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La violence chez les ados est un signe de malaise profond

Refus de l’autorité, insultes, agressivité… les adolescents ont généralement tendance à adopter un mode de communication plus ou moins violent. Mais parfois cette violence peut dépasser toutes les limites, ce qui inquiète les parents.

La violence chez les ados est  un signe de malaise profond
L'adolescent qui ne se sent pas sécurisé dans son environnement familial va ejeter les autres afin de provoquer chez eux un sentiment d'insécurité.

Pas facile d’être parent d’un ado. En effet, à l'adolescence l'enfant cherche son identité, il se découvre. Il s'apprête à quitter le monde de l'enfance pour entrer dans celui des adultes. Ni enfant, ni adulte, il cherche sa place. L'adolescent veut se différencier des autres et de ses parents. Alors, il s'affirme et teste ses limites. Si certains ont tendance à se renfermer sur
eux-mêmes d’autres deviennent très violents. D’après les spécialistes, l’agressivité est un trait banal chez les adolescents, un trait qui relève de la normalité adolescente, car conquérir son autonomie suppose de secouer le joug de la protection parentale, de se faire confiance plus qu’on ne fait confiance à son parent, quitte à prendre des risques, et même dans le plaisir de prendre des risques.

Mais quand cette agressivité se transforme en violence verbale, voire physique, cela devient dangereux. Quand un adolescent devient soudainement violent avec des axcès colériques, c'est la preuve qu'il souffre. Par ce comportement, il essaie de masquer ses angoisses. Il est alors nécessaire de comprendre l'origine de ce changement avant qu'il n'aille trop loin et lui permettre de trouver d'autres modes d'expression de cette souffrance. Il est le signe d'un mal-être qui peut nécessiter une aide extérieure. Un comportement violent aggravé dénote de véritables lacunes au niveau des perceptions morales et de l'assimilation des limites. Il est alors urgent d'agir avant qu'il ne devienne un danger pour lui-même ou pour les autres. Souvent, ces comportements ont été engendrés par des parents démissionnaires qui, par peur de décevoir l'enfant ou par leur absence, n'ont pas tenu leur rôle de parents. L'adolescent qui ne se sent pas sécurisé dans son environnement familial va alors rejeter les autres afin de provoquer chez eux un sentiment d'insécurité. Ainsi, afin d'éviter de souffrir, il fera souffrir les autres. Quand on sent que l'enfant a un comportement autodestructeur, il est capital de faire preuve de fermeté afin de lui éviter de s'enfermer dans une marginalité, bien lourde à porter, et à solutionner. En outre, l’incapacité d'élaborer ce qu'il ressent et ce qu'il vit peut aussi le pousser à agir en conséquence et à devenir violent. En effet, l'adolescent vit intensément l'instant présent.
Il a du mal à prendre appui sur son expérience antérieure. Il s'inscrit dans un temps discontinu qui ne se conjugue qu'au présent.

Il ne connaît ni le passé, ni le futur. Il pose le voile de l'oubli sur ce qu'il a fait. L'angoisse est prépondérante dans les situations de forte tension et favorise le passage à l'acte violent. Dans ce cas, l’idéal serait d’essayer de déjouer la violence. Lorsque l’ado se met à crier, à frapper les murs, à jeter des objets au sol, il ne faut pas s’approcher de lui de plus de la longueur d’un bras tendu, voire rester à deux mètres. Il s’agit d’une distance de sécurité, c’est le respect de l’espace territorial minimum. La franchir dans une situation de conflit, c’est un signal d’agression qui peut provoquer une réaction violente. Autre conseil : ne pas se disputer dans la cuisine, où les objets dangereux sont à portée de main. Les pères et les mères peuvent aussi faire baisser la tension en agissant sur leur gestuelle. Il faut essayer de s’asseoir le premier. Cela envoie un signal d’apaisement. Il faut le laisser partir se calmer, et reprendre la discussion plus tard.

Lorsque celle-ci aura lieu, il est essentiel de s’impliquer dans la discussion, dire «nous n’allons pas bien» plutôt que «tu ne vas pas bien», ne pas accuser, mais s’interroger, rester en position d’ouverture. Si l’ado en arrive aux coups, même minimes (bousculades, agrippements), il faut lui signifier calmement et fermement que son comportement ne sera pas toléré et qu’il a franchi une limite. Plus tard, on pourra ouvrir la discussion. Si le geste a été plus grave (coups, saccages), il est nécessaire de faire intervenir un tiers (psy, thérapeute) le plus vite possible afin que la violence ne devienne pas un mode de relation familial.


Témoignage

Bahija 45 ans, maman de Sâad, 16 ans

«Il ne supporte aucune réflexion de la part des adultes»

«Je suis désespérée, j’essaye de tenir le coup, mais parfois ça devient difficile. Mon fils de 16 ans a un comportement ignoble à l'école, et ce, depuis environ 4 ans ; c'est lui qui fait sa loi, il ne supporte aucune réflexion de la part des adultes, j'ai dû le changer 4 fois d’écoles. Vendredi dernier j’ai été convoquée par son professeur qui m’a dit qu’il a été encore une fois irrespectueux. C’est pourquoi j’ai décidé de le punir, je lui ai dit qu'il ne sortirait pas ce week-end, c'est à ce moment qu'il est devenu comme fou, il ne voulait rien savoir, il m’a même insultée, et provoquée et voulait en venir aux mains, il a tout cassé dans sa chambre, impossible de le calmer, il a fait pleurer tout le monde et a finalement réussi à sortir. Depuis, nous ne nous sommes échangé aucun mot. J’ignore ce que je dois faire pour le gérer».


Explications

Houda Hjiej, pédopsychiatre

«Il est important que les parents ne banalisent pas les actes de violence»

L'adolescence est une période difficile généralement, mais pourquoi certains ados sont-ils plus violents que d'autres ?
La violence chez les adolescents est d’abord un moyen de se protéger du monde qui les entoure. Elle peut être de différentes sortes (physique, verbale…). L’intensité de la violence chez l’ado va dépendre de son rapport à la violence quand il était enfant. Un ado ayant subi des comportements violents aura tendance à l’être plus envers les autres. Un autre qui, dans les rapports des adultes avec lui, le langage a été privilégié comme moyen d’expression, aura moins tendance à être violent.

Que cache la violence des adolescents ? Quand faut-il s'inquiéter ?
La violence cache généralement un mal-être chez l’ado qui doit toujours nous interpeller et nous faire rechercher ce qui pousse l’enfant à être violent soit envers lui-même ou envers les autres.

Comment doivent réagir les parents face à leur ado violent ?
Il est important que les parents ne banalisent pas les actes de violence de leur ado en les mettant tous sur le compte de l’adolescence. Il est vrai que la réaction va être différente selon la dangerosité de la violence.
Mais avant toute chose, il faut poser l’interdit de la violence tout en montrant au jeune qu’on est capable d’entendre sa souffrance si elle s’exprime autrement. Parfois, il est nécessaire de demander l’aide d’un professionnel, notamment quand cette violence représente un danger pour lui-même et pour les autres. Certains comportements violents pouvant être révélateurs d’un trouble psychiatrique.

Que faut-il faire quand l'ado crée beaucoup de problèmes à l’école ?
L’agressivité entre paires à l’école est un phénomène de plus en plus fréquent. Chaque cas est un cas particulier, l’attitude des adultes doit être en coordination entre l’école et les parents qui sont tenus de poser l’interdit tout en offrant un espace de parole et d'expression aussi bien au jeune agressif qu’à celui ayant subi l’agressivité.

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