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«Un budget sans signature particulière»

Le Projet de loi de Finances 2014 (PLF) est un budget qui «n'a pas une signature particulière» et qui ne peut être considéré comme budget d'extension ni d'austérité, a affirmé Lahcen Achy, chercheur en économie au Centre Carnegie du Moyen-Orient à Beyrouth.

«Un budget sans signature particulière»
Lahcen Achy, chercheur en économie au Centre Carnegie du Moyen-Orient à Beyrouth. Ph : econostrum.info

«Je ne peux pas le considérer comme un budget d'extension ni d'austérité, car les dépenses courantes n'ont pas été touchées et on voit une hausse des dépenses courantes du gouvernement, conjuguée à un ajustement à la baisse des dépenses d'investissement qui ont été réduites l'année dernière de 15 milliards de dirhams (MMDH)», a expliqué Achy dans un entretien à la MAP.

Les dépenses d'investissement devraient atteindre cette année 49 MMDH, un montant inférieur aux prévisions pour 2013, a-t-il déploré, estimant qu'il s'agit d'un «budget de continuité» du PLF 2013 plutôt que de rupture.

«C'est le premier budget qui arrive après les assises fiscales organisées en avril 2013, avec la persistance des exemptions et exonérations sans qu'il y ait un rapport d'évaluation de leur pertinence», a dit cet expert joint par téléphone.

Selon lui, la fiscalité agricole reste «très symbolique» puisque le projet de loi prévoit que seules les exploitations agricoles, qui ont un chiffre d'affaires supérieur à 35 millions de dirhams (MDH), vont être taxées à partir de 2014.

«Je me demande quelles sont les exploitations agricoles qui ont ce chiffre d'affaires !», s'est interrogé ce professeur à l'Institut national de statistiques et d'économie appliquée.

C'est un processus qui va s'étaler de 2014 à 2019. En 2019, seront taxées les exploitations ayant un chiffre d'affaires supérieur à 5 MDH, a-t-il précisé.

Ainsi, en termes d'Impôts sur la société (IS), le chiffre prévu pour 2014 reste inférieur aux prévisions de 2013, et donc on ne s'attend pas à une hausse de la fiscalité sur les sociétés par le biais de la fiscalité sur l'agriculture, a-t-il ajouté, estimant que «l'endettement va continuer à augmenter» et qu'il n'y a pas de changement au niveau de la fiscalité ou des dépenses».

En ce qui concerne la place des secteurs sociaux dans l'actuel PLF, Achy a indiqué que «la croissance au Maroc ne produit pas suffisamment d'emplois ou produit des emplois de faible qualité ou généralement dans le secteur informel».

Le projet de loi consacre un certain nombre de dépenses au volet social, a-t-il relevé, reprochant à la politique sociale au Maroc une multiplicité des interventions et un manque de coordination.

«Il y a plusieurs caisses et plusieurs initiatives par-ci, par-là, mais la population en situation de vulnérabilité a du mal à voir l'impact réel de l'ensemble de ces dépenses sur sa vie quotidienne», a-t-il regretté.

«Cette population demande à ce qu'il y'ait plus d'opportunités de travail, plutôt que des aides financières qui ne leur permettent pas d'intégrer la vie active», a-t-il martelé.

S'agissant de l'indexation partielle des prix des produits pétroliers, Achy a qualifié de «bonne» cette décision qui a permis de «réduire légèrement le coût de la Caisse de compensation, mais n'a pas résolu le problème du poids de la caisse sur le budget de l'Etat».

En réaction au scénario pour la durabilité des régimes de retraite qui a marqué l'année 2013, il a estimé que ce scénario «va ajuster un peu les paramètres du système actuel», faisant savoir, toutefois, que la solution passe par l'élargissement de la base des cotisants, surtout dans une population en âge d'activité très large.

En réponse à une question sur la réforme de la Caisse de compensation, cet expert a indiqué que l'application du système des assurances sur les fluctuations des prix à travers les mécanismes de provision reste un élément «très important» dans cette réforme.

Il a souligné l'importance de la couverture du risque, relevant l'écart assez important entre le prix sur le marché (le baril de pétrole s'échange à 105 dollars) et sur le marché local qui reste largement inférieur.

«L'indexation partielle permet de réduire un petit peu la charge (...) qui reste importante pour le budget», selon Achy qui pense que «le seul moyen de dépasser ce problème est de réformer et d'avoir des énergies alternatives (...) qui permettront de réduire la dépendance énergétique du Maroc et de rationaliser la consommation». Selon lui, les plus riches de la population sont ceux qui bénéficient des subventions énergétiques.  

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