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«Le football national est victime de l’à-peu-près»

Icône du football marocain, Mustapha reste l’un des joueurs qui ont marqué de leur empreinte la sélection nationale. Son envie de gagner et sa détermination font de lui, et même après avoir tiré sa révérence, l’un des chouchous du public marocain. Dans cet entretien accordé au «Matin», l’ex-international marocain revient sur la situation actuelle des Lions de l’Atlas à seulement 10 mois du coup d’envoi de la CAN 2015. L’ancien milieu offensif de Sporting Lisbonne, Deportivo la Corogne, Coventry et l’Espanyol Barcelone souligne qu’il faut d’abord s'assurer de la motivation des joueurs avant de les convoquer en sélection et plaide pour la nomination d’un entraîneur leader dans l’âme, compétiteur et avec une forte personnalité.

«Le football national est victime de l’à-peu-près»

Le Matin : Que vous inspire la situation actuelle de l’équipe nationale toujours sans entraîneur à seulement dix mois de la Coupe d’Afrique des nations 2015 prévue au Maroc ?
Mustapha Hadji : Cela fait plus d’un an qu’on n’a pas d’équipe nationale. Celle-ci ne s’est pas réunie depuis de longue date. Elle n’a pas disputé le moindre match amical. Ce n’est pas de cette façon qu’on prépare la Coupe d’Afrique des nations. La préparation d’un événement de cette envergure nécessite un travail de grande haleine. Je suis frustré de voir la situation actuelle du Onze national. On a l’impression que les gens qui gèrent le football au Maroc se foutent des Marocains. Je ne sais pas pourquoi on se met tout seul en danger alors que le Maroc a toutes les qualités et les moyens qu’il faut pour remporter la Coupe d’Afrique à domicile et offrir une immense joie aux Marocains. Je n’ai pas de mots pour décrire ma déception. Le football est le sport numéro 1 au Maroc. C’est le moteur même de la société. Actuellement, ce moteur est en panne. Et rien n’est fait pour le remettre en marche. Les gens attendent les victoires de la sélection nationale pour oublier leur souci du quotidien. Mais ceux qui président aux destinées du ballon rond s’amusent à tirer les ficelles et à défendre leurs propres intérêts. Preuve en est le spectacle honteux offert au monde entier lors de la dernière assemblée générale de la FRMF. Pour être dirigeant, il faut avoir de la passion et du cœur. Il faut penser au pays et non pas à ses propres intérêts.

Que pensez-vous de la solution de l’entraîneur intérimaire ?
C’est une solution à l’image du football national en général qui manque de visibilité et qui est géré au jour le jour. Le football national est victime de l’à-peu-près. Résultat de tout cela, on ramasse des miettes, alors qu’avec les qualités et les moyens qu’on a, on doit figurer dans le top 3 de l’Afrique. Je n’aime pas critiquer les gens, mais lorsqu’on voit ce qui se passe actuellement, on ne peut pas être optimiste. L’optimisme vient du travail. Pour revenir à votre question, l’équipe nationale a besoin de matchs amicaux. C’est bien d’avoir programmé cette rencontre contre le Gabon parce que les joueurs ont besoin de se retrouver ensemble et de jouer des matchs. On ne peut pas attendre encore trois mois et la nomination d’un futur entraîneur pour programmer un match amical. Si on devrait attendre encore trois mois, il vaut mieux ne pas se présenter à la Coupe d’Afrique. Je pense qu’il faudra laisser le football aux gens de terrain.
Quand je regarde les grandes nations de football, il y a toujours d'anciens joueurs dans leur encadrement technique. Ces derniers orientent et encadrent les joueurs. Le futur président doit être entouré des gens de terrain.

L’ancien bureau fédéral comprenait l’ancien international Noureddine Naybet, pourtant le résultat est le même ?
Je ne peux pas vous répondre pour la simple raison que je ne sais pas exactement son rôle dans le bureau fédéral. Je ne sais pas s’il a participé à la prise de décision ou pas. Je ne sais pas si on lui avait donné le pouvoir ou pas. Mais je dis et redis qu’il faut des hommes de terrain au sein de la sélection nationale et auprès du futur président.

Quel est le profil d’entraîneur dont a besoin actuellement l’équipe nationale ?
Je pense qu’il faudra engager un entraîneur leader et compétitif. Quelqu’un capable de taper du poing sur la table. Quelqu’un que les joueurs respectent. Si ces derniers aiment l’entraîneur, ils se surpassent. Ils se dépensent à fond. C’est le cas des entraîneurs comme Jose Mourinho ou Pep Guardiola. Il nous faut quelqu’un qui peut regarder droit dans les yeux les joueurs en leur disant : «Voilà ce que j’attends de vous». Pour cela, il nous faut quelqu’un qui a une forte personnalité.

Ces derniers jours, le nom d'Hervé Renard est véhiculé avec insistance, est-ce qu’il remplit les critères que vous avez annoncés ci-dessus ?
Je ne sais pas. C’est vrai qu’il a gagné la Coupe d’Afrique avec la Zambie, mais il est en difficulté actuellement avec Sochaux en Ligue 1. Le fait d’avoir réussi avec la Zambie ne garantirait pas qu’il aille aussi réussir avec le Maroc.

On parle du retour à la sélection de la vieille garde comme Adel Taarabt, Marouane Chamakh et d’autres, que pensez-vous de ce retour ?
Ce sont des joueurs de qualité qui peuvent apporter un plus à la sélection, mais il faut connaître leur motivation et leur ambition avec l’équipe nationale. S’ils sont motivés et ambitieux, il faut les convoquer ; sinon, ce n’est pas la peine. Quoique talentueux, le joueur, s’il n’est pas motivé et ambitieux, ne vaut rien. Il faut leur faire comprendre que porter le maillot de l’équipe nationale est un honneur et une fierté et leur dire qu’on ne va pas en équipe nationale comme si on va dans le souk de Jamaa El Fna. Tout ça passe par la communication.

Accepteriez-vous de jouer un rôle au sein du staff technique national si on faisait appel à vous ?
Je suis un amoureux de l’équipe nationale. Je la porte dans mes tripes. C’est un honneur pour moi de la servir de nouveau si on fait appel à moi.
C’est une responsabilité beaucoup plus importante que quand j’ai été joueur. Être dans le staff technique, c’est faire en sorte que tout soit bien pour que les joueurs soient dans de meilleures conditions afin de pouvoir se donner à fond sur le terrain : les conseiller et les encadrer. Si on fait appel à moi, je viendrais à vélo.

Est-ce que vous pouvez jouer ce rôle si on vous sollicite ?
Oui je le peux. Je suis un fils d’immigré. Les joueurs marocains issus de l’immigration ont une autre mentalité.
Il faut savoir les motiver et les attirer avec des arguments et leur faire comprendre que porter le maillot des Lions de l’Atlas est avant tout un honneur et une fierté.

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