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Le tapis rbati en péril

L’avènement de la technologie n’a pas été sans conséquence sur le tapis rbati, actuellement en plein essoufflement.

Le tapis rbati en péril
Les bazaristes se tournent désormais vers le tapis berbère ou glaoui. Ph. Kartouch

«Le vrai tapis traditionnel rbati a de plus en plus de mal à trouver sa place dans le marché marocain à cause de la concurrence imposée par le faux tapis ou plutôt le tapis synthétique». Fracassante, la déclaration est signée Benhssine Ali, propriétaire d’une boutique de tapis dans la rue des consuls. Les professionnels du métier s’accordent à dire que le tapis traditionnel, fait main, connaît de manière générale une vraie chute libre, et ce, depuis les années 90, date de l’apparition du tapis «imité». El Haj Bensaîd, commerçant, estime que le phénomène avait commencé avec l’introduction de tapis fabriqués en Belgique et en Espagne.

Mais la vraie concurrence ne s’est fait sentir qu’avec la création de deux usines de fabrication de tapis au Maroc. Ainsi, ces tapis se sont vite imposés dans le marché vu leur prix considéré comme très bas par rapport à celui des tapis faits main. En ce sens, un tapis fabriqué à la machine coûte souvent trois fois moins qu’un vrai tapis traditionnel, voire un prix encore plus bas, puisqu’on peut trouver des tapis identiques à ceux rbatis, de dimension 2X3 mètres, à 600 DH alors que le prix du même tapis fait à la main peut atteindre 5.000 DH. «Cette différence peut paraître immense, mais elle ne l’est pas vraiment pour ceux qui connaissent la qualité du produit fait à la main. Un vrai tapis rbati nécessite entre un à deux mois pour être achevé. Cela dépend en fait du nombre de femmes qui travaillent dessus, mais aussi de la matière utilisée qui fait que certains tapis rbatis coûtent plus cher que d’autres», explique Mohammed El Alami, propriétaire d’un bazar.

En effet, il existe deux types de tapis rbatis. Le premier type est le tapis «Extra» fait à base de laine uniquement. Ce dernier se distingue par le nombre de points qui composent la trame et qui peuvent aller jusqu’à 40 points sur 10 centimètres. En ce sens, le tapis de qualité «Extra» est considéré comme le plus cher tapis du marché, puisqu’il coûte entre 1.000 et 1.500 DH le mètre carré. Le deuxième type de tapis rbati est nommé le tapis de qualité «Supérieure». Ce tapis fait à base de laine et de coton prend moins de temps pour être fabriqué puisque sa trame ne prend que 30 points sur 10 centimètres. Par conséquent, il se vend moins cher puisque le prix ne dépasse pas 500 DH le mètre carré.

Mais malgré le prix plus au moins bas du tapis rbati de deuxième qualité, le client marocain préfère toujours le faux tapis fabriqué à base de nylon. Cette situation a amené la plupart des propriétaires de bazar, dans la rue des consuls à l’ancienne médina, à se «spécialiser» dans les tapis et les kilims berbères comme les tapis «Akhnifs» fabriqués dans la région de Bajaâd, ou encore les tapis glaoui et les tapis «Taznakht» faits au sud et vendu à 1.000 DH le mètre carré. En effet, ce genre de tapis n’a pas encore été touché par l’imitation, ce qui a poussé les vendeurs et les artisans à encourager ce produit. «Nous essayons de promouvoir ces tapis en créant à chaque fois de nouveaux modèles pour rendre la tâche de l’imitation plus difficile», explique pour sa part Ahmed, artisan et employé dans un bazar. 

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