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«La prise en compte de la dimension genre dans la programmation budgétaire vise à assurer l’équité de genre»

En juin dernier, le Maroc a reçu à Séoul le premier prix des Nations unies pour le service public au titre de l’année 2014, dans la catégorie «la Promotion de l'approche genre dans les services publics». Mohamed Chafiki, directeur des études et des prévisions financières au ministère de l’Économie et des finances, revient sur cette récompense accordée pour le programme mené en faveur de l’approche genre au sein de son ministère.

«La prise en compte de la dimension genre dans la programmation budgétaire vise  à assurer l’équité de genre»
La cérémonie de remise du prix.

Le Matin : Vous avez obtenu le Prix Service public 2014 des Nations unies pour le programme de budgétisation sensible au genre. Que représente pour vous cette distinction ?
Mohamed Chafiki : L’obtention de ce premier prix d’excellence est une reconnaissance des efforts déployés par le ministère de l’Économie et des finances dans le cadre du programme budgétisation sensible au genre (BSG). Cette haute distinction onusienne est une consécration d’une dynamique ininterrompue lancée, depuis 2002, par notre département avec ONU Femmes pour développer l’intégration de l’approche genre dans le processus budgétaire.

Depuis quand avez-vous commencé à prendre des mesures pour la promotion de l'approche genre dans les services publics ?
L’expérience marocaine en matière de Budgétisation sensible au genre a été développée, à l’initiative du ministère de l’Économie et des finances depuis plus d’une dizaine d’années. À la faveur de l’organisation de la journée de la femme, une enquête sur la situation des femmes au ministère a été lancée, ce qui a soulevé la problématique de la place des femmes et a permis d’introduire un changement dans la gouvernance avec l’introduction des appels à candidature pour l’accès aux postes de responsabilité. Ce nouveau dispositif a révélé le potentiel des compétences féminines dont dispose le ministère. Cette première phase du processus a coïncidé avec l’initiation de la réforme budgétaire axée sur les résultats, ce qui a constitué «la voie royale» pour intégrer la dimension genre dans la programmation budgétaire.

Concrètement, en quoi consistent ces réalisations ? Quels sont les changements qui ont été apportés au sein des services publics ?
La budgétisation sensible au genre tient compte, lors de la formulation, de l'exécution et de l'évaluation des politiques publiques, des rapports sociaux, des préoccupations et des intérêts différenciés des femmes, des hommes, des filles et des garçons dans la société et la famille. La prise en compte de la dimension genre dans la programmation budgétaire vise à assurer l’équité de genre et à améliorer l’efficacité et la cohérence des politiques publiques à travers une meilleure allocation des ressources budgétaires. L’objectif ainsi assigné à l’application de la BSG au Maroc est d'aligner les politiques, les stratégies, les programmes et les budgets sur le respect des engagements pris en faveur de l'égalité et l'équité entre les sexes, le développement durable humain et la lutte contre la pauvreté et l'exclusion. Au niveau opérationnel, la démarche pragmatique et progressive qui a été adoptée a permis au Maroc de se doter d’instruments analytiques fondés sur des guides budgétaires dédiés et enrichis par une batterie d’indicateurs synthétiques sensibles au genre en mesure de renforcer les mécanismes de suivi et d’évaluation des politiques publiques au regard du genre.

Avez-vous satisfait toutes vos attentes dans ce programme de promotion ?
Nous tenons à préciser que la transformation des pratiques habituelles en termes de programmation et de planification à travers l’application de la BSG est un processus évolutif et dynamique structurant qui impose une implication et un engagement continus de l’ensemble des départements ministériels et des forces vives de notre pays. Cela dit, nous sommes en quête permanente de voies de progrès en faveur de la promotion de l’égalité de genre, et ce à travers le développement de la recherche, le renforcement de capacité en la matière et le partage des connaissances et de l’expertise à l’échelle nationale, régionale et internationale.

Avez-vous rencontré des freins ou des obstacles qui vous ont empêché d'atteindre vos objectifs ?
L’une des premières contraintes auxquelles l’expérience marocaine en matière de BSG était confrontée est l’absence de référentiel conceptuel et méthodologique et d’outils techniques et didactiques en mesure d’indiquer aux responsables de la programmation budgétaires les bonnes pratiques à adopter pour intégrer la dimension genre dans les budgets de leurs départements respectifs. En réponse à ce besoin, l’une des premières réalisations du programme BSG-Maroc est, comme je l’ai déjà signalé, l’élaboration d’un manuel et d’un guide destinés à la formation des formateurs sur la budgétisation axée sur les résultats sensible au genre. L’élaboration de ces guide et manuel a été accompagnée par l’organisation d’ateliers de formation et de travail au profit des responsables de la programmation budgétaires des départements ministériels, des parlementaires ainsi que de certaines ONG. La rareté des données sensibles au genre est une autre contrainte à laquelle le programme BSG-Maroc devait faire face, ce qui a amené à l’élaboration en 2007 d’un manuel exhaustif des données sensibles au genre (MEF et ONU Femmes).

Est-ce que vous avez des projets pour généraliser cette initiative à tous les services publics ?
Au ministère de l’Économie et des finances, et particulièrement à la direction des études et des prévisions financières, nous sommes conscients de l’importance d'ancrer la BSG systématiquement dans les pratiques de programmation des départements ministériels et de l’ensemble des intervenants. Pour réussir le fonctionnement du CE-BSG et s’assurer de l’atteinte des résultats escomptés, particulièrement en matière de rayonnement régional et international, une convention de partenariat entre le ministère de l’Économie et des finances et l’ONU Femmes a été signée, le 6 juin 2013, pour la mise en œuvre des activités inscrites dans le plan d’action du CE-BSG, et ce en établissant un cadre d’opérationnalisation du centre et en spécifiant les parties impliquées et les mécanismes de suivi et d’évaluation des activités dudit Centre. Les actions entreprises et celles en perspective du CE-BSG seront fortement appuyées et renforcées avec l’adoption du nouveau projet de la loi organique relative à la loi de Finances (LOF) qui insiste sur l’intégration de la dimension genre dans la programmation des départements ministériels et dans leurs processus de suivi/évaluation.

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