à tous» en Égypte, rapportent jeudi des médias. «Ban Ki-moon s'est entretenu avec Mme Ashton suite à sa deuxième visite en un mois en Égypte, où elle a rencontré lundi le Président égyptien déchu Mohamed Morsi», a indiqué mercredi le porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky, cité par des médias.
Les deux parties ont «souligné l'importance d'un processus politique ouvert à tous» qui prendrait en compte les points de vue et les aspirations de toutes les parties du spectre politique égyptien, a expliqué M. Nesirky.
Selon le porte-parole, le secrétaire général de l'ONU a partagé avec Mme Ashton «sa profonde préoccupation quant à la direction prise par la transition en Égypte, en particulier la poursuite des détentions dans le pays».
La rencontre entre la chef de la diplomatie européenne et M. Morsi est un développement «bienvenu et important», a estimé M. Ban Ki-moon, réitérant son appel à la libération du président déchu et des hauts responsables des Frères musulmans.
Mardi, Mme Ashton a eu un entretien avec M. Morsi, à l'issue duquel elle a indiqué que l'ex-président «allait bien», sans toutefois préciser où s'était déroulée leur rencontre.
Pour leur part, les pro-Morsi ont a appelé à poursuivre la mobilisation en Égypte, défiant l'ordre de dispersion du gouvernement et faisant craindre de nouvelles violences alors que des responsables internationaux se succèdent au Caire pour tenter une médiation.
À l'international, les appels se multiplient pour une transition «inclusive» à laquelle participeraient également les Frères musulmans, la puissante confrérie dont est issu le président destitué
le 3 juillet par l'armée après des manifestations massives réclamant son départ.
Mais sur le terrain, les nouvelles autorités sont désormais déterminées à en finir avec les rassemblements pro-Morsi au Caire, aux abords desquels des épisodes particulièrement meurtriers sont survenus ces dernières semaines.
Après avoir appelé les Égyptiens à manifester en masse pour leur donner «mandat» de mettre fin au terrorisme, les autorités ont chargé mercredi soir la police de disperser les sit-in, notamment sur les places Rabaa al-Adawiya (nord-est du Caire) et Al-Nahda (près de l'Université du Caire), où des milliers d'islamistes campent depuis plus d'un mois.
Jeudi une grande partie de la presse titrait sur «l'ordre du gouvernement», la plupart des quotidiens soulignant qu'il n'avait été pris qu'avec le «mandat du peuple».
Pour le ministre de l'Industrie et du commerce, Mounir Fakhry Abdelnour, «il est clair que le ministère de l'Intérieur a reçu le feu vert pour prendre les mesures nécessaires dans un cadre légal».
La menace gouvernementale, si elle fait craindre de nouveaux bains de sang dans le pays où plus de 300 personnes ont péri en un mois, ne va «rien changer», ont déjà prévenu les islamistes.
La Coalition islamiste en faveur du retour de M. Morsi a déjà appelé à une nouvelle mobilisation massive vendredi sous le slogan «l'Égypte contre le coup d'État».
Ce nouvel épisode du bras de fer entre les islamistes décidés à maintenir leurs partisans dans la rue jusqu'au retour au pouvoir du premier président élu démocratiquement du pays et les nouvelles autorités soutenues par l'armée fait craindre de nouvelles violences, après que 82 personnes ont péri samedi aux abords d'un rassemblement pro-Morsi.
