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Sensibilisation aux grossesses non désirées

L’Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC) lance une campagne baptisée «Grossesses non désirées : mieux connaître pour mieux prévenir». La mobilisation qui a débuté le 22 juillet se poursuivra jusqu’à la fin de l’été.

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Entre 600 à 800 cas d'avortements clandestins sont enregistrés quotidiennement au Maroc, dont certains provoquent des complications graves sur la santé de la femme et peuvent conduire au décès, une situation que le Pr Chafik Chraïbi, président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC) qualifie de «véritable tragédie».

Cette situation inquiétante a poussé l’Association à lancer une campagne nationale de sensibilisation à ce phénomène. Cette opération baptisée «Grossesses non désirées : mieux connaître pour mieux prévenir» a débuté mardi 22 juillet et se poursuit jusqu’à la fin de l’été. Le choix de cette période n’est pas un hasard. «L’été est par excellence la période où les risques sont le plus élevés.

Durant la période estivale, les rapports sexuels ont tendance à augmenter et on relève une recrudescence de grossesses non souhaitées», note le Pr Chraïbi. La presse écrite, la radio et l’audiovisuel ont été mobilisés dans le cadre de cette opération. Un intérêt particulier est porté à la contraception.
L'avortement constitue la première des solutions pour se débarrasser d’une grossesse non désirée qui
risquerait d’engendrer de graves problèmes sociaux (suicide, expulsion du giron familial, crimes d'honneur, abandons d’enfants, infanticides, etc.).

Pourtant une solution existe : la contraception d’urgence. Celle-ci permet d’éviter une grossesse non désirée après un rapport sexuel non ou mal protégé. Cette contraception d’urgence se présente sous la forme d’une pilule du lendemain qui est présente sous deux types : le Norvelo (94 DH) et EllaOne (215 DH). La première permet de prévenir une grossesse jusqu’à 3 jours après le rapport sexuel non protégé. Quant à la seconde, elle peut être utilisée jusqu’à 5 jours après le rapport. Cependant, la pilule du lendemain est loin d’être ancrée dans les habitudes des Marocaines. Seule une minorité connaît son existence. Il existe toutefois un autre moyen de prévention, le stérilet. Réservé généralement pour les femmes ayant déjà eu un enfant, il peut aussi servir de contraception d’urgence. Le gynécologue peut le mettre en place jusqu’à 5 jours après un rapport non protégé. Enfin, la dernière des précautions reste la prévention. Comme le souligne le Pr Chraïbi, celle-ci passe par l’éducation sexuelle dans les écoles. «À travers notre campagne de sensibilisation et de prévention, c’est à l’éducation sexuelle de nos citoyens et citoyennes que nous aspirons. Parler de sexualité sans tabou est une obligation. Permettre une information précise sur la grossesse non désirée est une urgence. Et dans certaines mesures garantir l’accès à l’avortement à celles qui ne désirent pas la poursuivre est un droit», conclut le président de l’AMLAC.

Bien que ces solutions existent et sont légales, le manque d’éducation sexuelle de la population fait que certaines femmes n’en ont pas connaissance. Elles ont alors recours à des méthodes farfelues et dangereuses comme s’introduire un cintre ou un pic à brochette dans le vagin. D’autres utilisent un médicament, le Misoprostol, habituellement utilisé pour prévenir les ulcères de l’estomac. Elles l’utilisent pour provoquer une fausse couche. Dans 80% des cas, Misoprostol provoque des contractions de l’utérus. Comme conséquence, l’utérus libère son contenu. Une femme peut ressentir des crampes douloureuses, avoir des pertes sanguines plus importantes qu’une menstruation normale, des nausées, des vomissements et de la diarrhée. Cependant, il y a un risque d’hémorragie notamment au-delà de 12 semaines de grossesse. En effet, le risque d’hémorragie, de douleur et les complications augmentent proportionnellement avec la durée de la grossesse. De plus, ces femmes prennent généralement un dosage important du médicament pour être sûres de provoquer la fausse couche. Et quand misoprostol ne peut être délivré sans ordonnance, elles se dirigent vers ses dérivés : Cytotec, Cyprostol et/ou Mosotrol qui sont des noms commerciaux pour Misoprostol. Après avoir provoqué l’interruption de la grossesse, elles se rendent à l’hôpital en prétextant avoir eu une fausse-couche spontanée puisque le médecin ne peut pas faire la différence.

Le nombre de grossesses non désirées et leurs répercussions sont, selon le Pr Chraïbi, une conséquence de la loi réglementant l'avortement qui «n'est pas compatible avec les réalités sociales au Maroc». Celui-ci indique qu’il serait «préférable pour certains cas, à savoir le viol, l'inceste et les malformations du fœtus, de procéder à l'avortement dans de bonnes conditions médicales pour limiter les conséquences de l'avortement clandestin». Selon le Pr Chraïbi, la question de l’avortement pourrait être facilement réglée si l’article 453 était mieux interprété et plus précis. Ainsi, selon cet article, l’avortement n’est autorisé que dans le cas où la vie ou la santé de la mère sont mises en jeu sans tenir compte de sa santé psychique. Cela dit, si l’on se réfère à la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il est possible d’observer que la définition de la santé prend en compte à la fois l’aspect physique et mental : «La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité», conclut finalement le président de l’AMLAC.

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