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Quel scénario devant Artur Mas pour son projet souverainiste ?

Après le niet affiché lundi par le pouvoir central à Madrid et le recours devant le Tribunal constitutionnel, le Chef du gouvernement autonome de la Catalogne, une région du nord-est de l'Espagne, Artur Mas, oserait-il aller jusqu'au bout de son projet indépendantiste et convoquer une consultation référendaire le 9 novembre prochain ?

Quel scénario devant Artur Mas pour son projet souverainiste ?
Mariano Rajoy (à gauche) a mis en garde Artur Mas (à droite) contre les conséquences du processus de l'indépendance engagé depuis décembre 2013. Ph. AFP

C’est la question que se posent analystes, médias et simples citoyens en Espagne, ainsi que les Catalans, surtout les réticents, vis-à-vis de l'aventure du nationaliste Artur Mas. Le gouvernement espagnol a déjà décidé de saisir le Tribunal constitutionnel (TC) contre la convocation d'un référendum sur l'indépendance de la Catalogne, jugé «illégal», également par le principal parti de l'opposition le Parti socialiste ouvrier (PSOE).
Dans une déclaration institutionnelle, lue au terme d'une réunion d'un Conseil des ministres extraordinaire, le Chef de l'exécutif central, Mariano Rajoy, a mis en garde Artur Mas contre les «conséquences» de ce processus engagé depuis décembre 2013. «Rien, ni personne, ni aucun pouvoir, ni aucune institution ne peut rompre ce principe de souveraineté unique, indivisible sur lequel se fonde notre vie commune», a averti M. Rajoy après la saisie de la justice. «Ni l'objet, ni la procédure de vote ne sont compatibles avec la Constitution espagnole», a encore dit le président du gouvernement central, mettant en garde le chef de la Généralitat contre les «conséquences» du processus engagé pour convoquer cette consultation, tout en lui offrant la possibilité d'un «dialogue fructueux», mais toujours dans le cadre du «respect de la légalité».

Mariano Rajoy a souligné que le droit de voter invoqué par Mas est un discours «démagogique». «La loi démocratique n'est pas un corset contre la liberté, mais elle garantit l'égalité et la sécurité pour tous», a affirmé M. Rajoy, soulignant qu'«il n'y a pas de démocratie sans loi». «La consultation porte atteinte aux droits des Espagnols», a-t-il affirmé. «Je le regrette, car cela va à l'encontre de la loi, elle dépasse le cadre de la démocratie, elle divise les Catalans, les éloigne de l'Europe et du reste de l'Espagne, et porte gravement atteinte à son bien-être», a affirmé le Chef du gouvernement espagnol. «Sans parler de la frustration à laquelle elle condamne une partie des citoyens catalans en les poussant à participer à une initiative qui ne pourra voir le jour en raison de son illégalité», a indiqué le chef du Parti populaire (PP), farouchement opposé à la tenue de cette consultation. Devant cette mise en garde, Artur Mas, qui subit beaucoup de pression de la part de ses alliés dans le Parlement régional et des partisans de l'indépendance, se voit aujourd'hui contraint de chercher une autre issue, sachant qu'il avait assuré par le passé que cette consultation «aura lieu» et sera «légale». Artur Mas n'a d'ailleurs pas cessé de demander à Madrid d'autoriser le vote, comme Londres a autorisé le référendum du 18 septembre dernier quand l'Écosse a dit non à son indépendance du Royaume-Uni, un vote qui a été bien accueilli par le pouvoir à Madrid. Le projet de M. Mas, dévoilé en décembre 2013, est de soumettre deux questions aux électeurs catalans : «Voulez-vous que la Catalogne devienne un État ? Voulez-vous que cet État soit indépendant ?»
L'admission du recours par les magistrats du Tribunal constitutionnel suspendra automatiquement le décret de convocation. Le gouvernement catalan dispose de 15 jours pour déposer un recours contre ce verdict. «Le processus ne s'achève pas avec une décision du Tribunal constitutionnel», qui annulera probablement le décret, a déclaré Artur Mas, dimanche sur la chaîne privée «La Sexta», avant de préciser que le référendum, même en cas de victoire du oui, ne conduirait pas automatiquement à la sécession de la Catalogne : «Convoquer la consultation ne revient pas à déclarer l'indépendance, il s'agit de savoir ce que pensent les Catalans», estime-t-il.

Sans attendre le recours de Madrid, le gouvernement autonome catalan a donné dès dimanche le coup d'envoi aux préparatifs logistiques du scrutin, alors que la campagne officielle ne devra démarrer que le 2 novembre. Quelque 5,4 millions d'électeurs de plus de 16 ans, vivant en Catalogne, seraient appelés aux urnes, auxquels s'ajoutent quelque 2.500 Catalans résidant à l'étranger.

En attendant la sentence du Tribunal constitutionnel, le dirigeant catalan sera-t-il obligé, au cas où le TC rejette son plan, de convoquer des élections anticipées dans cette région, comme il l'avait fait précédemment lorsqu'il s'était trouvé face à une situation de crise ? Une option que le porte-parole de l'exécutif autonome, Francesc Homs, a d'ailleurs écartée récemment. «Il n'y aura aucune élection anticipée ni le 9 novembre, ni après cette consultation», avait déclaré le porte-parole du gouvernement autonome catalan. «Le seul scénario sur lequel nous travaillons est celui d'une consultation et non d'élections anticipées», avait-il dit. 

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