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L’asthme touche 20% de la population urbaine

Selon les statistiques, l’asthme a atteint des proportions d’épidémie. Ainsi, 300 millions de personnes dans le monde en souffriraient. Un fardeau mondial qui devrait augmenter de 100 millions de cas d’ici 2025. Au Maroc, 5 à 20% de la population sont concernés notamment dans les grandes villes où l’asthme aigu grave (AAG) représente 25 à 35% des crises d’asthme se présentant aux urgences marocaines.

L’asthme touche 20%  de la population urbaine
Le traitement de l’asthme, en général, et de l’asthme sévère en particulier, repose sur l’éducation du patient afin qu’il adhère aux différentes mesures thérapeutiques proposées.

L’asthme est une affection inflammatoire chronique des voies aériennes dans laquelle interviennent de nombreuses cellules (mastocytes, éosinophiles et lymphocytes). Chez certains individus, cette inflammation provoque des épisodes récidivants de sibilance (sifflement respiratoire), de dyspnée (essoufflement) et de toux survenant préférentiellement la nuit et au petit matin. Ces symptômes sont habituellement associés à un syndrome obstructif diffus, mais d’intensité variable, et qui est le plus souvent réversible spontanément ou sous traitement. L’inflammation est associée à une hyperactivité bronchique non spécifique vis-à-vis de stimulus variés. Ces symptômes peuvent survenir de manière brutale en cas de crise d’asthme.

Symptômes

Les principaux symptômes sont la dyspnée à type de bradypnée expiratoire est décrite par le patient comme une soif d’air, une sensation d’oppression thoracique ou d’un essoufflement. «Elle est très caractéristique lorsqu’elle s’accompagne de sifflements thoraciques. Ces derniers peuvent être absents, mais n’éliminent en aucun cas le diagnostic», explique le Pr Khalid Yaquini. La toux est d’abord sèche, elle peut devenir productive ramenant quelques expectorations blanchâtres ou purulentes en cas de surinfection virale et/ou bactérienne. Le diagnostic de l’asthme est suggéré lorsque les symptômes sont récurrents, les signes apparaissent après l’exposition à un facteur déclenchant : allergènes, vent, changement de température, effort ou infection des voies respiratoires. Les symptômes apparaissent généralement la nuit ou tôt le matin. L’utilisation de médicaments bronchodilatateurs (bêtamimétiques) atténue ou fait disparaître les symptômes.

Examen clinique

L’examen clinique est variable selon que l’on assiste ou non à une crise d’asthme durant l’auscultation. En général, le médecin va rechercher la présence de râles sibilants diffus bilatéraux, à prédominance expiratoire. L’absence de râles sibilants n’élimine pas une obstruction bronchique d’où l’intérêt de mesurer le débit expiratoire de pointe (DEP). «C’est un excellent moyen de dépistage permettant d’évaluer l’existence d’une obstruction bronchique et sa réversibilité éventuelle», souligne notre spécialiste. Au terme de la première consultation, un certain nombre d’examens complémentaires sont nécessaires. Premièrement, le médecin procèdera à une radiographie thoracique de face afin de vérifier s’il n’y a pas de cause infectieuse. Il faudra ensuite procéder à une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) visant à confirmer le diagnostic d’asthme. En cas d’EFR normal, un test d’hyperactivité bronchique (HRB) est indiqué. Un examen de gaz du sang peut être pratiqué en cas d’asthme modéré sévère afin de détecter une éventuelle insuffisance respiratoire.

Traitements

Le traitement de l’asthme en général et l’asthme sévère en particulier repose sur l’éducation du patient afin qu’il adhère aux différentes mesures thérapeutiques proposées.
Il lui sera généralement conseillé d’éviter au mieux les allergènes domestiques (on chasse le chat de mémé, on évite les tapis qui sont des nids à poussières, on change sa literie…), professionnels (attention à la clim !) et les allergènes occasionnels (pollen), comme il doit lutter contre le tabagisme actif et passif. On l’oublie souvent, mais il nous est tous arrivé de dîner au restaurant en présence de fumeurs. Ce qu’on sait moins c’est que même si nous ne fumons pas, en leur présence, nous ingurgitons quasiment la même dose de produits extrêmement nocifs pour la santé. «Hormis ses règles de vie, on pourra diriger le patient vers une kinésithérapie respiratoire, la pratique d’un sport telle que la natation, ou un régime (si le patient est obèse). La vaccination antigrippale peut être indiquée annuellement vers le mois de septembre en cas d’asthme sévère», poursuit la même source. On pourra également orienter le patient vers un traitement médicamenteux (corticostéroïdes, bronchodilatateurs, anticholinergiques ou autres traitements à inhaler).
En conclusion, l’asthme aigu grave (AAG) est une urgence médicale majeure qui nécessite une analyse rapide des critères de gravité afin d’orienter rapidement le patient dans le secteur approprié des urgences, généralement la salle d’accueil des urgences vitales. Parmi ces critères, le débit expiratoire de pointe (DEP) est fondamental. La nébulisation constitue la base du traitement de l’AAG.
Les corticoïdes intraveineux sont indiqués d’emblée. «Le rôle du médecin urgentiste ne doit pas se cantonner au traitement aigu, mais doit également informer le patient du traitement de fond, de l’importance des consultations chez un médecin de ville et de la mesure régulière de son débit expiratoire de pointe afin de connaître les prémices d’une dégradation éventuelle de son état de base», conclut finalement le Pr Yaquini. 


Explications

Khalid Yaquini, médecin urgentiste au CHU Ibn Rochd de Casablanca

«L’asthme survient volontiers chez les jeunes sujets»

Qu’est-ce que l’asthme ?
Un asthmatique en crise présente des difficultés à inspirer et à expirer l’air contenu dans ses poumons. Une toux et un sifflement caractéristiques accompagnent cette gêne. D’autres manifestations de l’asthme, moins caractéristiques, peuvent retarder son diagnostic, tels des épisodes de toux sèche, évoluant depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, survenant le plus souvent au cours de la nuit ou durant l’effort, un essoufflement, la sensation de chercher son souffle et une grande fatigue

À quel moment survient la maladie ?
L’asthme survient volontiers chez le sujet jeune. Mais le sujet a aussi de fortes chances d’en être atteint s’il y a notamment des antécédents personnels et/ou familiaux d’asthme ou équivalents d’asthme (toux spasmodique, sifflements thoraciques nocturnes ou à l’effort), de rhinite, conjonctivite, de dermatite atopique…

Quelle est sa prévalence au Maroc ?
Les études cliniques ont mis en exergue une augmentation significative, ces 20 dernières années, de la prévalence de l’asthme à travers le monde et notamment dans les pays du Maghreb. De plus, cette affection chronique est associée à une morbi-mortalité non négligeable avec un coût élevé.
Au Maroc, la prévalence se situe entre 5 et 20% de la population générale. Dans les grandes villes comme Casablanca, la prévalence serait de 20%. Dans les zones du sud ou de l’intérieur, elle varie entre 12 et 14%. La prévalence des crises aiguës graves est évaluée par le taux d’hospitalisation ou de décès par asthme. L’asthme aigu grave (AAG) représente 25 à 35% des crises d’asthme se présentant aux urgences marocaines.

Quels sont les causes et les facteurs déclenchants ?
La première cause de l’asthme chez l’enfant résulte d’une aptitude anormale pour l’individu à sécréter des anticorps (IGE) spécifiques dirigés contre les allergènes naturels. Le patrimoine génétique intervient dans le risque de développer un asthme. Ainsi, un enfant pris dans la population générale a un risque de développer une allergie estimée à 20%. Ce risque monte à 40% si l’un des parents est allergique et à 80-90% si les deux parents sont allergiques. L'exposition à des allergènes (acariens dans la literie, poussière, pollen, poils de chats, allergie à certains composants médicamenteux, etc.), surtout pendant l'enfance, est un facteur de risque important des allergies donc de l'asthme. C'est la rencontre avec des allergènes qui va permettre le développement des manifestations d'allergie. S'il n'y a pas de contact avec les allergènes, même sur un terrain prédisposé, il n'y aura pas de manifestation allergique. La pollution atmosphérique est devenue une des principales causes d’asthme. Les bronches et alvéoles pulmonaires représentent une surface de contact avec le milieu extérieur de l’ordre de 90 à 100 m2. Elles s’avèrent sensibles à la pollution acidoparticulaire telle que le dioxyde de soufre, les particules en suspension et les aérosols acides (sulfates), à la pollution photo oxydante telle que l’ozone et le dioxyde d’azote Les fumeurs sont aussi dans le viseur puisque le tabac détruit les cellules ciliaires, augmente les sécrétions bronchiques et favorise l’inflammation de l’arbre respiratoire. D’ailleurs, selon les statistiques, environ 20% des asthmatiques sont des fumeurs. Chez l’enfant de moins de 2 ans, le virus respiratoire syncytial (VRS) est responsable de 40 à 70% des crises d’asthme

Comment éviter la crise ?
Le contrôle de l’environnement domestique des nouveau-nés de parents atopiques ou de nourrissons atteints d’eczéma atopique implique de réduire l’exposition et la charge allergénique : éviction des nids à poussière de maison (tapis, moquettes), réduction de l’humidité (exposition au soleil, aération), éviction des animaux domestiques responsable d’allergie (chats, chiens).
La réduction de la pollution ambiante à domicile et/ou extérieur peut causer une HRB.
Les infections respiratoires à répétitions surtout en bas âge peuvent induire un asthme, la prévention des infections respiratoires passe par une bonne nutrition, une prévention de la promiscuité dans les crèches et maternelle et la vaccination.
Le patient doit surveiller son état à travers ses symptômes et son DEP (investir dans cet appareil de mesure serait l’idéal, de plus, il est peu coûteux et très pratique).

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