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«Les écosystèmes sont fragilisés par la pression pastorale dépassant la capacité des forêts»

Le massif forestier du Haut Atlas s'étire sur plus de 700 kilomètres, où plusieurs sommets dépassent les 4.000 mètres d’altitude avec comme point culminant le djebel Toubkal à 4.165 mètres d’altitude. La flore se distingue par sa richesse qui va des différentes espèces de chêne à l’arganier. Plusieurs mesures sont prises afin de protéger ce patrimoine forestier comme la lutte contre les incendies, la régénération des essences ainsi que les contrats signés avec des coopératives pour l'exploitation rationnelle des ressources.

«Les écosystèmes sont fragilisés par la pression pastorale dépassant la capacité des forêts»
Mohammed Issoual, directeur régional des eaux et forêts et à la lutte contre la désertification du Haut Atlas (au premier plan), lors d'un suivi d’essai de régénération de l'arganier. bPh. DR

Le Matin : Le Haut Atlas est le principal massif montagneux du Maroc. Quelles en sont les caractéristiques et où se situent ses vulnérabilités ?
Mohammed Issoual : Le Haut Atlas abrite les principaux écosystèmes forestiers avec des espèces nobles tels le thuya, les genévriers, le chêne vert, le cyprès de l’Atlas et l’arganier. La région abrite également le Parc naturel de Toubkal qui s’étend sur 38.000 hectares et qui fait partie des 18 sites d’intérêts biologique et écologique qui jouent un rôle important dans la conservation et la préservation de la biodiversité. Pour ce qui est des vulnérabilités, on peut dire que les écosystèmes forestiers sont fragilisés par la pression pastorale dépassant de loin la capacité des forêts, causant ainsi des déséquilibres engendrant la perte de la biodiversité. Il y a également les changements climatiques affectant directement les ressources hydriques, en passant par d’autres agents de stress (températures élevées…) rendant les écosystèmes encore plus fragiles. S’ajoutent à cela le défrichement et la coupe illicite sans oublier le droit d’usage.

L'été est synonyme d'incendies…
Effectivement, l’augmentation des températures rend les massifs forestiers vulnérables aux feux de forêt, du fait que la végétation sèche qui est extrêmement inflammable. À cet effet, la Direction régionale des eaux et forêts et à la lutte contre la désertification du Haut Atlas (DREF du HA) adopte annuellement des mesures de prévention de lutte contre les incendies. Ces mesures se réfèrent à la stratégie du Haut Commissariat ; basée sur trois grands axes : la prévention, la détection et la lutte. En matière de prévention, la DREF du HA a assuré l’ouverture de 23 km et l’entretien de 71 km de pistes forestières, l’aménagement et l’entretien des points d'eau, l’entretien de 31,6 km de tranchées pare-feu, ainsi que les travaux de sylviculture sur une superficie de 2.658 hectares. Au niveau de la détection et de l’alerte, la DREF du Haut Atlas a prévu la mobilisation de 54 guetteurs d’incendies, avec utilisation de la téléphonie mobile ainsi que la construction et la réhabilitation de postes-vigies.

Les tentatives de régénération de l'arganier sont réalisées avec des résultats mitigés. Y a-t-il des essais de replantation d'arganier dans le massif du Haut Atlas et avec quels résultats ?
Le programme décennal (2005-2014) a permis de renforcer les actions de régénération des essences autochtones et en particulier l’arganier en visant la réalisation de 4.000 ha au niveau de la province d’Essaouira dans le cadre de projets intégrés, et ce, à raison de 400 ha/an. Le bilan de réalisation est désormais positif. L’itinéraire technique a été amélioré en se basant sur les expériences antécédentes et les nouveaux résultats de la recherche notamment ceux relatifs aux dispositions techniques pour la préparation du sol, le renforcement des entretiens et des arrosages. Pour garantir l’efficacité des interventions, les périmètres de régénération sont mis en défens accompagnée de l’octroi d’une prime annuelle au profit des ayants droit. Compte tenu de ses propriétés, l’arganier fait désormais partie des ressources génétiques couvertes par le champ d’application du protocole de Nagoya (Japon, le 29 octobre 2010). Parmi les principaux objectifs figurent l'adoption d'un protocole relatif à l'accès aux ressources et partage des avantages et l'établissement d'un Plan stratégique de préservation de la biodiversité pour 2020.

Qu'en est-il du phénomène du braconnage et de la coupe illicite ?
Le surcroit délictuel par la coupe illicite, le défrichement du couvert forestier sont fréquents et portent préjudice au domaine forestier. Dans ce cadre, le Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD) a adopté une démarche partenariale impliquant la population riveraine dans la gestion des espaces forestiers pour assurer sa protection, sa préservation et sa valorisation, et ce, via la mise en place de plusieurs formes d’organisation des usagers telles les coopératives forestières, les transformant en véritables micro-entreprises compétitives, avec un encadrement rapproché du Haut Commissariat, leur permettant ainsi de contribuer efficacement au développement local et de lutter contre la pauvreté, sans compromettre la durabilité du capital forestier et de ses fonctions. À ce propos, plusieurs associations et coopératives ont été créées et liées par des contrats au HCEFLCD pour exploiter durablement les ressources (bois, plantes aromatiques, pâturage, chasse, pêche…) et de les protéger de tout acte destructeur. 

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