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«L'Afrique, il faut y aller maintenant !»

Pas de temps à perdre. Anas Sefrioui, dont les projets immobiliers et cimentiers se multiplient dans le continent, suggère aux promoteurs marocains d'y investir tout de suite. S'il faut faire vite, c'est parce que d'autres groupes étrangers se positionnent et qu'il serait dommage de se laisser doubler. Pour l'homme d'affaires, le potentiel est énorme et pas seulement dans l'immobilier et le ciment.

«L'Afrique, il faut y aller maintenant !»
Anas Sefrioui estime que le dispositif déployé au Maroc pour la classe moyenne n’est pas assez incitatif. Photo Seddik

Le Matin : Votre percée africaine remonte à 4 ans. Mais, entre 2013 et 2014, vous avez appuyé sur l’accélérateur pour investir dans plus d’une dizaine de pays. Pourquoi cet intérêt soudain ?
Anas Sefrioui : Tout est à faire en Afrique ! On ne compte pas le déficit de logements par milliers, mais par millions. Aujourd’hui, le continent compte 600 millions d’habitants, à l’horizon 2025, il en abritera plus de 1 milliard. Il existe donc un énorme potentiel, non seulement pour le logement ou le ciment, mais pour tous les secteurs d’activité. Il vaut mieux se lancer en Afrique maintenant et saisir l’opportunité tout de suite.

Pourquoi ce timing ? Est-ce que le marché marocain est saturé au point de faire de l'Afrique un relais de croissance ?
Le besoin est toujours là au Maroc, puisque le déficit en logements est estimé à 800 000 unités. Donc la demande existe bel et bien, mais notre principal handicap dans notre métier demeure le foncier. Vous savez, nous pouvons construire des dizaines de milliers d’unités au Maroc, mais sans foncier cela n'est pas possible. Preuve que la demande est là, notre carnet de commandes est plein pour les deux prochaines années. Pour l’Afrique, il faut savoir que cette opportunité ne s’offre pas tous les jours. Si vous avez un foncier en plein cœur d’Abidjan ou en Guinée par exemple, il faut l’acquérir maintenant sans attendre. Car il y a un important intérêt pour ces pays africains de la part de groupes français, chinois, turcs ou italiens, entre autres.
Il ne faut donc pas arriver trop tard, il faut même être le premier. D’ailleurs, nous sommes sollicités par tous les pays qui nous demandent d’exporter notre savoir-faire, notamment notre guichet unique qui regroupe toutes les administrations, les banques et les notaires… Ces pays ont tous été invités par le groupe pour partager avec eux le modèle marocain. Ils ont été agréablement surpris et ils ont demandé de dupliquer ce modèle dans leur pays. C’est ce que nous faisons actuellement. De même, nous sommes en négociation avec plusieurs pays et nous comptons nous implanter dans 15 autres prochainement.

Dans cette course, ne vous sentez-vous pas bousculé parfois par des groupes marocains comme Alliances qui avancent leurs pions en Afrique ?
Je préfère qu’un confrère marocain investisse en Afrique que d’être en concurrence avec d’autres groupes étrangers. Ce n’est pas dans un souci de compétition, mais au moins je sais que les groupes marocains utilisent les mêmes produits de qualité que nous. D’ailleurs, je suggère à d’autres promoteurs d'aller en Afrique et de ne pas laisser la place à d’autres pays pour se positionner.

Certains médias et entrepreneurs africains fustigent le fait que vous remportiez des marchés sans appel d'offres ? Qu'est-ce que vous leur répondez ?
Écoutez, vous n’allez pas faire une proposition très intéressante qui comprend une prise en charge du financement, un projet bien ficelé avec un crédit acquéreur et un guichet unique en risquant de perdre votre formule. Ce n’est pas la peine d’aller en Afrique si c’est pour donner notre modèle, notre business plan et notre manière de travailler pour que d’autres en profitent. En Afrique, vous avez des groupes qui viennent avec du préfabriqué qui va coûter moins cher que vous. Les Africains aiment bien la maison traditionnelle et c’est ce que nous faisons. Donc, si vous venez avec une bonne formule gagnante pour les pays africains sans leur demander beaucoup d’avantages, soyez sûr, on vous prend au sérieux et on ne peut qu’accepter votre offre.

Comment avancent vos projets en Afrique aussi bien dans le ciment que dans le logement ?
Pour le groupe Cimat, nous disposons aujourd’hui de 3 cimenteries opérationnelles en Afrique et 6 sont en cours de construction. Notre objectif est de produire 12 millions de tonnes de ciment en 2016, que ce soit pour le marché marocain ou africain. Le fait de lancer ces cimenteries en Afrique est justifié par un souci de qualité. Nous n’avons pas trouvé de produits qui répondent à nos exigences. Ainsi, toutes nos cimenteries sont de 3e génération et respectent toutes les normes européennes. L'autre souci est celui de la maîtrise des coûts dans le cadre de nos projets immobiliers. Par rapport aux programmes de logements déjà lancés, le premier projet a concerné le marché ivoirien, ensuite la Guinée, le Congo-Brazzaville et le Cameroun. L’objectif est d’arriver à une production optimale qui représentera entre 20 et 25% du chiffre d’affaires d’Addoha dans deux ans, soit 2 milliards de DH. Pour la réussite de nos projets, nous nous assurons que 50% sont commercialisés avant le démarrage des travaux de construction. Je tiens par ailleurs à préciser que le groupe Addoha n’a rien à voir avec le groupe Cimat. Ce sont deux entités distinctes.

Quelle est votre réserve foncière actuelle en Afrique ?
Nous sommes en train de la constituer. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas dire que nous disposons de réserves à long terme. Nous les constituons au fur et à mesure. Ce qui est le plus important à mes yeux, c’est l’emplacement des projets. Nous ne voulons pas n’importe quelle réserve foncière. Nous voulons être dans des endroits stratégiques en plein centre des villes. Avoir une réserve de 100 hectares à 30 km de la capitale d’un pays, ça ne nous intéresse pas !

Vous ne semblez pas non plus intéressé par le dispositif déployé au Maroc pour la classe moyenne...
À mon sens, ce dispositif n’est pas assez incitatif. Dans des villes comme Casablanca, Rabat ou Tanger, le foncier coûte tellement cher qu’il est impossible pour nous de réaliser des opérations de moyen standing. En revanche, le foncier est abordable dans les petites villes, mais il faudra trouver la demande. Ceci fait que c’est impossible pour nous de nous inscrire dans cette démarche destinée à la classe moyenne.

Des acquéreurs dans le projet Bouskoura Golf City sont montés au créneau récemment, se disant victimes de résiliations de manière unilatérale des compromis de vente les liant à Prestigia, filiale de Douja Promotion Addoha. Qu'en est-il au juste ?
Écoutez, la loi s’applique pour tout le monde. Quand une personne vous verse 10% d’acompte et vous laisse attendre, vous êtes dans votre droit de résilier le contrat et les contrats stipulent qu’il faut verser des acomptes périodiques. Il faut aussi savoir que nous avons lancé la commercialisation de ce projet à des prix très intéressants. Aujourd’hui, les unités ont pris une plus-value de 20%. Donc, comprenez bien, l’objectif de ces gens est de recourir à la spéculation, puisqu’ils comptent revendre le bien et nous ne voulons pas rentrer dans ce jeu.

Qu’en est-il de l’autre affaire relative au projet «Les Jardins de Moulouya» à Saïdia, qui connaît des rebondissements depuis plusieurs années ? Est-ce que vous avez trouvé un terrain d’entente avec les MRE qui crient au scandale ?
Tout d’abord, ce programme est développé par Fadesa, une entité qui n’a rien à voir avec Addoha. Ce sont deux entités différentes.
Ce que je peux vous dire, c’est qu’a priori les différends ont été réglés. Effectivement, il y a eu un peu de retard à cause des problèmes de Fadesa Espagne qui était en redressement judiciaire.
Toutefois, après la reprise de Fadesa, nous avons relancé les travaux et les livraisons se déroulent bien. Vous savez, dans cette affaire nous avons subi de plein fouet les problèmes que Fadesa a rencontrés en Espagne.

Est-ce qu'Addoha est aujourd’hui surendetté ?
Addoha se porte très bien. Nous ne sommes pas surendettés et nous tenons tous nos engagements. Le fait de nous ouvrir vers l’Afrique avec cette cadence montre bien que la santé financière d’Addoha est impeccable.

Comptez-vous un jour devenir un promoteur touristique ?
Non. Ce n’est pas mon métier.

Quelles sont vos prévisions pour l’année 2014 ?
Le marché marocain reste très demandeur. Pour Prestigia, notre priorité reste le logement pour l’habitation principale.
Et je peux vous dire qu'il existe une importante demande sur ce créneau.
À titre d’exemple, nous avons commercialisé plus de 70% de notre projet à Bouskoura et 80% du projet de Rabat. En ce qui concerne le logement social, nous avons plus de deux ans de chiffre d’affaires sécurisé et la demande est toujours là. Donc, je reste très optimiste pour 2014.

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