Àl’origine de la crise en Thaïlande, une loi d’amnistie dénoncée comme taillée sur mesure pour le frère de Yingluck, Thaksin Shinawatra, ancienne Premiere ministre aujourd’hui en exile. Depuis des manifestations ont fait plusieurs victimes et la crise pourrait s’aggraver en l’absence d’un Parlement. «Elle risque une interdiction de vie politique pendant cinq ans», a déclaré un membre de la commission anticorruption, Vicha Mahakhun, lors d’une conférence de presse. En revanche, la vingtaine de membres de son gouvernement ayant échappé au limogeage mercredi ne sont pas touchés par cette procédure, a-t-il précisé. La Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra, reconnue coupable d’abus de pouvoir, a été destituée mercredi dernier, tournant symbolique important pour les manifestants qui réclamaient sa tête depuis des mois, même si son gouvernement reste de facto aux manettes. Sa destitution à peine annoncée par la Cour constitutionnelle, Yingluck Shinawatra a été remplacée par une figure de second plan de son gouvernement, le ministre du Commerce Niwattumrong Boonsongpaisan, ayant le rang de vice-Premier ministre. «Je me suis toujours tenue à la loi et n’ai jamais été impliquée dans des affaires de corruption ou de népotisme», a commenté lors d’une ultime adresse télévisée la Première ministre, tombée pour une banale affaire de transfert d’un haut fonctionnaire.
Cris de joie
Sa destitution et celle de neuf ministres sur 35 ont été accueillies par des cris de joie et des pas de danse parmi les manifestants campant dans un parc du centre de Bangkok, a constaté l’AFP. À la Cour constitutionnelle, les manifestants antigouvernementaux dans la rue depuis six mois ont salué la décision à coups de sifflet devenus leur signe de ralliement. Mais les manifestations prévues dans les deux camps dans les prochains jours sont maintenues, faisant craindre de possibles nouvelles violences, alors que la crise a déjà fait plus de 25 morts en six mois de protestations de rue. Les manifestants thaïlandais, dans la rue depuis six mois, ont annoncé jeudi être prêts à former leur propre gouvernement. L’annonce de la liste des membres de ce «gouvernement» sera faite lors d’une grande journée d’action vendredi, qualifiée de décisive par les manifestants. Mais la formation de ce qui ressemble fort au «conseil du peuple», non élu, auquel aspire l’opposition, risque d’être perçue comme une provocation. «C’est la ligne rouge à ne pas franchir. Ou bien les Chemises rouges (qui soutiennent Shinawatra) descendront en masse», redoute l’analyste indépendant David Streckfuss, interrogé par l’AFP. Mais avec un Premier ministre par intérim et un gouvernement certes amputé, mais encore aux manettes, la situation reste de facto inchangée, la Cour constitutionnelle n’ayant pas procédé au vide politique radical qu’aurait constitué la destitution de tout le gouvernement. «Il y aura un Conseil des ministres vendredi pour allouer de nouvelles positions aux ministres restants», selon le vice-Premier ministre Phongthep Thepkanjana. Ce nouvel épisode de la crise politique intervient alors qu’il n’y a pas de Parlement, dissous depuis décembre 2013.