«Je vous assure que nous sommes déterminés à continuer dans la voie de la révolution du 17 février (2011, qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi) et à poursuivre le processus démocratique», a déclaré le président du CGN, Nouri Abou Sahmein. Ce dernier s'exprimait quelques heures après que des dizaines de manifestants ont envahi le quartier général du Parlement, dans le centre Tripoli, saccageant et pillant les lieux et agressant des députés. Les protestataires réclamaient la dissolution du Congrès qui a échoué selon eux à rétablir l'ordre dans le pays en proie à l'anarchie. Deux membres du CGN ont été blessés par balle, mais leurs jours ne sont pas en danger, selon M. Abou Sahmein.
Dénonçant une «agression flagrante contre le siège de la souveraineté légitime», il a appelé les ex-rebelles ayant combattu le régime kadhafiste à protéger la capitale et les institutions de l'État. Des groupes d'ex-rebelles appuyés par des pickups équipés de canons antiaériens étaient postés hier lundi autour des locaux du CGN, selon un photographe de l'AFP. Au moins cinq véhicules calcinés gisaient dans la cour centrale, témoignant des violences de la veille, selon la même source. Une députée avait aussi indiqué à l'AFP que des manifestants, jeunes pour la plupart et armés de couteaux et de bâtons, avaient envahi les locaux du CGN en scandant : «démissionnez, démissionnez».
Élections anticipées
Le CGN, issu des premières élections libres du pays de juillet 2012, a provoqué en effet la colère d'une grande partie de la population en décidant de prolonger jusqu'en décembre 2014 son mandat, qui devait expirer début février. Sous la pression de la rue, il a toutefois décidé récemment d'organiser des élections anticipées, mais sans fixer de date. Dans la nuit de samedi à dimanche, des hommes armés ont dispersé par la force un sit-in contre le CGN. «Des hommes armés sont venus en tirant en l'air et ont incendié une tente installée par les manifestants devant le Congrès», a déclaré Milad al-Arbi, un des participants au sit-in qui réclame la dissolution du Congrès. Selon lui, les assaillants ont «enlevé» des manifestants, mais il n'était pas en mesure d'en déterminer le nombre. Dimanche, des habitants du quartier ont bloqué des routes pour réclamer la libération des manifestants enlevés. Selon les manifestants, les hommes armés appartenaient à la «Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye», un groupe d'ex-rebelles qui agit sous le commandement du Congrès. Vendredi, des dizaines de personnes s'étaient déjà rassemblées devant les locaux du Congrès. Certains d'entre eux ont écrit des slogans hostiles au Congrès sur le mur extérieur du bâtiment, avant de brûler des pneus et bloquer des rues dans le quartier.