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Pour une politique culturelle citoyenne et participative

Parallèlement au premier Salon de la musique Visa For Music, du 12 au 15 novembre, un autre grand événement a eu lieu à la Bibliothèque nationale, à l’initiative de «Racines», association marocaine pour la culture et le développement au Maroc et en Afrique, présidée par Aadel Essadani. Un événement qui a fait partie du programme des «États généraux de la culture au Maroc», accompagnés par la Fondation Attijariwafa bank.

Pour une politique culturelle citoyenne et participative
Un état des lieux de la culture et une carte culturelle du pays s’imposent, aujourd’hui.

L’objectif était de mettre en place un plan d’action national pour la culture, pour qu’elle puisse être un générateur de richesse économique. Puis d’en faire un véritable levier de développement économique. Plusieurs intervenants ont proposé des stratégies de croissance pour un secteur culturel dynamique et créateur d’emplois. Le ministre de la Culture, Ahmed Amine Sbihi, a souligné dans ce contexte que «malgré notre richesse culturelle, notre créativité artistique et la diversité de notre patrimoine, nous restons limités dans une vision de la culture comme espace de création de valeurs et d’identité. Nous ne prenons pas en compte l’impact économique de la créativité culturelle et son rôle dans le développement. Ce qui explique la faiblesse de notre industrie culturelle». Dans la foulée des interventions pour mettre en exergue l’état actuel de la culture au Maroc, celle du professeur et écrivain Ahmed Massaïa a été on ne peut plus révélatrice d’une vérité amère : celle de l’absence d’une stratégie de politique culturelle globale. «Les ministres qui se sont succédé à la tête du département de la Culture ont, certes, élaboré des projets et mené plusieurs actions qui ont favorisé le développement culturel au Maroc, mais l’élaboration d’une stratégie de politique culturelle globale fait encore défaut». Selon M. Massaïa, un état des lieux de la culture et une carte culturelle du pays s’imposent, aujourd’hui, en vue de mener une réflexion et d’établir d’une politique culturelle empreinte de citoyenneté afin que la culture puisse participer à une véritable démocratisation. «Le ministère doit favoriser un consensus autour de la culture qui fasse participer tout le monde à l’élaboration de cette stratégie culturelle globale. En fait, culture et citoyenneté ne font pas encore bon ménage, alors que la culture est un droit. La culture, comme la définit la déclaration des droits culturels n’est pas une valeur qui s’ajouterait à des besoins primaires. Elle est une composante essentielle de toutes les activités et de tous les droits de l’Homme. La culture constitue la source de toute identification personnelle et commune».

Ahmed Massaïa poursuit son intervention en précisant qu’une politique culturelle citoyenne doit veiller à ce que socialisation et politique culturelle aillent de pair. «Elle doit être démocratisée afin qu’elle soit accessible à tous, au même titre que la santé, l’éducation, le sport ou l’habitat. Elle doit participer au développement économique et social de la société et, par conséquent, à l’épanouissement du citoyen. Ainsi, culture et citoyenneté nécessitent la mise en place d’une véritable plateforme culturelle pour que l’action politique dans ce domaine puisse répondre aux dispositions de la nouvelle Constitution dont l’article premier recommande clairement une “démocratie citoyenne et participative”, basée sur “une organisation territoriale décentralisée” et fondée sur une “régionalisation avancée”.

Une Constitution où le volet culturel aurait une part non négligeable dans la gestion locale pour faire de la culture un acte de citoyenneté», explique-t-il. Et d’ajouter que, bien entendu, la culture est faite par les intellectuels et les créateurs de tous bords, par leur investissement effectif au sein de la cité. Ceux-ci ont, hélas, démissionné de leur rôle de véritables générateurs d’idées et de créateurs de débats au sein de la société. De même, le développement de la culture dépend aussi des citoyens, du public, qui ne participent pas ou peu au développement culturel par la fréquentation des lieux de culture. «Seulement, il faut le dire, ni les uns ni les autres n’ont le pouvoir ni l’opportunité d’assumer ces rôles ; de créer une véritable dynamique culturelle à l’échelon national et international. Car ils sont souvent ignorés pour ne pas dire marginalisés».

La responsabilité incombe, selon Massaïa, au ministère de la Culture, mais aussi au secteur privé et à tous les autres départements ministériels qui utilisent la culture dans leur politique de développement. «Pour cela, le ministère doit demander plus de moyens et convaincre ses partenaires de participer au projet sociétal par le moyen de la culture. Comme il a besoin aussi d’un développement endogène pour mener à bien sa mission».
C’est là où s’impose une politique culturelle citoyenne et participative susceptible d’engager le pays sur la voie d'une démocratisation culturelle. Toute politique culturelle citoyenne doit d’abord assurer le maillage du pays en infrastructures culturelles de base. Ahmed Massaïa ne nie pas les efforts considérables entrepris à ce niveau, notamment en ce qui concerne les théâtres, les maisons de culture, les musées, les bibliothèques et les autres lieux, soit dans le cadre de l’INDH, soit par le moyen de la coopération internationale. Néanmoins, il faudrait réfléchir à leur fonction réelle au sein de la cité ainsi qu'à leur qualité et leur taille. 

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