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«Les pays de l’UMA n’ont d’autres choix que d’élaborer une stratégie sécuritaire collective»

Dans cet entretien, Mohamed Benhamou, président du Centre marocain des études stratégiques, analyse pour nous l'état de la coopération en matière de sécurité entre les pays du Maghreb arable et aborde les difficultés qui entravent le développement d’une stratégie participative et intégrée.

«Les pays de l’UMA n’ont d’autres choix que d’élaborer une stratégie sécuritaire collective»

Le Matin : Comment évaluez-vous actuellement la coopération entre les États du Maghreb arabe en matière de sécurité ?
Mohamed Benhamou : Aujourd’hui, il est très difficile d’avoir une coopération sécuritaire sincère, profonde et engagée entre les pays du Maghreb pour faire face aux défis et aux menaces qui pèsent sur notre région. Cette absence de coopération rend malheureusement la gestion des questions de sécurité très difficile, sachant que nous sommes dans une région qui connaît une situation rare dans le monde : la fermeture de frontières entre deux pays. Notre région continue, en effet, à gérer une situation assez complexe qui mine la coopération. À cause de l’Algérie, notre région est toujours appelée à gérer un conflit imposé aux autres pays du Maghreb, à savoir le conflit du Sahara. Cette situation est à l'origine, d’ailleurs, d'une vive tension et d'une insécurité permanente dans notre région qui connaît aujourd’hui une rupture stratégique et une géopolitique bouleversée.

Qu’entendez-vous justement par rupture stratégique ?
Les bouleversements qu’ont connus certains pays de l’Afrique du Nord, notamment certains pays maghrébins comme la Tunisie et la Libye, ont mis fin à l'ordre stratégique et régional maghrébin établi et ont placé ces pays dans une phase de transition, et cette phase n’a pas encore donné lieu à des équilibres stratégiques nouveaux et stables dans notre région. Ainsi, l’absence de coopération sérieuse et sincère entre les États du Maghreb représente aujourd’hui un grand défi. Et sans cette coopération entre l’ensemble des États du Maghreb, les pays ne peuvent pas, à eux seuls, faire face aux défis et aux multiples menaces sécuritaires.

Justement, quelles sont les conséquences directes de ce manque de coopération ?
Cette coopération très faible, voire inexistante, donne l’opportunité aux groupes terroristes et aux criminels transnationaux, tels que les trafiqueurs d’armes et de drogue et les réseaux d’immigration clandestine, d’agir de manière plus au moins libre là où ils le peuvent. La lutte donc contre le terrorisme, la criminalité transnationale et l’ensemble des menaces passera forcément par une large coopération entre les États, surtout en matière d’échange de renseignements. Ce volet actuellement rompu pénalise les États et les sociétés et favorise le développement des actions des groupes terroristes et criminels.

Comment interprétez-vous justement l’incident de l’exclusion du Maroc par l’Algérie d'une réunion du Forum global pour la lutte contre le terrorisme ?
C’est un incident malheureux et irresponsable. L’Algérie reste encore prisonnière d’une doctrine obsolète et d’une vision myope qui impacte l’avenir de toute la région. Je pense que cette décision de l’Algérie, qui a été largement condamnée par plusieurs pays et par la communauté internationale, nous confirme que l’Algérie a du mal à s’inscrire dans la réalité actuelle, à se projeter dans l’avenir de la région, vu qu'elle cherche à ériger le Maroc en tant qu’ennemi modèle.

En analysant la situation actuelle, quel regard portez-vous sur les perspectives de coopération dans le domaine sécuritaire ?
Je pense que les différents États de la région n’ont pas d’autre alternative aujourd’hui que d’adopter une approche globale et intégrée de coopération. Mais vu l’état actuel des choses, il est très difficile d'envisager qu’un tel scénario ait lieu. Je ne crois pas vraiment que l’on puisse développer dans un avenir proche une coopération sérieuse et concrète dans le domaine de la sécurité. Il est temps justement que l’Algérie se libère du passé et se tourne vers l’avenir et accepte d’avancer main dans la main avec les autres pays de la région, car pour affronter les menaces collectives, il faudra développer des actions collectives. 

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