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«Safran Maroc aspire à l'émergence d’un centre de business à vocation mondiale et singulièrement africaine»

Safran est le premier pôle aéronautique au Maroc avec près de 40% de l'activité du secteur. Il se positionne en véritable pôle d'excellence avec 15 ans de présence dans le Royaume, huit filiales et 3.300 employés. Sa success-story dans le pays se poursuit avec la signature, le 13 juin à Fès, d'un protocole d’accord dans la recherche et la technologie avec l’Académie Hassan II des sciences et techniques et le ministère marocain de l’Enseignement supérieur. Celui-ci porte sur cinq projets et un investissement de 1 million d’euros sur une période de cinq ans. Les détails dans cet entretien à Fès avec le PDG du groupe français.

«Safran Maroc aspire à l'émergence d’un centre de business à vocation mondiale et singulièrement africaine»
Jean-Paul Herteman : «Nous embauchons aujourd’hui en moyenne deux salariés par jour et j’espère que cela durera le plus longtemps possible».

Le Matin : C’est la première fois que le Groupe Safran délocalise son conseil d’administration. Qu’est-ce qui a motivé le choix du Maroc et de Fès pour l’abriter cette année ?
Jean-Paul Herteman : Je n’aime pas le terme «délocalisé» parce que nous n’avons pas honte de nos racines. Un arbre qui n’a pas de racines profondes ne porte pas ses fruits et ce n’est pas au Maroc que je vais l’apprendre. C’est vrai que pour la première fois de son histoire centenaire le conseil d’administration de Safran se tient hors de France. Et le conseil a choisi de le faire au Maroc et singulièrement à Fès. C’est un événement symbolique.

Vous venez de signer à Fès un accord-cadre de coopération avec l'Académie HassanII des sciences et techniques sachant que ce projet avait été annoncé bien avant. Pourquoi aujourd’hui ?
Il faut toujours mûrir les idées et les projets pour faire les bons choix, y mettre l’énergie nécessaire et que ce soit gagnant- gagnant à la fois pour l’industriel Safran et son développement économique, pour le développement de la science et pour l’Université marocaine. Cet accord signé aujourd’hui (ndlr, vendredi) à Fès concerne cinq projets pour soutenir un programme de recherche au sein des universités marocaines avec des thématiques de recherche bien ciblées et cofinancées sur plusieurs années parce que la recherche dans le domaine de l’aéronautique n’est pas une affaire de quelques semaines ou de quelques mois, mais un partenariat inscrit dans la durée. Nous avons l’habitude de nouer ce genre de partenariat sur la durée et c’est la première fois que nous le faisons avec des partenaires marocains, parce que le niveau scientifique des universités marocaines dans le domaine qui nous intéresse est bon sur le plan mondial.

Vous êtes présents au Maroc depuis 15 ans avec 8 entreprises et des effectifs de quelque 3.300 personnes...
Nous sommes effectivement présents depuis 15 ans au Maroc et en plus de la création de 8 entreprises et 3.300 emplois, nous travaillons aussi avec des sous-traitants des entreprises plus petites que Safran qui nous accompagnent. Il y a d’ailleurs plusieurs entreprises qui sont d'ores et déjà installées dans la zone aéronautique de Casablanca et nous avons eu le plaisir avec le conseil d’administration de Safran de visiter l’une d’elles. Le Maroc évolue vers la création d’un écosystème très profond avec non seulement de grands noms comme Safran et le canadien Bombardier qui a aussi investi dans l’aéronautique à Casablanca, mais aussi des entreprises plus petites qui nous accompagnent dans ce développement. J’espère que très bientôt le secteur pourra aussi s’enrichir d'investisseurs marocains. Nous sommes prêts à travailler avec des entreprises marocaines et signer des accords-cadres sur plusieurs années pour leur permettre un démarrage dans les meilleures conditions.

Quelles sont les performances de vos huit filiales et laquelle constitue la réelle locomotive de Safran dans le Royaume ?
Elles sont toutes performantes. Le secteur le plus performant en termes d’emploi est celui du câblage aéronautique. Dans un avion, il y a des centaines de kilomètres de fils électriques et ce sont des technologies qui ne pardonnent pas la moindre erreur et on imagine les conséquences si un câble arrive au mauvais endroit. Donc en termes d’effectifs, ces entreprises sont la première source d’emploi par le Groupe Safran au Maroc. Nous fabriquons aussi, entre autres, des composants pour actionneurs et équipements d'avionique, des portes d’inverseurs, des revêtements internes destinés aux nacelles des moteurs d’avion, les inverseurs de poussée des moteurs. Nous réalisons également au Maroc, dans l'une de nos filiales, des opérations d’entretien et de maintenance de réacteurs d’avion dans le cadre d’une alliance avec Royal Air Maroc sachant que nous travaillons à près de 87% pour d’autres clients, notamment sur le continent africain. Nous avons aussi des filiales spécialisées dans la fabrication de harnais électriques pour l’industrie aéronautique et dans le développement de système de sécurité. Cette dernière filiale est par ailleurs tout à fait au point au niveau mondial. À cela s’ajoute une autre filiale qui met ses compétences d’ingénierie au service des besoins internes du Groupe Safran et ses différentes divisions. 

Lors de la signature de l'accord-cadre, vous avez parlé d’une présence plus renforcée au Maroc dans les prochaines années. En quoi cette présence est-elle stratégique pour le Groupe ?
L’aéronautique est une industrie qui connait une croissance près de deux fois plus rapide que celle du PIB mondial et les perspectives de développement y sont importantes. Je pense que dans les prochaines années, il y aura un développement qualitatif des activités du groupe au Maroc pour faire de Safran Maroc un pôle d’excellence business fondé sur des différenciations par la technologie et la science.
L’accord signé aujourd’hui est un accord structurant parce qu’il va permettre de passer à une nouvelle phase dans notre partenariat et notre développement. Un partenariat basé non seulement sur le développement de bureaux d’études et de production très compétitifs, mais aussi pour l'émergence d’un centre de business à vocation mondiale et singulièrement à vocation africaine pour des raisons évidentes.

Safran Maroc a réalisé plus de 300 millions d’euros à l'export en 2013. Sur quel niveau tablez-vous cette année et comment comptez-vous l’atteindre ?
Safran a, en effet, réalisé un chiffre d’affaires de 330 millions d’euros en 2013 et nous tablons cette année sur une croissance à deux chiffres de près de 15% en renforçant aussi bien les investissements que les recrutements. Nous embauchons aujourd’hui en moyenne deux salariés par jour et j’espère que cela durera le plus longtemps possible en investissant et en agrandissant nos usines. Le site que le conseil d’administration a eu le plaisir de visiter à Rabat est une usine de faisceaux électriques créée en 2006 et il est à son deuxième agrandissement. Il a d’ailleurs triplé de taille et emploie aujourd'hui 1.200 salariés contre 150 lors de sa création. C’est l’un des fruits de nos 15 merveilleuses années au Maroc. J’espère que nous serons à la hauteur de ce passé.

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