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«Au-delà des moyens financiers et techniques, le chercheur marocain a besoin de reconnaissance»

Dr Belkheir Hammouti, enseignant chercheur à la Faculté des sciences, Université Mohammed Ier d'Oujda, est consacré par le Prix arabe de chimie 2013 pour ses travaux sur la corrosion et les capteurs. Il a publié plus de 420 articles scientifiques et détient 8 brevets. Détails de la particularité de ses recherches.

«Au-delà des moyens financiers et techniques,  le chercheur marocain a besoin de reconnaissance»
Belkheir Hammouti dans son laboratoire de recherche.

Le Matin : Vous avez reçu récemment le Prix arabe en chimie à Rass Al Khaima aux Émirats arabes unis de l’Union des Arabes chimistes. Sur quel travail ou recherche avez-vous été récompensé ?
Belkheir Hammouti : Ce Prix arabe de chimie est décerné tous les trois ans à un chercheur arabe à condition qu’il consacre au moins 25% de ses travaux scientifiques à un pays arabe. Je l’ai remporté en 2013 pour l’ensemble de mes travaux. Ce Prix est décerné par l’Association saoudienne de chimie sous l’égide de l’Union des chimistes arabes. En mars 2006, j’ai reçu le Prix
Elsevier comme l'auteur scientifique marocain le plus publié dans les revues scientifiques depuis 2000. Et je viens d’être honoré par l’Université Mohammed 1er à l’initiative de son président, Pr Sadok Abdelaziz.

Avec plus de 420 publications, vous êtes considéré comme le scientifique marocain qui édite le plus grand nombre de publications scientifiques par an. Quel est le secret derrière cette performance ?
Je suis juste un chercheur passionné. Je tiens à préciser que j’ai effectué mes études au Maroc à la Faculté des sciences de Rabat en passant par l’École normale supérieure Takaddoum spécialité physicochimie des matériaux pour finalement obtenir un doctorat en science de la corrosion en 1994. Cette même année, j’ai déposé avec des collègues 6 brevets sur «L’inhibition de la corrosion de fer et ses alliages en milieux acides». Nous avons publié des centaines de publications qui traitent de l’électrochimie, du traitement des eaux, des pesticides, des plantes médicinales, des céramiques biocompatibles…

Pouvez-vous parler des brevets que vous détenez ?
Les travaux menés avec des collègues ont permis d’obtenir 8 brevets dont l’un est déposé à l’échelle internationale. Il y a 7 brevets sur les travaux de protection contre la corrosion notamment dans les bains de décapage des métaux. Et un brevet sur le ciment biocompatible. Mes travaux avec Pr Mejdoubi consistent à élaborer des matériaux à base de phosphates de calcium, qui ont des applications médicales très intéressantes tels les comblements osseux, les comblements dentaires, les prothèses orthopédiques et dentaires, les os artificiels et les médicaments à effets retardés, etc. Ces matériaux sont sous forme de poudres, de ciments et de céramiques.

Quel est votre objectif, aujourd’hui ?
J’espère éditer un journal scientifique à l’échelle internationale d'autant plus que le Maroc n’a aucun journal dans la base ISI. Il existe deux journaux comme le «Physical Chemical News» édité par le Pr Abdelmajid Belafhal à El-Jadida et «Journal of Materials and Environmental Science» que j’édite à l’Université d’Oujda. Aujourd’hui, nous avons ce type de support pour encourager et mettre en valeur la recherche scientifique marocaine. Les chercheurs en Occident, en particulier en Amérique, produisent près de 85 000 livres par an alors que le monde arabe édite 1 650 ouvrages par an, soit 2%. Ce qui démontre combien l’écart est important. Concernant les journaux spécialisés, les chiffres sur SCIMAGO démontrent aussi les écarts entre les pays. Le Maroc édite 2 journaux, la Tunisie un seul, l’Algérie aucun, la Turquie 154, l’Arabie saoudite 10, l’Iran 119, la Malaisie 68, et l’Afrique du Sud 75.

Quelles sont les attentes du chercheur que vous êtes ?
Au-delà des moyens financiers et techniques, le chercheur marocain a besoin de reconnaissance pour qu’il puisse avancer. J’ai reçu des Prix importants et mes publications sont connues à l’échelle internationale, mais je n’ai jamais été approché par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Et c’est le cas pour beaucoup de chercheurs marocains.
J’espère aussi que les grandes entreprises marocaines publiques ou privées participent aussi au financement et au développement de la recherche et apportent leur soutien aux chercheurs. 

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