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Un fragile trésor surexploité

Présente essentiellement le long de la côte d'El Jadida, l'algue rouge, dont est extrait un gélifiant utilisé pour la confection de confitures ou de cosmétiques, assure des revenus saisonniers à plusieurs milliers de familles. Cette algue est victime d'une surexploitation qui a mis en danger sa pérennité. Des mesures prises ont permis, dès 2011, un retour de 30% de la masse d'algues rouges. Cependant, la menace persiste toujours.

Un fragile trésor surexploité
Des pêcheurs débarquant leur cargaison d'algues rouges sur la plage d'El Jadida, au Maroc, le 20 août 2014. bPh. AFP

Entamée en 1948, l’exploitation de l’algue rouge au Maroc a connu une fulgurante croissance à telle enseigne que le Royaume en fut un temps le premier exportateur mondial. Mais cette surexploitation a mis en danger l’existence de cette espèce obligeant les autorités concernées à en limiter la récolte. Récoltée durant les trois mois d'été sur une petite partie de la côte Atlantique, cette plante permet la fabrication d'«agar agar», un gélifiant végétal utilisé notamment pour la confection de confitures ou de cosmétiques et qui a connu un développement important ces dernières années, en Europe notamment, au point d'entraîner une surexploitation massive, tout particulièrement dans la région d'El Jadida. «Toujours plus de plongeurs, toujours aussi peu d'algues rouges...», témoigne à l’AFP un pêcheur sur une plage d'El Jadida.

Le Maroc, confronté à la raréfaction de cet «or rouge» de plus en plus convoité, a pris des mesures drastiques. Mais le combat sera long. Entre le 1er juillet et le 30 septembre, des milliers de personnes se transforment en pêcheurs, plongeurs ou ramasseurs de ces trésors rouges. Mais cette surexploitation met en danger cette espèce victime de ses bienfaits : «Dans les années 90 et 2000, on faisait jusqu'à 500 kilos d'algues rouges par jour. Mais depuis, la plante est en voie de disparition», selon le pêcheur interrogé par l’AFP. Le Maroc a longtemps fait figure de premier producteur mondial d'agar agar, avant d'être dépassé par la Chine et le Chili, en 2006. À l'aide de matériels de plongée souvent obsolètes, ces récoltes sont périlleuses : il faut parfois descendre jusqu'à 20 ou 25 mètres pour constituer son maigre butin quotidien. «Beaucoup de personnes viennent à El Jadida en pensant que c'est un eldorado. Il n'est pas rare d'assister à des noyades de jeunes inexpérimentés», selon le pêcheur.

La récolte limitée à 6.040 tonnes

Depuis 2010, un «prix de référence» pour le récoltant a été fixé à 3,25 DH le kilo, dans le cadre du «plan d'aménagement» de la filière décrété en urgence par le gouvernement. Ouvert à l’exportation en 1995, le secteur a connu une flambée de la demande. Résultat, ses ressources connaissent une baisse dangereuse depuis 2005, année où 8.500 tonnes de produits bruts ont été exportées. Face à cette situation, les autorités ont dû intervenir pour assurer la survie de l'algue, victime de surexploitation. En 2009, tandis que la récolte culminait à 14.000 tonnes, l'Institut national de recherche halieutique (INRH) avait «tiré la sonnette d'alarme», rappelle, à l’AFP, la secrétaire générale du ministère de la Pêche maritime, Zakia Driouich. «Si nous avions laissé la situation telle qu'elle était, il n'y aurait plus d'algues rouges», assure Mme Driouich, selon qui «l'INRH a observé dès 2011 un retour de 30% de la masse d'algues rouges». Désormais, le quota total est fixé à 6.040 tonnes, dont 20% destinés à l'exportation. Le ministère a commencé à délivrer de courtes formations et des licences. Des équipements aux normes ont été remis à plus de 250 plongeurs. Selon une étude menée par l’Université d’El Jadida pendant les années 2011 et 2012, la majeure partie des algues récoltée et fournie à l’industrie de transformation provient de la zone maritime d’El Jadida et Jorf Lasfar. Ce secteur emploie 700 personnes à plein temps, fournit un travail saisonnier à 8.000 personnes et réalise un chiffre d’affaires de plus de 180 millions DH 

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