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La fraîcheur des produits alimentaires en question

Un récent rapport du Centre antipoison marocain relance le débat autour de l’hygiène alimentaire. À ce niveau, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) veille au grain, mais ses différentes actions ne rassurent pas pour autant le consommateur.

La fraîcheur des produits alimentaires en question
Les boucheries de quartier laissent leur viande en plein soleil et les mouches y affluent.

Dans un récent rapport, le Centre antipoison marocain (CAPM) indique avoir recensé 2.670 cas de maladies d’origine alimentaire en 2013. Celles-ci occupent, selon la même source, la deuxième position des causes d’intoxications au Maroc (22,31%) après les médicaments. Les aliments vecteurs les plus incriminés étaient : la viande et les produits carnés (40,0%), les aliments composites (18,07%), et les produits de boulangerie (11,7%). «La viande et les produits carnés sont favorables au développement de micro-organismes et sont facilement périssables», affirme le CAPM précisant que, parmi ces cas d’intoxications, sept se sont révélées mortelles. Des chiffres qui relancent le débat concernant la fraîcheur des produits destinés à la consommation. À ce niveau, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) veille au grain et a effectué, durant le mois sacré de Ramadan, 92.612 contrôles sanitaires donnant lieu à 150 procès-verbaux de constatations directes d’infraction. De plus, quelque 91.075 actions de sensibilisation avaient été menées en matière d'entreposage des produits alimentaires, d'étiquetage et des conditions d'hygiènes.
Ces différentes actions avaient concerné plus de 38.000 points de vente dans le Royaume au niveau de différents établissements et unités de transformation, des abattoirs et des lieux de restauration collective. Grâce à ses différentes actions, l’ONSSA avait pu saisir et détruire plus de 665 tonnes de produits impropres à la consommation (pâtisseries, pain, conserves, huiles et condiments, viandes, poissons, jus, eau, produits laitiers, fruits, etc.)

L’importation des produits alimentaires avait, elle aussi, été passée au peigne fin. En effet, 153.968 tonnes de produits alimentaires ont fait l’objet de contrôles et 198 tonnes ont été jugées impropres à la consommation, en particulier les dattes (95 t), certaines confiseries (40 kg), les concentrés de tomates (71 t), les conserves d’olives de table (5 t) et les colorants alimentaires (75 kg). Si les chiffres des saisies ne choquent pas le consommateur, c’est la fréquence des contrôles qui interpelle davantage. «On n'entend parler de contrôle sanitaire que durant Ramadan, mais ce n’est qu’un mois dans l’année, et le reste du temps que font-ils ?» s’interroge une mère de famille. Pourtant le travail de l’ONSSA se poursuit de manière régulière tout au long de l’année. On pourra notamment citer la récente application de mesures préventives concernant la fièvre aphteuse apparue en Algérie. L’ONSSA rappelle également avoir mis en place depuis le 7 juillet, un programme radiophonique de sensibilisation baptisé «Zid Hadi F’balek» sur la sécurité sanitaire des produits alimentaires destiné aux consommateurs et aux professionnels. Réalisé en partenariat avec l’association «AFAK Civisme et Développement», ce programme vise à faire accroitre le degré de conscience des consommateurs et des professionnels vis-à-vis de la sécurité sanitaire des produits alimentaires et sera diffusé jusqu’au 7 novembre 2014, sous forme de capsules en arabe dialectal comportant des conseils simples et clairs, sur les ondes de cinq radios nationales.

Mais tous ces efforts notables tomberaient-ils dans l’oreille d’un sourd ? «J’ai l’impression que les recommandations de l’ONSSA ne sont pas prises en compte, malgré les sanctions encourues…», déclare Brahim, 54 ans. Il n’y a qu’à voir les boucheries de quartier pour s’en assurer. «Elles laissent leur viande en plein soleil et les mouches y affluent. Même la couleur est suspecte», indique Rachida. Ceci dit, il faut savoir une chose, c’est que les industriels utilisent un colorant alimentaire pour que la viande garde une couleur attractive. En effet, prenons l’exemple de la viande hachée. Elle sera bien rouge en sortant du boucher et va petit à petit virer au marron sans que cela représente un danger pour la santé. Mais pour le consommateur, une viande bien rouge et brillante est plus attrayante, poussant les industriels à utiliser un colorant qui va retarder les effets de cette oxydation naturelle.

Outre les boucheries, les épiceries en prennent aussi pour leur grade. Surtout celles qui vendent, entre autres, leurs yaourts sur le tas, sans bacs réfrigérés. «Certains épiciers gardent leurs stocks tant que ceux-ci ne sont pas épuisés. Ils n’ont aucun scrupule à vendre des produits périmés et gare à vous si vous venez rendre le produit pour vous en plaindre !» témoigne un client.

Les snacks ne sont pas non plus épargnés. «J’ai été victime d’une grave intoxication alimentaire après avoir mangé dans un snack de quartier populaire. J’ai dû être hospitalisé. C’est fini, je ne remangerai plus jamais dehors !» s’est résolu Ahmed. «Moi, pour savoir si je vais effectivement déjeuner dans un snack et même dans un restaurant, je regarde en premier lieu la propreté des toilettes», confie une jeune femme.
Concernant l’achat de produits de la mer, et en particulier auprès des vendeurs ambulants, l’ONSSA recommande aux consommateurs de ne s'approvisionner qu'en produits conditionnés, portant les étiquettes sanitaires d'identification et commercialisés dans les points de vente autorisés (marchés officiels). «Les coquillages colportés ou vendus en vrac ne présentent aucune garantie de salubrité et constituent un danger pour la santé publique», prévient l’Office. Enfin, l’ONSSA rappelle que pour toute demande d’information (conseils sanitaires, renseignements) ou pour toute réclamation concernant la salubrité ou le contrôle des produits alimentaires, il est possible de contacter son centre de relation, du lundi au vendredi, de 10 h à 14 h au 080 100 36 37. De même, les citoyens pourront contacter le centre d’information du ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime au numéro 080 020 020 50 pour ce genre de requête.

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