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De moins en moins de naissances, de plus en plus de monde

Selon le dernier rapport de l’Unicef, le continent africain devrait concentrer 41% des naissances mondiales. Cependant, on ne peut pas dire que ce soit grâce au Maroc, pour qui le taux de fécondité et le nombre de naissances devraient chuter durant les trois prochaines décennies.

De moins en moins de naissances,  de plus en plus de monde
Selon les données réunies dans le rapport de l'Unicef, les enfants de moins de 18 ans représenteront 33.1% de la population totale soit 11.774.000 à l’horizon 2030 contre 10.341.000 en 2050.

L’Afrique a enregistré une nette augmentation de sa population depuis quelques décennies : ses habitants sont cinq fois plus nombreux qu’en 1950. Et la croissance démographique du continent devrait se poursuivre, avec une population qui passera de 1,2 milliard en 2015 à 2,4 milliards en 2050, annonce le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) dans son dernier rapport intitulé «Generation 2030/Africa Report». D’ailleurs, la même source a indiqué qu’«en 2050, environ 41% des naissances mondiales auront lieu en Afrique ; de même, 40% des enfants de moins de 5 ans, 37% des enfants de moins de 18 ans et 35% des adolescents seront africains».

En cause, différents facteurs tels le maintien du taux élevé de fécondité et l’augmentation du nombre de femmes en âge de procréer des pays du continent africain. Cependant, il faut souligner que les tendances démographiques relevées dans ce rapport varient d’un pays à l’autre. C’est notamment le cas du Maroc.
Si les prévisions actuelles indiquent une progression de la population marocaine, qui atteindra 42.884.000 habitants en 2050 contre 39.190.000 en 2030, en revanche, le taux national de fécondité devrait connaître, contrairement à la majorité des autres pays du continent, une baisse progressive. À titre d’exemple, en moyenne, une Africaine aura 4,7 enfants entre 2010 et 2015. Le Niger affiche le taux de fécondité national le plus élevé, avec une moyenne de 7,5 enfants par femme en 2015. En comparaison, au Maroc, une femme avait en moyenne 6.6 enfants durant la période 1950-1955 et ne devrait en avoir pas plus de 2 en 2045, soit moins que la moyenne mondiale (2.5). De ce fait, le nombre de naissance se verra lui aussi réduit. Alors qu’il est estimé à 748.000 en 2015, il ne sera plus que de 574.000 en 2050. Par contre, le nombre de naissances cumulées devait connaître une légère hausse passant de 10.591.000 en 2030 à 11.780.000 en 2050.

Selon les données réunies dans ce rapport, les enfants de moins de 18 ans représenteront 33.1% de la population totale soit 11.774.000 à l’horizon 2030 contre 10.341.000 en 2050. A noter que parmi cette frange de population, les adolescents (12-17 ans) seront de l’ordre de 6.967.000 en 2030 contre 5.706.000 en 2050.
Plus que dans toute autre région, les enfants africains se situent donc au cœur de la transition démographique et sociale du continent. Aujourd’hui, près de 47% des Africains sont âgés de moins de 18 ans, et ils représentent plus de la moitié de la population totale dans 15 pays du continent. L’Afrique enregistre le ratio de dépendance des enfants le plus élevé au monde, avec 73 enfants âgés de moins de 15 ans pour 100 individus en âge de travailler en 2015, c’est-à-dire près du double de la moyenne mondiale. Et c’est sur eux que l’Unicef souhaite miser toutes ses cartes. Selon elle «il sera essentiel d’investir en faveur des enfants pour permettre à l’Afrique de garantir le respect des droits de sa population enfantine en constante augmentation et de tirer profit du dividende démographique potentiel».

En effet, «si on investit dans des dispositifs de santé, d’éducation, de protection et de participation élargis et améliorés, ce milliard d’enfants et leurs prédécesseurs, c’est-à-dire les enfants d’aujourd’hui et de demain, auront les moyens de transformer le continent en rompant les cycles de pauvreté et d’inégalité vieux de plusieurs siècles. En outre, l’Afrique pourrait bénéficier des énormes avantages économiques potentiels qu’ont connus d’autres régions et pays lorsque la structure de leur pyramide des âges aura évolué, grâce à la réduction des ratios de dépendance et à l’augmentation de la population active», souligne l’Unicef.
Et à travers ces jeunes, il y a aussi ces filles, ces femmes, éternels parents pauvres… C’est pourquoi il sera essentiel d’investir en leur faveur notamment dans les domaines de la santé reproductive et de l’éducation, et de lutter contre les mariages d’enfants. Il sera impératif d’investir en faveur des filles et des jeunes femmes et de favoriser leur autonomisation pour ralentir le taux de fécondité des adolescentes et bâtir une Afrique digne de tous. Des programmes élargis visant à mettre fin au mariage d’enfants (c’est-à-dire une union dans laquelle l’une des parties ou les deux sont âgées de moins de 18 ans), une pratique très répandue sur le continent, devront également figurer dans les efforts déployés pour faire face à la transition démographique.

Le mariage d’enfants est un facteur déterminant des taux élevés de grossesse des adolescentes et de fécondité des femmes. Il contribue également beaucoup à les exclure de l’éducation. Il sera primordial d’accorder la priorité à l’éducation des jeunes africaines. Les études montrent clairement que les femmes instruites repoussent leur première grossesse et espacent davantage les naissances que les femmes n’ayant pas reçu d’éducation, et qu’elles sont plus susceptibles de veiller à ce que leurs enfants aillent à l’école et continuent leurs études. L’autonomisation des femmes et des filles africaines doit cependant dépasser les statistiques pour lutter contre les causes de la discrimination, de la marginalisation et de la violence qui portent atteinte à leurs droits. Les obstacles culturels, sociaux, économiques et politiques perpétuant l’aliénation féminine doivent être aplanis de toute urgence si le continent veut gérer sa transition démographique et bénéficier pleinement de la prospérité qu’elle peut apporter.

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