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Relogement : un vrai parcours du combattant

Plusieurs ex-bidonvillois sont en litige avec le tiers associé pour non-respect du montage relatif au principe du lot bifamiliale, un mode opératoire qui concerne plus de 90% des ménages.

Relogement : un vrai parcours du combattant
Plusieurs constructions connaissent l'apparition de fissures sur les murs, le plafond et le sol.

Les soucis des bidonvillois ne se terminent pas avec la livraison des lots bifamiliaux. La plupart d’entre eux se lancent dans une rude épreuve pour la recherche d’une tierce personne ou un crédit bancaire afin de financer les travaux de construction. À partir de ce moment, ils entrent dans une nouvelle expérience souvent chargée de mauvaises surprises. C’est le cas d’Abderrahman, ancien résidant au bidonville «Kabla» à Hay Mohammadi et bénéficiaire en 2010 d’un lot de terrain de 90 m2 à Lahraouyine relevant de la préfecture de Médiouna. Ce père de famille a confié la construction de son logement à son voisin également bénéficiaire de l’opération de relogement. «Nous avons établi un contrat qui stipulait la fin des travaux dans un délai de 8 mois. L’autre bénéficiaire chargé du chantier devait me payer un loyer de 2.000 DH pendant cette période. La maison ne m’a été livrée qu’au bout d’une année. Pis, mon loyer n’a pas été payé durant la période supplémentaire. À ma grande surprise, les travaux de finition n’ont pas été réalisés. De fait, j’ai refusé de signer une décharge indiquant la fin des travaux», nous confie Abderrahman.

Comme lui, des centaines de familles se retrouvent en litige qui peut arriver jusqu’au tribunal. «Les problèmes posés dans le cas de distribution de lots bifamiliaux sont les mêmes. Les bénéficiaires ne sont souvent pas satisfaits du résultat rendu. Parfois, ils exigent des travaux de finition dignes du moyen ou haut standing, vu qu’ils ont toujours rêvé de la maison parfaite. Des fois, ils sont aussi déçus d’avoir des logements qui ne respectent pas les normes requises», explique un responsable du suivi de l’opération de relogement. Malgré les litiges, les familles incapables de payer le loyer se retrouvent forcées de rejoindre des maisons qui ne sont pas encore prêtes d’un point de vue technique à les accueillir. «Aucun comité ne se déplace pour attester de la conformité des travaux réalisés. Une fois le chantier terminé, parfois avant, les familles commencent le déménagement. Dans mon cas, mon associé a loué les magasins et une maison sans avoir le permis d’habiter», affirme Abderrahman qui a pu également accéder à sa «nouvelle maison» au niveau de Lahraouyine malgré les nombreuses fissures apparues sur les murs, le plafond et le sol. De même, son logement n'a pas encore été branché aux réseaux d’électricité et d’eau potable. Ici, le permis d’habiter est le dernier souci des bénéficiaires. L’essentiel pour eux est de «se caser» dans un chez soi. Selon certains responsables communaux, les familles pouvaient accéder facilement à leurs logements, mais après le drame de Bourgogne, les autorités exigent le permis d’habiter. «Personne ne veut prendre la responsabilité d’un tel accident d’autant que plusieurs constructions nécessitent une révision au moins pour colmater les fissures. Un avis technique est indispensable pendant et à la fin des travaux». «Quand j’ai constaté l’état lamentable de la nouvelle construction, j’ai fait une réclamation auprès de la société responsable de ce projet et auprès de plusieurs autorités en vain. Seule la justice pourra me rendre mon droit à un logement sain», souligne Abderrahman. Au niveau de Lahraouyine, plusieurs familles brandissent des banderoles dénonçant leurs situations.

«On a déménagé d’un bidonville en zinc et plastique pour habiter dans un bidonville en béton. On ne peut dire qu’on bénéficie d’un vrai logement tant que les travaux de finition ne sont pas faits, tant que les fissures décorent nos murs et surtout tant qu’on n’a pas d’électricité et d’eau potable», déplore un autre bénéficiaire en conflit avec son associé. Pourtant, ces logements réalisés «à la sauvette» nécessitent un budget d’environ 300.000 à 400.000 DH. Certaines personnes en font un vrai business. Elles dénichent des bidonvillois en besoin, leur construisent une maison en contrepartie d’un appartement ou d'un garage ou les deux parfois. Ces associés font au moins 100.000 DH de bénéfices dans la revente des appartements. «Certaines personnes comme mon associé ont acheté des baraques avant le recensement.Elles proposent de financer les constructions pour leurs voisins. Ainsi, ils bénéficient non seulement du terrain octroyé, mais également du rez-de-chaussée et du premier étage dans chaque immeuble réalisé», indique Abderrahman. Il convient de rappeler que le principe du lot bifamilial permet l’association avec un tiers, petit entrepreneur qui s’engage à réaliser un immeuble en R+3 selon le montage suivant : attribution du rez-de-chaussée et du premier étage au promoteur-partenaire, attribution du second et du troisième étage, à usage d’habitation, à chacune des familles bidonvilloises.

Ce mode opératoire concerne plus de 90% des ménages bidonvillois transférés. Il constitue une réponse efficiente à l’insolvabilité des ménages et aux limites du prêt bancaire pour les ménages à faible revenu (Fogarim). L’entrepreneur prend à sa charge la construction des appartements des deux familles concernées, ainsi que le loyer durant 6 mois, période correspondant au délai moyen de livraison des appartements. Le promoteur prend également en charge les frais notariaux, les frais du Cadastre et de la Conservation foncière. En outre, il restitue aux deux familles les 40.000 DH payés au moment de livraison du lot de terrain. 

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