Menu
Search
Vendredi 19 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 19 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Spécial Marche verte

La parole aux enfants abandonnés

L’Association «Bébés du Maroc» a organisé, dernièrement à Casablanca, la cinquième édition du Salon de la petite enfance et de la kafala, sur le thème «Nos enfants sont tous égaux».

La parole aux enfants abandonnés
Sur 153 enfants qui naissent chaque jour au Maroc hors mariage, 24 sont abandonnés.

Le nombre d’enfants abandonnés au Maroc ne cesse d’augmenter. Chaque jour 153 bébés naissent hors mariage, 24 d’entre eux sont abandonnés, c’est ce qu’avait démontré une enquête effectuée en 2010 par le cabinet Amers pour le compte de l’association Insaf sur les mères célibataires au Maroc. Des chiffres terribles qui nous poussent à nous demander quel sort est réservé à ces enfants si personne ne les adopte. Afin d’encourager les familles marocaines à franchir le pas de la kafala ou du parrainage des enfants abandonnés, l'Association «Bébés du Maroc» a organisé, samedi dernier à Casablanca, la cinquième édition du Salon de la petite enfance et de la kafala, sur le thème «Nos enfants sont tous égaux».

Cette rencontre s'assigne également pour objectif la sensibilisation du grand public à l’importance des actions préventives et de la prise en charge des bébés abandonnés et son impact positif sur ces enfants. Plusieurs ateliers ont été organisés en marge du Salon pour étudier les différentes problématiques concernant les enfants abandonnés. Cette cinquième édition du Salon a également été marquée par l’organisation d’un colloque sur «La société civile : quelles recommandations pour une meilleure protection de la petite enfance ?» qui a été animé par un parterre d'experts nationaux et internationaux. «Notre principal objectif est de lutter contre la stigmatisation qui entoure les enfants abandonnés. C’est pourquoi nous avons décidé cette année, en plus des conférences organisées en marge du Salon, d’introduire une nouveauté. Nous avons, en effet, donné la parole aux enfants initialement privés de leurs familles, pris en kafala soit par des familles ou par des institutions, pour parler de leurs “success-stories”. Nous avons également invité pour témoigner des enfants parrainés par quelques associations au sein de leurs familles biologiques», indique Asmâa Benslimane, présidente fondatrice de l’Association «Bébés du Maroc» et coordinatrice générale du Salon de la petite enfance et de la kafala. Et de poursuivre : «Cette année, la cinquième édition du Salon de la petite enfance et de la kafala était très réussie dans la mesure où nous avons pu casser les barrières du silence en donnant la parole aux enfants privés de leurs familles pour transmettre des messages du cœur. Nous comptons partager l’enregistrement de ces témoignages avec le public pour créer plus d’impact».

À l’issue de cette cinquième édition du Salon de la petite enfance, plusieurs recommandations ont été formulées. «Les principales recommandations sont toutes en relation avec le thème de cette édition “Nos enfants sont tous égaux”. Premièrement, les enfants marocains avec ou sans famille sont égaux et doivent le rester, les exemples de témoignages qu’on a eus le montrent clairement, les adultes qui ont témoigné ont bien réussi dans leurs vies malgré les difficultés. Aussi, faut-il aider davantage la société civile qui fournit des efforts colossaux pour garantir aux enfants privés de leurs familles une vie décente, et enfin quand une famille décide de franchir le pas de la kafala, le sexe de l’enfant ne doit pas poser un problème. Vouloir à tout prix une fille ou un garçon n’a pas de sens. L’association des parents adoptifs de France Kafala.fr est venue spécialement de Paris pour partager avec nous son expérience de kafala loin de toutes considérations de sexe», conclut Asmâa Benslimane. 


Questions à Asmâa Benslimane, présidente fondatrice de l’Association «Bébés du Maroc»

«Il faut réviser la loi actuelle qui régit la kafala pour en simplifier la procédure»

La société civile fournit beaucoup d'efforts pour assurer une bonne protection des enfants abandonnés, croyez-vous que cela soit suffisant ?
Le travail fourni par la société civile est important, mais il n’est pas du tout suffisant. Toutefois, cela reste une solution parmi d’autres, car la famille est le lieu normal pour un enfant. Il faut également rappeler que l’État joue aussi un rôle important dans ce domaine.

Que pensez-vous de la loi actuelle qui régit la kafala au Maroc ?
Il faut procéder à la révision de la loi actuelle qui régit la kafala pour simplifier la procédure, jugée trop longue et compliquée, ce qui amène les demandeurs impatients de kafala à abandonner leurs demandes à mi-chemin. Il faut également uniformiser la procédure de la kafala, en veillant à ce que la procédure de la kafala soit appliquée de la même manière dans les différentes régions du Royaume et exiger l’intervention du tribunal en cas de ré-abandon de l’enfant par son kafil. En cas de demande de restitution de l’enfant par ses parents biologiques, il faut trouver une solution pour protéger les parents kafils et aussi clarifier les conditions de nomination du deuxième kafil en cas de décès du premier et le retour du makfoul à l’orphelinat en cas de non-nomination. Par ailleurs, il faut procéder à l’application effective des mesures de suivi et de contrôle prévues par la procédure de la kafala.

Qu’en est-il de la circulaire publiée par le ministère de la Justice et des libertés fin 2012 sur la «kafala» accordée aux étrangers ?
Le 19 septembre 2012, le ministère de la Justice et des libertés marocain a émis une circulaire sous la référence N° 40 S/2, visant à rendre impossible la kafala des enfants marocains par des musulmans non-résidents au Maroc. Ce document a été adressé aux procureurs généraux près des Cours d’appel, et aux procureurs des tribunaux de première instance. Malgré la colère des associations de protection des enfants, qui pensent que ce document va aggraver la situation en mettant les centres dans l’incapacité de recevoir plus d’enfants, ce qui fera d’eux de futurs délinquants, ladite circulaire est toujours en vigueur.

Lisez nos e-Papers