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«Les revendications des syndicats sont raisonnables et réalistes»

À moins de deux semaines de la fête du Travail, le gouvernement renoue le dialogue social avec les principales centrales syndicales. Mais pour Abdeslam Seddiki, ministre de l’Emploi et des affaires sociales, le contact ne s’est jamais rompu entre les deux parties. En tout cas, le responsable gouvernemental estime dans un entretien accordé à nos confrères d’«Al Maghribia» que les revendications syndicales sont fondées, mais que leur concrétisation pourrait mettre à mal les équilibres macroéconomiques du pays.

«Les revendications des syndicats sont  raisonnables et réalistes»
Abdeslam Seddiki.

Le Matin : Quels sont les principaux volets qui seront discutés avec les centrales syndicales à l’occasion de la tenue d’un nouveau round du dialogue social ?
Abdeslam Seddiki : Je tiens d’abord à rappeler que le dialogue social ne s’est jamais interrompu. Tout au long de l’année, des rencontres et des négociations ont été menées avec les différents partenaires sociaux et économiques. Dans ce sens, plusieurs réunions avec des instances consultatives tripartites présidées par le ministre de l’Emploi et des affaires sociales ont été tenues. Cela a permis de traiter un ensemble de dossiers d’intérêt commun. D’ailleurs, c’est grâce aux différents rounds de dialogue social qu’on a pu résoudre 1 232 conflits collectifs du travail évitant ainsi le recours aux grèves. Cette année a été marquée également par la mise en œuvre de 17 conventions collectives et la signature de 304 protocoles d’accord au niveau des entreprises.
En ce qui concerne la rencontre du 15 avril, le Chef du gouvernement Abdellilah Benkirane a convié les centrales syndicales les plus représentatives à discuter le contenu du cahier revendicatif commun adressé par les trois syndicats, à savoir l’Union marocaine du travail (UMT), la Fédération démocratique du travail (FDT) et la Confédération démocratique du travail (CDT), ainsi que les deux syndicats l’Union général des travailleurs au Maroc (UGTM) et l’Union nationale de l’emploi au Maroc (l’UNTM). Cela témoigne de l’engagement du gouvernement à faire aboutir le processus du dialogue social. Force est de constater donc que l’exécutif est bien décidé à adopter une approche positive en matière de traitement des revendications légitimes et réalistes de la classe ouvrière, mais tout en prenant en considération les contraintes liées à une conjoncture économique nationale et internationale.

Comment pensez-vous décliner le cahier revendicatif des syndicats, surtout le volet relatif à la mise en œuvre des engagements gouvernementaux et les points inscrits dans le cadre de l’accord du 26 avril 2011 ?
D’abord, le ministère de l’Emploi considère que les revendications syndicales sont sérieuses et réalistes. Donc, il est possible d’en discuter malgré la difficulté de mettre en œuvre certaines d’entre elles vu l’impact sur les équilibres financiers. Concernant l’accord du 26 avril 2011, le gouvernement a déjà procédé à la mise en œuvre de la majorité des engagements pris dans ce cadre. Là, je cite la hausse du seuil minimum interprofessionnel garanti (le SMIG) dans les secteurs de l’industrie, du commerce, des services et de l’agriculture, la hausse du seuil minimum de la pension débloquée par la CNSS, ainsi que le règlement du dossier des retraités et ayants droit des employés dans l’ex-Régie autonome du transport urbain à Casablanca à travers la mobilisation d’une enveloppe budgétaire de 177 427 000 DH.
Le gouvernement a procédé par ailleurs à l’amélioration des conditions financières des employés à la CNSS, parallèlement à l’adoption de la convention N° 102 relative à la sécurité sociale ainsi que l’accord 141 portant sur les organisations des ouvriers agricoles et leur rôle dans le développement économique et social. Par ailleurs, le gouvernement s’est penché sur l’élargissement du champ d’application du régime de sécurité sociale pour inclure les professionnels du transport porteurs de la carte professionnelle ainsi que les pêcheurs traditionnels. Il a en outre entrepris des initiatives louables visant à protéger les employés et garantir leur stabilité financière en cas de perte de l’emploi. À ce titre, je citerai en exemple l’élaboration du système d’indemnisation en cas de perte d’emploi, le code de mutualité ainsi que le projet de loi relatif aux employés domestiques. Aussi, est-il important de rappeler d’autres mesures à caractère social adoptées par le gouvernement afin d’améliorer les conditions de travail des employés de l’administration des fonds de travail.

Devrons-nous donc nous féliciter de la déclinaison de tous les engagements pris dans le cadre de l’accord du 26 avril ?
Certes, car de nombreux engagements prévus dans le cadre de cet accord ont déjà été mis en œuvre. Toutefois, d’autres points restent encore au stade de l’étude, car leur déclinaison nécessite une concertation avec d’autres partenaires impliqués dans le processus de leur mise en œuvre. Il s’agit notamment du projet de loi organique relatif à l’exercice du droit de grève, le texte de loi portant sur les syndicats professionnels... D’autres mesures sont par ailleurs en cours d’examen : étude des moyens à mettre en œuvre pour faire respecter le tarif national de référence proposé par les prestataires de soins et les producteurs de médicaments, le respect des clauses de l’article 114 relevant de la loi 65.00 portant sur le code de la couverture médicale de base ainsi que la ratification de la convention N° 87 concernant les libertés syndicales et la protection du droit syndical. Je tiens à noter dans ce sens que la majorité des engagements prévus dans le cadre de l’accord du 26 avril 2011 ayant trait au volet législatif sont en effet programmés dans le cadre du plan législatif du gouvernement 2012-2016.

Malgré les réalisations que vous venez de citer, les syndicats accusent le gouvernement de bloquer le dialogue social et de le vider de son contenu. Qu’en pensez-vous ?
Comme je l’ai dit, le gouvernement n’a jamais eu l’intention de bloquer le dialogue social ou d’ignorer le mémorandum envoyé par les trois centrales syndicales qui ont organisé la marche de protestation de dimanche 6 avril. Au contraire, le gouvernement a bien accueilli les revendications adressées par les trois centrales.
Cela dit, nous essayons de leur expliquer que la concrétisation de leurs revendications nécessite du temps.

Que pensez-vous donc de l’organisation de la marche de dimanche 6 avril ?
L’organisation de cette marche s’inscrit dans le cadre de la liberté de manifester pacifiquement que la Constitution garantit aux syndicats. Ces derniers étaient dans leur rôle qui consiste à défendre les droits et intérêts sociaux et économiques des travailleurs.
Par ailleurs, je tiens à souligner que cette manifestation s’est déroulée dans de bonnes conditions, en termes d’encadrement, ce qui témoigne de la maturité des partenaires sociaux.

La fête du Travail est dans quelques jours, qu’avez-vous prévu à cette occasion ?
Nous sommes actuellement penchés sur la préparation d’un bilan social complet au titre de l’année 2013, notamment au niveau de l’emploi, le recrutement et la protection sociale. Ce document permettra de jeter la lumière sur ce qui a été réalisé ainsi que les futurs objectifs.
Nous comptons d’ailleurs inviter les différents partenaires économiques et sociaux ainsi que les représentants de différents médias dans les prochains jours pour débattre du bilan de nos réalisations. 

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