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Internet complique la lutte contre le braconnage

Lutter contre le trafic d'animaux sauvages, qui rapporte près de 15 milliards d'euros par an à des réseaux criminels, est plus compliqué avec le «grand supermarché» d'internet qui s'ajoute aux circuits traditionnels, soulignent des experts.

Internet complique la lutte contre le braconnage
En 2013, plus de 2.000 cornes de rhinocéros sont entrées dans le trafic en provenance de l'Afrique. Ça représente 30 fois plus qu'en 2000.

Réunis en séminaire en fin de semaine dernière à Paris, ils ont alerté sur le niveau sans précédent atteint par le braconnage des espèces menacées. «Internet, c'est un grand supermarché ouvert sept jours sur sept», a relevé à l’AFP la directrice du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) pour la France et l'Afrique francophone, Céline Sissler-Bienvenu.
La vente en ligne des espèces sauvages «est un marché émergent, pas encore bien maîtrisé», a-t-elle ajouté. On trouve notamment sur la Toile «des oiseaux et des reptiles pour alimenter la demande en nouveaux animaux de compagnie».

Au terme d'une enquête menée début 2014 sur 280 sites de vente en ligne dans 16 pays, l'ONG a trouvé «un total de 33.006 spécimens, parties du corps et produits dérivés d'espèces menacées» proposés à la vente dans quelque 9.500 annonces, pour une valeur estimée à quelque 7,8 millions d'euros. Selon ce rapport, 54% des annonces concernaient des animaux vivants et 46% des parties d'animaux ou des produits dérivés. «L'ivoire, les reptiles et les oiseaux étaient les articles les plus souvent vendus» et «l'ivoire authentique ou présumé représentait presque 1/3 des annonces et les reptiles 1/4 des articles mis en vente», rapporte l’AFP.

Un éléphant braconné toutes les 15 minutes

Cette cybercriminalité se conjugue aux circuits traditionnels des bandes organisées qui déciment notamment éléphants et rhinocéros dont les cornes sont particulièrement prisées en Asie où on leur prête des vertus miraculeuses. Le trafic de cornes de rhinocéros a été multiplié par 30 entre 2000 et 2013, a affirmé Mme Sissler-Bienvenu. «En 2013, plus de 2.000 cornes de rhinocéros sont entrées dans le trafic en provenance de l'Afrique.
Ça représente 30 fois plus qu'en 2000». «C'est un trafic extrêmement bien organisé et qui est pour l'instant hors de contrôle. Comme pour l'ivoire ou les produits dérivés du tigre, les réseaux de trafic sont très bien organisés, ont une grande adaptation à tous les changements et trouvent des itinéraires de contrebande», a-t-elle ajouté, à en croire l’AFP. Ces bandes criminelles «exploitent tout ce qui est légal et trouvent les failles réglementaires».
Il s'agit d'«une criminalité astucieuse», a souligné le colonel Bruno Manin, de l'Office français de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP). Selon Mme Sissler-Bienvenu, le massacre des rhinocéros, dont la corne se vend plus cher que l'or ou le platine, selon l'IFAW, est impitoyable : le Mozambique, par exemple, «a perdu ses 13 derniers rhinocéros en 2013», a-t-elle affirmé. Et «un éléphant est braconné pour son ivoire toutes les 15 minutes» dans le monde. Pour l'ONG, l'expansion du trafic «nécessite que les agences de lutte contre la fraude coopèrent afin d'apporter une réponse à la hauteur de l'enjeu».

L'OCLAESP va détacher dans les prochains mois un de ses agents auprès d'Interpol à Lyon (France). L'IFAW, quant à lui, finance depuis 2006 à Interpol un poste d'agent spécialisé dans la criminalité concernant la faune sauvage. «Cette nouvelle enquête démontre encore une fois que les réglementations nationales et internationales conçues pour contrôler le commerce d'espèces sauvages, antérieures à l'apparition d'Internet, ne sont pas adaptées pour traiter les problèmes spécifiques liés au commerce en ligne d'espèces sauvages et de leurs produits dérivés», précise Céline Sissler-Bienvenu, directrice d'IFAW France et Afrique francophone.
«Néanmoins, leur application stricte telle que s'y emploie eBay.fr au quotidien depuis 2009 porte ses fruits et contribue à réduire l'ampleur de ce commerce en ligne» poursuit-elle. 

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