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Les économistes istiqlaliens jugent douze ans de politique économique

L’Alliance des économistes istiqlaliens vient de présenter une étude comparative des bilans économiques des trois gouvernements Jettou, El Fassi et Benkirane.

Les économistes istiqlaliens jugent douze ans de politique économique
Adil Douiri, président de l’Alliance des économistes istiqlaliens, reconnait que des ministres de l’équipe Benkirane «sont bons». Ph. AIC Press

Analyser les bilans économiques de trois gouvernements successifs. Tel est l’exercice auquel se sont livrés les membres de l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI). Un exercice périlleux, où les frontières entre l’objectivité scientifique et les intérêts politiques sont très minces. Adil Douiri, président de l’Alliance, s’est tout de même voulu objectif, mercredi 23 juillet à Casablanca, lors de la présentation des résultats de l’étude de l’AEI. «Au terme de bientôt trois ans de gouvernement Benkirane, et devant la nette dégradation de la situation économique, l’Alliance des économistes istiqlaliens a souhaité se pencher sur les douze dernières années de politique économique du Royaume», a-t-il souligné.

L’étude s’est intéressée à quatre grands pans de l’économie, à savoir la croissance du PIB, les échanges extérieurs, la gestion du budget de l’État et l’emploi. Elle a concerné les gouvernements de Driss Jettou (2002-2007), de Abbas El Fassi (2007-2011) et de Abdelilah Benkirane (qui est à mi-mandat). Pour Adil Douiri, ces trois équipes gouvernementales ont bénéficié de conjonctures économiques mondiales différentes. «Mais elles ont surtout adopté, consciemment ou inconsciemment, des stratégies économiques totalement différentes, qui ont produit des résultats pour le moins inégaux», a-t-il précisé.

Pas de «stratégie claire» pour Benkirane

À coups de chiffres et de graphiques, l’ex-ministre du Tourisme sous le gouvernement Jettou s’est ainsi livré à des commentaires comparatifs entre les trois mandats. Et c’est le gouvernement de Driss Jettou qui semble, selon les conclusions de l’étude, avoir gagné les bons scores. L’équipe Jettou s’est en effet basée sur trois leviers principaux pour booster la croissance, à savoir la forte relance du secteur des travaux publics, l’installation d’une «révolution» dans le rythme de production du logement et l’accroissement rapide du nombre d’unités privées de production de biens ou de services dans 5 à 6 activités clés (tourisme, offshoring, automobile…). Ce gouvernement a aussi doublé le budget public d’investissement et a conclu son mandat avec un excédent budgétaire.

Quant au gouvernement El Fassi, il aurait poursuivi, selon l’AEI, l’effort de dépenses en infrastructures et la mise en œuvre des stratégies sectorielles. L’Alliance fait remarquer toutefois que ce gouvernement a subi le choc pétrolier de 2007-2008 et a dû composer avec l’effondrement de la demande chez nos pays clients (2008-2009). Mais en somme, l’Alliance a été particulièrement critique vis-à-vis du gouvernement Benkirane. «Deux ans et demi après sa nomination, le gouvernement actuel doit faire ses choix. Aucune stratégie cohérente de croissance n’a été présentée», estime l’AEI.

Le Maroc a perdu 2,5 points de croissance sous ce gouvernement, soit un «retour au minimum naturel des années 90». En cause, la perte de confiance en termes économiques (attentisme des entreprises et du consommateur) et la réduction du budget d’investissement de l’État. Pourtant, l’équipe Benkirane bénéficie d’une conjoncture extérieure meilleure avec la baisse des prix des produits pétroliers et des produits alimentaires ainsi que la reprise de la demande extérieure adressée au Maroc.
Lors de son intervention, Adil Douiri reconnait que des ministres de l’équipe Benkirane «sont bons» et poursuivent leurs efforts. «Mais avec un rendement handicapé par l’absence de pilotage global de l’économie par le gouvernement et l’absence de chef d’orchestre économique».
Quant à la décision d’indexer les prix de carburants et la volonté du gouvernement actuel de corriger le déficit des caisses de retraite, ils ne sont pas considérés comme une stratégique en soi, selon l’Alliance. Pour Adil Douiri, il est clair qu’en l’absence de stratégie simple et claire, la croissance ne repartira pas et le chômage poursuivra sa progression. 

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