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Mahjoub El Haïba dénonce le parti pris du rapport de Human Rights Watch et pointe du doigt la responsabilité de l’Algérie

Le délégué interministériel aux droits de l’Homme, Mahjoub El Haïba, a dénoncé, mercredi, le parti pris du dernier rapport de l’organisation Human Rights Watch (HRW) et pointé du doigt la responsabilité des autorités algériennes dans la dégradation de la situation des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf. Dans une interview exclusive à la MAP, M. El Haïba a souligné que ce rapport comporte plusieurs contradictions et «véhicule plutôt l’idée dissimulée de l’élargissement du monitoring avec généralisation abusive sur le Sahara marocain». Il dénote également, selon M. El Haïba, une «volonté délibérée de remettre à nouveau sur la table l’idée de l'extension des missions de la Minurso».

Mahjoub El Haïba dénonce le parti pris du rapport de Human Rights Watch et pointe du doigt la responsabilité de l’Algérie
Mahjoub El Haïba.

La MAP : HRW a publié un rapport sur les droits humains dans les camps de Tindouf, quelle est votre lecture ?
Mahjoub El Haïba : Avant toute réaction ou réponse à toute question relative à ce rapport du HRW, qu’il me soit permis de rappeler la dynamique délibérée dans laquelle s’est inscrit le Maroc, à travers son engagement volontaire, irréversible, et continu en matière d’interaction positive avec les différents mécanismes et procédures onusiens des droits de l’Homme. Il est à noter également l’ouverture de notre pays sur les ONG internationales des droits de l’Homme, y compris HRW. Dans cette interaction, on se doit de noter que les autorités marocaines n’épargnent aucun effort pour promouvoir une coopération continue et un dialogue constructif avec toutes les ONG et de réunir toutes les conditions leur permettant d’accéder au territoire national sans restriction aucune, et ce dans le respect de leur indépendance. Les seules conditions requises pour promouvoir cette interaction avec ces acteurs, c’est le respect, de leur côté, des dispositions légales du pays, et le dialogue continu pour entamer toute initiative en matière d’échange ou de visite en matière des droits de l’Homme.
L’accès aux camps de Tindouf ayant permis la publication de ce rapport est en fait une exception, du moment où plusieurs autres ONG ont exprimé leur volonté, d’une manière répétitive, d’y accéder, rendre compte et évaluer la situation des violations des droits de l’Homme sans qu'aucune suite ne soit donnée de la part des autorités algériennes ; et ce malgré l’insistance du Maroc sur les atteintes graves, massives et systématiques aux droits de l’Homme dans lesdits camps. Ensuite, si exception il y a, rien ne justifie cette facilité d’accès de HRW, quand on connait la fermeture algérienne, depuis des années, aux ONG internationales et aux procédures spéciales, notamment le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI).
Le présent rapport comporte plusieurs contradictions, ce qui permet sans équivoque de dégager la responsabilité des autorités algériennes, quant aux violations des droits de l’Homme pendant quatre décennies au moins. De même, ce rapport, loin d’être porteur de l’idée de l'évaluation de la situation des droits de l’Homme dans lesdits camps, véhicule plutôt l’idée dissimulée de l’élargissement du monitoring avec une généralisation abusive au Sahara marocain. En fait, ce rapport dénote une volonté délibérée de remettre à nouveau sur la table l’idée de l’extension des missions de la Minurso. À cet égard, il est permis d’attirer l’attention sur ce genre d’initiative tendant à occulter la réalité historique et socio-économique dans les provinces sahariennes du Sud, et défier, de façon scandaleuse, le processus onusien prônant une solution politique concertée ayant été qualifiée de solution réaliste. Cette démarche privilégie, encore une fois et d’une manière tendancieuse, le choix de priver le plan d’autonomie présenté par le Maroc et qui, d’emblée, a bénéficié de l’approbation de la communauté onusienne et de la communauté internationale, de toute chance d’aboutir et d’entraver toute initiative de règlement politique et pacifique du différend.

Pourquoi la publication de ce rapport en ce moment ?
Il apparaît que le moment choisi correspond à un échéancier et à un agenda, afin de baliser le terrain pour une idée préconçue. La publication de ce rapport coïncide avec l’évolution que connaît le dossier du Sahara au niveau des Nations unies. Il est important de noter, à travers ledit rapport, la déroute délibérée en évoquant des données peu crédibles et des conclusions partiales et partielles. Il est clair que ledit rapport alimente les amalgames en dégageant la responsabilité de l’Algérie, en mettant le Polisario sur un pied d’égalité avec le Maroc sur la scène internationale, et en faisant le parallèle entre la situation des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf et celle dans les provinces du sud du Royaume.

Pensez-vous que ce rapport est objectif, sinon pourquoi ?
Comment penser à l’objectivité alors que HRW mène ouvertement des actions de lobbying en faveur de l’extension du mandat de la Minurso pour le monitoring des droits de l’Homme ? Ses réactions politisées trouvent leur illustration dans l’allusion faite aux tentatives répétées des détracteurs du Maroc visant à amener le Conseil de sécurité de l’ONU à confier à la Minurso ou à tout autre mécanisme international le monitoring des droits de l’Homme dans la région, occultant sciemment les appels récurrents de cette instance décisionnelle de l’ONU pour enregistrer et recenser les «réfugiés» et pour reconnaître le fait en tant que tel et selon les normes et standards internationaux relatifs aux statuts des réfugiés. L’objectif est de dédouaner l’Algérie de ses responsabilités en tant que pays d’accueil, d’accréditer le Polisario en tant qu’interlocuteur fréquentable en matière de droits de l’Homme, en l’érigeant même en entité étatique pour, enfin, aboutir à la réclamation du vœu pieux des détracteurs du Royaume, à savoir l’élargissement du mandat de la Minurso au monitoring des droits de l’Homme dans le Sahara marocain. L’autre aspect de partialité caractérisée dudit rapport, qui prétend ne pas se prononcer sur le fond politique de l’affaire du Sahara, est la volonté manifeste de cette organisation de reconnaitre la «rasd» en tant qu’État à part entière, en soutenant qu’il s’agit d’un membre de l’Union Africaine, reconnu par plusieurs États, et se référant à la prétendue constitution et en citant ses soi-disant «ministres», et ce après avoir péché par une présentation tronquée de l’historique du conflit du Sahara conforme aux thèses séparatistes qualifiant le Maroc d’occupant. Ce qualificatif n’a jamais été avancé par une quelconque instance onusienne et s’avère en contradiction avec le contenu dudit rapport niant tout aspect politique dans sa démarche rédactionnelle.

Devrait-on comprendre que ce rapport comporte des carences ?
Loin de répondre aux exigences professionnelles, éthiques, et aux normes reconnues et établies au niveau international en matière d’évaluation des situations des droits de l’Homme et d’élaboration de rapports, ce document dénote un parti pris flagrant et une ignorance délibérée de la réalité de la situation des droits de l’Homme dans cette partie du territoire algérien, dans le but d’induire en erreur une opinion publique internationale obnubilée par les prétentions d’impartialité de HRW. L’équipe, qui a mené cette soi-disant «enquête» est composée de deux chercheurs, notamment un activiste avéré membre d’une officine du polisario dans les provinces du Sud et qui a été totalement pris en charge par le «protocole» de la chimérique «rasd» dont un élément l’a escorté durant toute sa mission.
Hormis ce fait, il est permis de dire que ladite enquête est loin de répondre aux déterminants d’enquête et d’investigation, car cela aurait entrainé la vérité absolue, indéniable qu’il s’agit bel et bien dans ces camps de Marocains et Marocaines séquestrés sur le sol algérien. Le problème est que le principe d’impartialité de HRW est foulé ici aux pieds. Pis encore, ce rapport décrédibilise totalement HRW : les argumentaires ont été crédités du «label de vérité», une prison à ciel ouvert décrite comme un paradis des droits de l’Homme où les «quelques violations de ces droits sont isolées, et facilement dénombrables» : un seul cas de disparition forcée, un seul cas de détention arbitraire, deux cas de torture, aucun détenu politique, pratique presque inexistante d’esclavagisme, et seulement 25 prisonniers de droit commun… !

Quelle est la réaction des autorités marocaines ?
Les autorités marocaines rejettent fermement cette manœuvre visant à comparer le Royaume du Maroc avec une entité fantoche issue de la volonté de l’armée algérienne, dont les pratiques totalitaires et répressives, se déroulant au sud de l’Algérie et avec la bénédiction du régime algérien, nous rappellent des temps révolus. Les autorités marocaines rejettent la partialité manifeste de HRW qui n’en déteint pas moins sur l’ensemble de ce présumé travail d’enquête, dans la mesure où ce rapport correspond, peu ou prou, aux thèses que le polisario et l’Algérie souhaitent faire entendre, mais qu’ils ont plus à gagner si une ONG internationale telle que HRW s’en charge, comme un porte-voix auprès d’une opinion publique internationale non avertie. Les autorités marocaines réfutent enfin toute comparaison du Maroc, pays État de civilisation et de traditions millénaires, avec un mouvement séparatiste descendant de l’Algérie.

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