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«Le Maroc est notre porte d’entrée en Afrique»

L’Organisation japonaise du commerce extérieur vient d’ouvrir son premier bureau d’Afrique du Nord à Rabat. Sa mission est très claire : booster les échanges commerciaux bilatéraux et développer les investissements japonais dans le Royaume.

«Le Maroc est notre porte d’entrée en Afrique»
Pour Hiroyuki Ishige, président de Jetro, le retard pris dans le développement des échanges commerciaux et des investissements directs doit être rattrapé.

Le Japon est le deuxième investisseur dans le monde. À lui seul, le pays du Soleil Levant a investi près de 123 milliards de dollars sur les 5 continents, selon le rapport 2013 sur l'investissement dans le monde de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). L’Afrique n’attire cependant que 0,6% de ces flux, dont seulement 1,4% parviennent au Maroc. Et malgré la multiplication par 7 des investissements directs étrangers au Maroc sur la dernière décennie, la part du Japon est restée très faible. Pourtant, le Royaume offre un accès en libre-échange à un marché de plus d’un milliard de consommateurs, soit 60% du PIB mondial, grâce aux ALE conclus avec 55 pays. Le Maroc permet aussi d’accéder à un marché africain de 750 millions de consommateurs, à travers les 50 entreprises marocaines installées dans 30 pays. Ce marché devrait s’étendre davantage dès la signature des premiers accords de libre-échange avec des pays africains. Un potentiel que les entreprises japonaises veulent exploiter. L’ouverture le 18 décembre du bureau à Rabat de l’Organisation japonaise du commerce extérieur (Jetro), ainsi que la signature d'un mémorandum d'entente entre l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI), Jetro et Maroc Export en sont la preuve. Les explications de Hiroyuki Ishige, président de Jetro au Japon.

Le Matin : Vous venez d'inaugurer votre premier bureau maghrébin à Rabat. Pourquoi le Maroc ?
Kiroyuki Ishige : Jetro a participé à la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD V), qui s’est tenue à Yokohama du 1er au 3 juin 2013. À l’époque, Jetro disposait de cinq bureaux en Afrique. Lors de ce forum, nous avons décidé de multiplier par deux le nombre de nos bureaux sur le continent africain. Nous nous sommes immédiatement posé la question de savoir quel pays allait accueillir le prochain bureau. Le Maroc nous a semblé un bon candidat pour plusieurs raisons. Il dispose d’abord d’une bonne infrastructure industrielle. Le PIB est aux alentours de 3.000 dollars par habitant. Ce qui veut dire une classe moyenne en développement. Le Maroc a également conclu plusieurs accords de libre-échange avec des pays de l’Europe et du Moyen-Orient. Et c’est aussi une porte d’entrée au continent africain. Les solides relations entre le gouvernement du Japon et le Maroc ont aussi milité pour ce choix.
Pour ouvrir un bureau Jetro dans un pays étranger, il faut également que la bonne volonté du gouvernement local soit au rendez-vous. À ce titre, je remercie le Chef du gouvernement et Abdelkader Amara, ministre du Commerce extérieur de l’époque, qui était très enthousiaste. Sans oublier l’ambassadeur du Maroc au Japon, qui était impatient de voir un bureau Jetro au Maroc et me relançait régulièrement à ce propos.

Quels sont les objectifs de Jetro Rabat ?
Notre bureau de Rabat a deux objectifs principaux : augmenter les échanges commerciaux et développer les investissements du Japon au Maroc. Concrètement, pour y arriver, notre travail sera d’offrir des opportunités à nos entreprises afin de trouver les bons partenaires locaux et de les alimenter en informations nécessaires à la réussite de leurs projets. C’est ce que l’on appelle le «Business matching». Car l’idée est que les entreprises des deux pays travaillent ensemble. Les investissements japonais au Maroc ainsi que les échanges commerciaux entre les deux pays auraient dû évoluer davantage depuis un bon moment. Il faut rattraper le temps perdu. Et c’est dans ce cadre que le mémorandum d'entente entre l'AMDI, Jetro et Maroc Export a été signé.

Quelle place occupe Jetro dans la coopération triangulaire Japon-Maroc-Afrique soutenue par la Jica, l'agence japonaise de coopération internationale ?
La Jica a pour mission d’aider au développement économique des pays africains. Elle soutient les gouvernements et les institutions des pays dans lesquels elle opère. Jetro est plus «business oriented», car notre premier rôle est de favoriser les opportunités d’affaires. Les objectifs des deux entités se rejoignent. Mais les fronts d’action sont différents.
Les entreprises japonaises orientent désormais leurs efforts vers le continent africain. Même si elles ont de bons produits et services, elles n’ont cependant pas une assez bonne connaissance du marché africain et leurs réseaux ne sont pas assez solides pour s’y introduire. Les entreprises marocaines sont au contraire bien avancées sur ce point. Le Maroc est notre porte d’entrée en Afrique en général, et en Afrique francophone en particulier.

Quels sont les secteurs et les marchés que les entreprises japonaises souhaitent donc atteindre ?
Lorsque nous examinons les perspectives du secteur de l’automobile en Europe, nous en déduisons qu’au fur et à mesure que ce marché se développe, le nombre d’assembleurs automobiles en Europe devient insuffisant. Aujourd’hui, il y a des constructeurs automobiles qui veulent faire cet assemblage au Maroc. C’est pourquoi le secteur des équipements automobiles intéresse les entreprises japonaises. Quelques-unes d’entre elles sont déjà installées au Maroc.
Ensuite, nos entreprises s’intéressent aux projets des grandes infrastructures comme les centrales à charbon et le gaz naturel liquéfié où elles ont développé un savoir-faire pointu. Puis les biens de consommation.
Les produits «Cool Japan» commencent à être connus à travers le monde et sont destinés à la classe moyenne. Dans l’agroalimentaire, par exemple, les nouilles sèches sont une référence. Nous sommes certains que la demande sur ces produits sera au rendez-vous au Maroc et, à travers lui, en Afrique.

À terme, quelle sera la présence des entreprises japonaises au Maroc ?
Le nombre d’entreprises japonaises installées au Maroc a triplé en 6 ans. Aujourd’hui, elles sont au nombre de 35. Mais ce sont de grandes structures. L’une d’entre elles possède sept usines et emploie 15.000 personnes. Au Maroc, le potentiel est réel. Il serait intéressant d’atteindre 200 à 300 entreprises sur les 10 prochaines années. À titre d’exemple, il y a 190 entreprises japonaises en Turquie et 300 à Dubaï. Avec l’effort du gouvernement marocain, l’objectif sera atteint. 

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