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Trois Casablancais portent l'Alzheimer au sommet du Kilimandjaro

Cette ascension contre l'oubli vise à sensibiliser les Marocains aux souffrances des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et de leurs proches. Un appel au don sera bientôt lancé pour financer la construction, à Casablanca, du premier centre d'accueil du pays.

Trois Casablancais portent l'Alzheimer au sommet  du Kilimandjaro
Après avoir vaincu le plus haut sommet d'Afrique, les trois compères ont immortalisé ce moment en posant avec le drapeau national.

Fatima Ez-Zahra Aabik, son mari Hassan Alaoui et leur amie Saïda Bouhmidi ont atteint le sommet du Kilimandjaro. Ils ne sont certainement pas les premiers à avoir planté le drapeau marocain sur le plus haut sommet de l’Afrique, mais grâce à la cause qu'ils défendent, leur expérience est devenue unique. Ces trois amis, ingénieurs de formation, ont grimpé les 5.895 mètres en soutien aux malades d’Alzheimer. Ils ont appelé leur challenge «l’ascension contre l’oubli».

«Au-delà du défi sportif, nous avons souhaité que cette aventure soit liée à une cause humanitaire. Après une longue recherche, le combat de l'Association marocaine Alzheimer et maladies apparentées (Amama) nous a beaucoup touchés parce qu’il concerne toutes les familles marocaines. Après la participation à plusieurs événements au profit de l’Amama, nous avons décidé que l’ascension du Kilimandjaro soit l’occasion de réunir des fonds pour soutenir la construction du premier centre d’accueil pour Alzheimer», explique Fatima Ez-Zahra Aabik, une jeune maman et épouse assoiffée de sport et de nouveaux challenges. Elle a choisi, avec les deux autres membres de l’équipe «Kili-lions», de prendre à leur charge les frais du voyage, pour un montant de 40.000 DH, espérant seulement sensibiliser les Marocains à cette cause et lever les fonds nécessaires pour aider les personnes atteintes d’Alzheimer et leurs proches. En alliant plaisir et bénévolat, les trois grimpeurs avaient pour ambition d'attirer l’attention sur une maladie oubliée par le ministère de la Santé, comme l’oubli qui ronge les neurones des personnes qui en souffrent. En effet, le Maroc compte 90.000 personnes atteintes de cette maladie et pas un seul centre de prise en charge. Vu l’absence flagrante de structures d’accueil, les parents et les proches des malades vivent une détresse insoutenable.

À travers le challenge de l'ascension du Kilimandjaro, les trois compères voulaient faire connaître davantage cette maladie «parce que les efforts lors de ces expéditions peuvent être comparés dans une moindre mesure aux efforts et aux souffrances vécues par les malades». Ils ont grimpé un sommet en portant l’espoir de concrétiser le rêve de l’association Amama : la construction du premier centre d’accueil de Jour. Et leur rêve s’est réalisé en déployant une banderole, mettant en avant ce soutien, au sommet du Kilimandjaro. Aujourd’hui, l’équipe veut réaliser un reportage photo et rechercher les sponsors pour financer la construction dudit centre d’accueil. Leur appel aux dons sera soutenu par des artistes marocains. Au-delà des messages et des photos, cet appel comportera des sentiments, des efforts physiques, psychologiques et émotionnels, une expérience de vie qui renvoie à la réflexion aux relations sociales et humaines et aux réels besoins de la vie.

Une expérience humaine

«Durant ce voyage, on a adopté des choix de consommation minimalistes. On consommait l’eau et les aliments avec modération. Dès le départ du Maroc, on devait faire le choix des produits réellement essentiels. C’était vraiment rudimentaire, mais passionnant. On a aussi découvert le magnifique peuple de la Tanzanie et le peuple des Massaïs», confie Fatima Ez-Zahra Aabik, qui raconte avec une voix calme et un visage souriant les périples d’un circuit de 64 km faits en 5 jours : «Au cours de l’ascension, on a dû gérer le manque de sommeil et les différentes réactions physiques face à l’altitude. Durant la dernière étape avant l’arrivée au sommet, on a marché 22 h sur 24, mais l’émotion était indescriptible. L’image des petites chenilles humaines grimpant la montagne était aussi majestueuse».

Une fois en haut du Kilimandjaro, le trio a pu voir ses efforts se concrétiser. Leurs larmes témoignaient de leur joie. Une émotion que Saïda Bouhmidi a eue pour la deuxième fois dans sa vie. Le fait de porter une cause au plus haut sommet de l’Afrique n’a pas d'équivalent. «Quand on a dépassé les 5.000 m, je me suis posé la question du retour, mais en contrepartie, je ne savais pas comment expliquer cette décision à ma fille que j'ai laissée pendant 15 jours, pour la première fois de ma vie, aux personnes qui portent espoir en cette ascension. Le désistement était aussi indiscutable avec les responsables du voyage, sauf en cas d’urgence médicale», explique Fatima Ez-Zahra Aabik. Pour regrouper ses forces, cette dernière, encouragée par son mari, a cessé de compter les distances. Après la première étape du voyage, l’équipe a suivi doucement les pas du guide. Malgré le froid, le manque de sommeil, la fatigue et même parfois des soucis de santé, les trois amis n’ont pas lâché prise. Le projet du centre d’accueil Jour Alzheimer devant les yeux, ils ont relevé tous les défis en espérant que des mécènes ressentiront leurs efforts et surtout les souffrances des personnes atteintes d’Alzheimer et de leurs familles. 

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