Le combat de coqs continue

La tension n’a pas baissé entre Benabicha et Benatia. Les deux hommes continuent leurs joutes oratoires. Le premier a déclaré sur les ondes d’une radio nationale qu’il avait attendu jusqu’à lundi pour que le défenseur de l’AS Rome lui fasse des excuses, mais qu’il n’avait pas saisi cette chance et il l’avait enlevé de la liste. Benatia, lui, n’a pas laissé l’occasion passer pour en rajouter une couche en réitérant les propos qu’il avait déjà tenus à l’encontre du sélectionneur par intérim.

«C’est un sélectionneur que je n’ai pas envie de connaître et avec lequel je n’ai aucune envie de travailler», a-t-il déclaré à l’Équipe. Beaucoup de bruit pour rien. Benabicha, il faut l’avouer, s’est fait piéger par le journaliste de France Football parce que Benatia n’a pas menacé de ne pas venir en sélection sous l’ère Benabicha. Le joueur de la Roma a conditionné sa participation à la CAN 2015 à la mise en place d’un véritable projet pour l’équipe nationale. Qui dit projet, dit la fédération qui est actuellement aux abois. Benabicha a manqué du tac au moment de répondre à cette question. Il a pris les propos de Benatia comme de l’argent comptant pour lui. Le sélectionneur des U20 a raté également une occasion en or de faire preuve de retenue, d'autant plus qu’il est un sélectionneur national.

Réaction exagérée

Benatia qui a mal apprécié les propos du sélectionneur par intérim a eu une réaction un peu épidermique. Une réaction trop exagérée qui témoigne de la frustration existante au sein de l’équipe nationale. Le capitaine des Lions de l’Atlas qui a indiqué que les propos de Benabicha véhiculaient un message aux supporters de l’équipe nationale aurait pu mesurer ses mots à l’encontre du sélectionneur. Tout ce bruit témoigne du grand malaise dans la sélection nationale qui paie malheureusement la facture de l’irresponsabilité de ses responsables que personne n’entend en ce moment de crise comme si de rien n’était. Le problème est beaucoup plus grave que la guéguerre entre Benabicha et Benatia, comme nous l'a indiqué l’ancien international, Mustapha Hadji, frustré par ce qui se passe au niveau de la fédération et la sélection nationale.

Ce qu'ils pensent de la polémique

Abdeslam Ouaddou, ancien international marocain

«On a l’impression d’être dans une cour d’école»

«Je pense qu’il existe un climat mal sain au sein de l’équipe nationale. Il y a un climat assez tendu à tous les niveaux. Ce climat ne doit pas avoir lieu à seulement quelques mois de la Coupe d’Afrique qui se déroulera chez nous. La petite guéguerre entre le sélectionneur par intérim, Hassan Benabicha, et Mehdi Benatia est le syndrome de cette atmosphère pourrie au sein de la sélection. L’intérêt de l’équipe nationale passe avant toutes ces chamailleries. Les deux hommes auraient pu faire preuve d’intelligence. Ce sont les supporters qui payent les pots cassés de ce climat délétère. Et c’est l’image du Maroc et de la sélection qui en prend un coup. Je ne peux prendre parti ni pour l’un ni pour l’autre parce que je suis sûr que Benabicha et Benatia sont tous les deux amoureux de la sélection nationale. Je ne sais pas si Benabicha s’est fait piéger ou pas. Ce que je peux dire, c’est qu’il faut vite passer à autre chose et préparer comme il se doit la CAN. Les Marocains ne sont jamais bons que quand ils sont dos au mur. Il faut juste commencer à travailler et oublier cette polémique stérile.»

Mustapha Hadji, ancien international marocain

«Ni Benabicha ni Benatia ne sont responsables de ce climat délétère»

«Le climat électrique qui sévit actuellement en équipe nationale est tout simplement le résultat de l’absence du bureau qui aime le football et qui a la passion du travail. Le football est le moteur de notre société. Quand l’équipe nationale va bien, les gens oublient les soucis de leur quotidien. Je n’en veux ni à Hassan Benabicha ni à Mehdi Benatia, il y a une véritable frustration. Benatia sait qu’il y a une grande compétition qui attend le Maroc, mais rien n’est fait pour la préparer comme il se doit. Ses déclarations sonnent comme un cri d’alarme. Quand vous êtes professionnel, c’est frustrant de voir que ça se passe mal au niveau de la sélection. Cette crise -si on peut l’appeler ainsi- indique qu’on a vraiment touché le fond. Il nous faut des gens responsables à la fédération. Ceux qui font passer l’intérêt de l’équipe nationale avant leurs propres intérêts. Depuis quelques années, il n’y a aucune harmonie au niveau de la fédération. C’est donc tout à fait normal qu’il y ait ce climat délétère. Mais ni Hassan Benabicha ni Mehdi Benatia ne sont responsables de cette situation. Le problème se trouve ailleurs. Tant qu’on n’a pas un bureau fédéral en place avec des gens responsables passionnés du travail et de football, on vivra des couacs pareils.» 

Mustapha El Haddaoui, ancien international marocain

«Une polémique regrettable»

«Ce qui s’est passé est dû à un manque de communication. Lors d’une réunion de l’Association marocaine des footballeurs, l’association des anciens internationaux et de l’Amicale des entraîneurs, Benabicha a tempéré son discours en indiquant que ses propos ont été mal interprétés. Benatia doit aussi savoir qu’il est le capitaine de cette équipe et qu’il doit donner l’exemple. Ce qui s’est passé est regrettable. J’espère que cette polémique soudera davantage l’équipe nationale.»

Salaheddine Basser, ancien international marocain

«Résoudre le problème le plus vite possible»

«Il faut faire preuve de responsabilité des deux côtés. Benabicha est un entraîneur prometteur qui a fait ses preuves avec les sélections nationales de jeunes et Benatia est un bon défenseur dont a besoin l’équipe nationale. J’espère que les deux vont faire la paix parce que cette polémique ne profite à personne. Le grand perdant est l’équipe nationale qui s’apprête à disputer la CAN 2015 prévue au Maroc. Il faut faire une médiation entre les deux pour enterrer le problème le plus vite possible. Je suis sûr que tout est dû à un simple malentendu qu’il faut dissiper rapidement.»