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Àl'ancienne médina de Casablanca, aux heures de pointe, quand tout le monde se précipite pour rentrer chez lui, les fameux triporteurs, équipés de quelques sièges improvisés à l'arrière, s'arrêtent devant la station des grands taxis menant à Hay Hassani. Les passagers les plus désespérés et las de l'attente se ruent vers les véhicules à trois roues. «Nous ne pouvons pas éviter cette rude concurrence. Ils nous volent pratiquement les passagers, mais nous ne pouvons rien y faire», se plaint un chauffeur de taxi.
Dans le quartier industriel de Ain Sebaa, la même scène se répète tous les jours. Les jeunes employées des usines situées dans le quartier préfèrent utiliser les triporteurs comme moyen de transport, pour qu'elles puissent faire des économies. «C'est un moyen de transport comme les autres ! J'habite à Anassi et il faut donc que je prenne au moins un bus et un petit taxi pour rentrer chez moi. Ces triporteurs me permettent d'économiser mon argent», explique Souad, ouvrière dans une usine de textile, avant de se diriger avec ses amies vers les dizaines de triporteurs stationnés un peu plus loin.
À Derb Omar aussi, l'un des quartiers commerciaux les plus importants de la capitale économique, des dizaines de triporteurs stationnent depuis le petit matin dans toute la zone.
Ils sont si nombreux qu'ils éclipsent les quelques petites camionnettes, qui ont choisi un autre espace afin d'éviter une concurrence, qui a pour premier et seul argument le prix.
Les triporteurs, spécialisés dans le transport de marchandises, mais aussi des personnes, stationnent à proximité de toutes les zones marchandes de Casablanca. À Derb Omar, Garage Allal, Aïn Sebaa,
à côté des marchés comme celui de Sidi Moumen, ou même de Morocco Mall… Ils sont un peu partout, et offrent leurs services à des prix défiant toute concurrence. Ils représentent une alternative face aux embouteillages qui sévissent aux heures de pointe. Ainsi, ils sont utilisés par les citoyens en attente des bus ou des grands taxis.
Ils sont également une aubaine pour les habitants des quartiers périphériques des grandes villes qui souffrent d'un manque important de services publics. En effet, l'absence de moyens de transport commun dans certaines régions joue un rôle important dans la prolifération des triporteurs.
L'utilité de ces véhicules n'est donc pas à prouver, mais le problème vient des risques qu'ils représentent. En effet, même s'ils profitent à une population à petites bourses et sont une source de revenus pour des dizaines de milliers de familles, les triporteurs constituent toutefois un danger pour la sécurité corporelle des citoyens.
Sans permis, les triporteurs sont conduits en toute imprudence. En plus de cela, l'assurance ne couvre que deux personnes, à savoir le chauffeur et la personne qui est censée l'accompagner pour le transport de la marchandise. Ainsi, en cas d'accident, ce qui n'est pas rare, les droits des passagers ne sont même pas reconnus par l'assurance. Alors qu'au complet le triporteur peut transporter jusqu'à huit personnes. En cas d'accident, ces dernières ne sont pas couvertes par l'assurance. Même si la police procède parfois à la saisie des «papiers» des chauffeurs de triporteurs qui s'improvisent transporteurs clandestins de passagers, l'anarchie reste de mise, surtout dans les quartiers périphériques de la ville. Ces motos souffrent souvent aussi de problèmes mécaniques, ce qui augmente le risque d'accident.
