Menu
Search
Samedi 20 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 20 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Spécial Marche verte

La maltraitance des personnes âgées n'est plus un tabou

Par manque de centres spécialisés, les enfants sont bien souvent contraints de s’occuper de leur parent âgé. Une situation qui peut vite dégénérer quand la famille n’a pas les moyens, la condition, l’espace ou le temps de le faire.

La maltraitance des personnes âgées n'est plus un tabou
Les personnes âgées craignent souvent de signaler la maltraitance auprès de leur famille, leurs amis ou des autorités.

La maltraitance des personnes âgées est un important problème de santé publique. Même si l’on dispose de peu d’informations concernant l’ampleur de la maltraitance dans les populations âgées, en particulier dans les pays en développement, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 4 à 6% des personnes âgées dans les pays à revenu élevé ont été victimes d’une forme ou d’une autre de maltraitance à domicile.
Toutefois, les personnes âgées craignent souvent de signaler la maltraitance auprès de leur famille, leurs amis ou des autorités.

Le Haut Commissariat au Plan (HCP) dans son enquête nationale sur les personnes âgées au Maroc (ENPA) vient nous éclairer sur la situation. Il est révélé en effet que 63,2% des personnes âgées déclaraient au moment de l’enquête souffrir d’un sentiment de solitude et 4,8% se sentaient en insécurité à l’intérieur du foyer, avec un taux de 5,3% en milieu urbain et 4,1% en milieu rural. Si les données de cette enquête révèlent une certaine solidarité entre les générations et que les personnes âgées sont loin d’être livrées à elles-mêmes ou abandonnées par leurs enfants et proches, pour certains cas, leur relation est plus que tendue.
Sans rentrer forcément dans des cas de matricide ou de parricide, en règle générale, l’apparition de la maltraitance envers la personne âgée varie en fonction de différents facteurs. Premièrement : son état. Son degré de dépendance physique ou psychique, ses états démentiels, la situation financière, ou encore l’isolement social. La situation familiale influence aussi cette maltraitance que l’on retrouve facilement si la personne évolue dans un entourage où se mêlent alcool, drogue, soucis financiers ou encore épuisement physique et nerveux des enfants qui s’occupent de la personne âgée.

Enfin, les conditions de logement de la personne âgée peuvent aussi en être la cause comme un appartement trop petit, des enfants obligés de céder leur chambre, qui dorment sur le canapé, entraînant un manque d’intimité…

Par ailleurs, en plus de ces trois différents facteurs viennent s’ajouter les problèmes de la vie courante. En effet, avec un taux de chômage avancé des jeunes et un Maroc qui connaît un stade avancé de la transition démographique avec une espérance de vie dépassant les 72 ans et une fécondité de 2,2 enfants par femme, qui prendra en charge ces personnes sachant, chiffres du HCP à l’appui, que seuls 16% des Marocains âgés perçoivent une retraite tandis que les autres doivent compter sur le soutien de leurs familles et de l’État ? De plus, 30,7% des personnes âgées, selon le HCP, sont incapables d’effectuer des tâches de la vie quotidienne comme se laver, se changer ou se faire à manger, tandis que d’autres ont besoin de soins spécifiques. Une situation qui pose problème aux enfants surtout quand ceux-ci travaillent.

Certains (qui en ont les moyens) peuvent opter pour le placement de leurs parents (bien que le sujet soit encore délicat chez nous) dans des centres spécialisés ou peuvent choisir de faire appel à des aides à domicile. Mais ceux-ci ont également du souci à se faire. Les données sur l’ampleur du problème dans les institutions telles que les hôpitaux, les maisons de retraite et les établissements de soins de longue durée sont rares. Cependant, une enquête menée auprès du personnel des maisons de retraite aux États-Unis d’Amérique montre que 36% des membres du personnel ont dit avoir été témoins de violences physiques infligées à un patient âgé et 10% ont reconnu avoir commis eux-mêmes au moins une fois un acte de violence physique à l’égard d’un patient âgé.

Au Maroc, il n’existe pas encore de données officielles sur le sujet. Ce qui ne veut pas dire que ces pratiques n’existent pas.
La maltraitance en institution ou à domicile peut prendre différents aspects, comme par exemple, le non-respect de leur dignité (en négligeant de changer leurs vêtements souillés par l’urine ou des excréments), le manque intentionnel de soin (oubli de donner à manger) ou encore les violences morales.
À l’échelle mondiale, on considère que le nombre de cas de maltraitance des personnes âgées risque de s’accroître, compte tenu du vieillissement rapide de la population dans de nombreux pays et de l’impossibilité de répondre à leurs besoins du fait des contraintes budgétaires.

Ainsi, d’ici à 2025, le nombre des plus de 60 ans dans le monde devrait au moins doubler, passant de 542 millions en 1995 à quelque 1,2 milliard. Un fait que ne pourra certainement pas contredire le HCP, qui dans le même sens, indique dans ses projections démographiques que le nombre de personnes âgées devrait atteindre 5,8 millions en 2030. Elles représenteraient alors 15,4% de la population totale, soit le double du niveau actuel.

Lisez nos e-Papers