Pour contrer ce fléau, l’Association marocaine de lutte contre le tabagisme et les drogues (AMLCTD), créée le 5 juillet 2009, a profité de cette journée internationale pour marquer sa présence dans sa lutte par l’application de son programme annuel. «Étant donné qu’il s’agit d’une préoccupation et d’une responsabilité dont tout le monde doit être conscient (et qu’il s’agit avant tout d’une bataille qui doit être marquée tous les jours de l’année) vu l’ampleur du phénomène», explique Hassan El Baghdadi, président de l’AMLCTD. «Notre activité pour cette journée s’est articulée autour de l’organisation d’un meeting en athlétisme en faveur des élèves du lycée Imam Ali à Meknès dont le taux de tabagisme est le plus élevé par rapport aux autres établissements du Royame, selon notre enquête menée à ce sujet», ajoute-t-il.
De son côté, l’Organisation alternative pour l’enfance et la jeunesse a organisé une marche dimanche dernier à Rabat, afin de sensibiliser les Marocains et de les responsabiliser à la nécessité d’appliquer la loi antitabac dans les lieux publics. Mohammed Ennahili, président de l’Organisation, indique que «la société civile doit constituer une pression pour faire appliquer cette loi. C’est le seul moyen face aux lobbies qui ne pensent qu’à leurs intérêts». Cette loi, modifiant et complétant la loi antitabac parue en 1995, avait été adoptée par le Parlement en 2008 et son entrée en vigueur était prévue pour janvier 2010, mais ses textes d’application n’ont pas encore été publiés à ce jour.
Il faut souligner que la proportion du tabagisme au Maroc s’élève au tiers de la population. Ainsi, le chiffre concernant le nombre des cigarettes fumées annuellement par les Marocains se calcule aux alentours de 15 milliards d’unités dont 13,9% de cigarettes sont achetées par des enfants âgés moins de 13 ans. «De plus, il est en augmentation continue grâce aux techniques de marketing avancées pratiquées par le lobby du tabac qui a pu étendre progressivement sa clientèle parmi la catégorie des enfants mineurs et des femmes», souligne Hassan El Baghdadi, président de l’AMLCTD. Pour sa part, Altadis Maroc, grande entreprise au sein du secteur du tabac, a toujours reconnu que la consommation de cigarettes est un facteur de risques pour la santé. C’est pourquoi l’entreprise s’abstient de toute activité visant à encourager la consommation de cigarettes parmi les jeunes de moins de 18 ans. Ainsi, lors des opérations de promotion limitées, l’Ex-Régie des tabacs s’adresse, selon elle, à des consommateurs adultes et responsables de leur choix. L’Organisation mondiale de la santé et ses partenaires ont profité, quant à eux, de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai pour attirer l’attention du grand public sur les dangers pour la santé liés au tabagisme et défendre les politiques visant à réduire la consommation du tabac en mettant l’accent, cette année, sur l’interdiction de la publicité, la promotion et le parrainage des produits du tabac.
En effet, ces interdictions sont l’un des moyens les plus efficaces afin de réduire la consommation du tabac, estime l’organisation, expliquant que dans les pays qui ont déjà pris de telles mesures, cette consommation a baissé de 7% en moyenne.
Les études indiquent qu’un tiers environ des jeunes consomment le tabac, car ils ont été victimes d’une publicité vantant ce produit. Dans le monde, 78% des jeunes âgés de 13 à 15 ans déclarent être régulièrement confrontés à une forme de ces pratiques. «Bien qu’entièrement évitable, le tabagisme arrive en tête des menaces universelles qui pèsent sur la santé», déclare le directeur général de l’OMS, Margaret Chan.
«Les gouvernements, a-t-elle insisté, doivent avoir comme priorité absolue de mettre un terme à la manipulation éhontée à laquelle se livre l’industrie du tabac auprès des jeunes et des femmes afin de recruter la prochaine génération d’accros à la nicotine». Ainsi, d’après une étude de l’OMS, la plupart des consommateurs de tabac tombent dans cette dépendance mortelle avant l’âge de 20 ans.
«L’interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage est l’une des meilleures manières d’éviter que les jeunes gens ne commencent à fumer et de réduire la consommation de tabac dans l’ensemble de la population», conclut-elle.
Les experts de l’organisation préviennent cependant que, même lorsque des interdictions sont en place, l’industrie du tabac trouve toujours de nouvelles tactiques pour cibler les fumeurs potentiels.
