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La faiblesse des précipitations affecte les réserves souterraines

Placé autour du thème «Les eaux souterraines : défis et stratégies», le congrès de l'Association internationale des hydrogéologues prévu du 15 au 19 septembre tombe à point nommé. Les dernières données soulignent la baisse de manière globale des niveaux de remplissage des barrages au niveau national. Cette baisse, due à la faiblesse des précipitations, affecte également les réserves souterraines, mais de manière différée. S’ajoute à ce phénomène, le mode de gouvernance qui pose toujours problème.

La faiblesse des précipitations affecte  les réserves souterraines
Le potentiel en eau souterraine mobilisable dans les conditions techniques et économiques actuelles s'élève à près de quatre milliards de m3 répartis sur 80 nappes dont 48 sont superficielles.

Dans un contexte de raréfaction des eaux de surface (barrages et cours d’eau), les eaux souterraines ont permis de maintenir la dynamique de l’agriculture aussi bien dans les zones aménagées que dans celles qui ne le sont pas. Cependant, ces ressources hydriques de profondeur sont confrontées à d’innombrables difficultés liées à leur disponibilité et surtout au mode de gestion. «Face aux pressions affectant la disponibilité des eaux souterraines et leur durabilité, il est d'une importance primordiale de repenser les politiques de gestion des eaux et particulièrement des eaux souterraines dans une vision plus globale et intégrée, en tenant compte de l'offre et de la demande, de la vulnérabilité des eaux souterraines et de leur protection, la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles, la recharge artificielle des eaux souterraines».

Le préambule de ce congrès international de Marrakech, organisé pour la première fois dans la région d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, indique clairement le contexte hydrique que vit le Maroc : raréfaction des ressources et problématique de la gouvernance de l’eau. Actuellement, le potentiel en eau souterraine mobilisable dans les conditions techniques et économiques actuelles s'élève à près de quatre milliards de m3 répartis sur 80 nappes dont 48 sont superficielles. Sur les trois-quarts des ressources déjà mobilisés, les deux tiers vont à l’irrigation et le tiers restant à l’eau potable et industrielle, nous disent F. Amraoui et J. Moustadraf, respectivement de l’Université Hassan II de Casablanca et de l’Université Hassan 1er à Khouribga. Au même titre que les barrages, dont le taux de remplissage est passé de 72,4% au 22 août 2013 à seulement 57,8% à la même date de cette année, la réserve des nappes phréatiques est également affectée par la baisse des précipitations, mais de manière différente. À ce sujet, le professeur Nour-Eddine Laftouhi, enseignement à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech et membre du comité d’organisation du congrès, explique au «Matin» : «Le contexte actuel pour cette année hydrologique 2014, caractérisé par une situation provisoire de stress hydrique (…) montre bien que notre congrès tombe à point nommé. Le stress enregistré par les eaux de surfaces affecte également les eaux souterraines, mais pas à la même vitesse. En effet, les aquifères enregistrent un temps de réaction aux variabilités climatiques, qui est tamponné par la nature géologique des terrains qui constituent ces aquifères, mais aussi par la profondeur plus ou moins importante des niveaux d'eau souvent à plusieurs mètres, voire plusieurs dizaines de mètres sous le niveau du sol» assure-t-il.

Pour l’implication formelle des universitaires

Beaucoup d’eau a coulé depuis l’adoption, en 1995, de la loi de l’eau, mais la situation ne semble pas avoir connu une évolution significative. «Il y a actuellement des milliers de points de prélèvement d’eau non encore déclarés», déplorait Abdelkader Benomar, directeur de la recherche et de la planification de l’eau au sein du ministère délégué chargé de l’Eau dans les colonnes du «Matin» paru 4 le septembre. Si les autorités publiques ont annoncé une prochaine campagne de sensibilisation à la nécessité de déclarer tout point de prélèvement, les universitaires souhaitent, eux, être impliqués dans la définition du mode de gouvernance des nappes phréatiques. Apportant de l’eau au moulin de Abdelkader Benomar, le professeur Laftouhi précise : «L'expérience du Maroc en matière de gestion participative des ressources en eau est très avancée et très appréciée à l'échelle du bassin méditerranéen. (…) Il est évident que les autorités marocaines disposent de leurs spécialistes dans ce sens, mais un moyen sûr et faisable pour améliorer cette approche passerait par l'implication des spécialistes des universités marocaines de manière “formelle”, car jusqu'à maintenant, à part l'expérience de l'Université Cadi Ayyad, les autres contributions restent des initiatives personnelles des chercheurs marocains auprès des agences de bassin».

La pérennisation de ressources aussi fragiles est étroitement liée à la manière dont elles sont exploitées. Selon l'ensemble des opérateurs, le mode de gestion à même d'assurer la disponibilité des ressources souterraines serait d'impliquer l'ensemble de la chaine, des autorités centrales aux fellahs exploitants. Un sondage réalisé par des universitaires marocains et belges a montré, sept années après la promulgation de la loi de l'eau en 1995, que «75% des agriculteurs dans la région du Saïs ne connaissent pas l’existence de cette loi, encore moins ses modalités d’application». 

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