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Dans l’administration publique, 34% des effectifs sont féminins

Un rapport publié par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) révèle les inégalités hommes/femmes dans l’administration publique, qui persistent encore dans la majorité des pays étudiés, dont le Maroc.

Dans l’administration publique, 34% des effectifs sont féminins
L’objectif minimum de 30% de femmes dans l’administration publique accuse cruellement du retard dans la plupart des pays. Le Maroc s’en sort, lui, tout juste avec 34% de présence féminine dans ses institutions, dont 15% ont une prise de décision.

En 2011, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) lance la première phase de l’initiative «Égalité des sexes et autonomisation des femmes dans les administrations publiques» (GEPA en anglais). Ce projet se focalise sur la participation égale des femmes au sein des administrations publiques, notamment aux postes à responsabilité dans 13 pays (Mexique, Colombie, Maroc, Mali, Ouganda, Burundi, Botswana, Roumanie, Jordanie, Somalie, Kyrgyszstan, Bangladesh, Cambodge).

Les conclusions de ce projet, publiées en juin 2014, comprennent une analyse des méthodes adoptées par toute une série de gouvernements pour promouvoir la participation des femmes dans les administrations publiques, en particulier à des postes à responsabilité. Il reflète les atouts, obstacles, spécificités, leçons apprises et problèmes de mise en œuvre aux différents niveaux de l’administration, ainsi que dans divers contextes géographiques ou de gouvernance, voire de traditions dans la fonction publique. À partir de treize études de cas et d’une recherche documentaire plus large, le rapport GEPA propose une analyse approfondie des tendances et problèmes actuels et fait des recommandations pour appuyer un renforcement des politiques et de la programmation.

Un objectif de 30% encore bien loin

Dans un monde idéal, l'administration publique est guidée par des principes d'équité, de responsabilité, de justice, d'égalité et de non-discrimination, et sert de modèle de gouvernance pour la société qui comprend la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes dans l'effectif de la fonction publique. Cependant, à partir des informations disponibles dans ce rapport, il apparaît que, malgré la diversité des pays étudiés, les femmes restent sous-représentées dans l'ensemble.

L'image créée est mitigée, avec de nombreuses complexités cachées. Quelques chiffres absolus encourageants des femmes dans la fonction publique peuvent être trouvés, mais pas nécessairement dans les postes de grande influence. D’ailleurs leur participation semble aussi être très variable.
En détail, dans 11 des 13 pays des études de cas GEPA, les femmes occupent moins de 30% des postes de décisions dans l’administration publique. Pire, dans la grande majorité de ces pays (7 sur 13), les femmes occupent 15% ou moins des postes de prise de décision. L’objectif minimum de 30% de femmes dans l’administration publique accuse donc cruellement du retard dans la plupart des pays. Le Maroc s’en sort, lui, tout juste avec 34% de présence féminine dans ses institutions, dont 15% ont une prise de décision.
La cause c'est que dans la plupart de ces pays, les constitutions, législations et politiques nationales y compris celles qui régissent l’administration publique, sont souvent ouvertement et systématiquement discriminatoires, indique ce même rapport.

Ainsi, les femmes continuent de se heurter aux plafonds et aux murs de verre qui empêche leur égale représentation aux postes de prise de décision. En outre, les cultures organisationnelles de nombreuses administrations publiques (stéréotypes, politiques des ressources humaines, etc.) sont souvent défavorables aux femmes et doivent être réformées.
Le Maroc est lui aussi concerné par ces inégalités, dont la plus grande concerne les salaires. Selon le PNUD, le revenu national brut par habitant des Marocaines est de 3.215 dollars contre 10.692 dollars pour leurs homologues masculins. En termes d’inégalités, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a noté, dans son dernier rapport, que sur le marché du travail, 25% des effectifs sont féminins. S’agissant de la qualité de l’emploi, le sous-emploi touche un million d’actifs et plus de 20% des actifs occupés travaillent sans rémunération. Une situation qui concerne près des trois quarts des femmes actives occupées principalement en tant qu’aides familiales dans les activités agricoles. Un secteur où la différence entre les salaires médians des hommes et des femmes atteint respectivement 48% et 28%.

De nombreux stéréotypes

Par ailleurs, dans le monde professionnel, nombreuses sont les femmes qui estiment que les attributs féminins «sont incompatibles avec l'exercice de certains métiers qui demandent la force physique et l'endurance émotionnelle». Suivant ce même raisonnement, les stéréotypes de genre liés au leadership féminin sont très répandus.

Une femme ne peut devenir leader qu'en empruntant des attributs considérés comme masculins (forte personnalité, fermeté, maîtrise de soi, capacité à mobiliser, à fédérer). Et selon le rapport, la transposition de ces atouts au féminin est peu flatteuse : «c'est la femme masculine, arriviste et carriériste qui maîtrise ses émotions et donne la priorité à sa vie professionnelle au détriment de sa vie personnelle».
Une étude du genre menée par la Banque mondiale a révélé que «les femmes leaders sont marquées avec (...) des caractéristiques telles que l'obéissance, l'émotion, le dévouement et la contrainte, qui sont considérées comme inadéquates pour le leadership».

Par ailleurs, il n'est pas rare qu'une décision de ne pas investir dans les capacités d’une femme au sein de l’entreprise soit prise, car «une femme est susceptible de partir pour raisons familiales» (grossesse, mariage, refus de l’époux au travail de son épouse…), indique le PNUD.

Les femmes interrogées lors de cette étude ont, pour leur part, déclaré que leurs collègues masculins faisaient souvent des blagues ou des remarques sexistes à propos de leur travail, et pensent généralement que les femmes occupent des emplois parce qu'elles ne savent pas s’occuper à la maison et ont du temps à perdre.
Enfin, les femmes peuvent être vulnérables au harcèlement quel que soit le contexte, mais le risque sera plus élevé si la profession exercée est majoritairement dominée par les hommes. Dans son rapport, le PNUD révèle que dans plusieurs des pays étudiés le harcèlement sexuel persiste dans l’administration publique. Par ailleurs, il a également été noté que ce type de harcèlement était bien souvent tabou. En effet, de nombreuses victimes ne savent pas comment le signaler ou ne veulent pas de le faire, en partie à cause des répercussions que cela pourrait avoir (comme un licenciement) et de la difficulté de prouver ce harcèlement.
À ce niveau, le Maroc se démarque toutefois des autres pays de l’étude puisqu’il existe des dispositions interdisant expressément le harcèlement au travail.

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